Obésité infantile « Il n’y a plus de temps à perdre ! »

Combattre l’épidémie d’obésité infantile : une approche de santé publique

L’obésité infantile est l’un des plus préoccupants problèmes médicaux et de santé publique aux Etats Unis. Les prévalences de surpoids et d’obésité infantiles ont triplé au cours des 30 dernières années. Les conséquences médicales et les dépenses de santé qui y sont liées sont évidentes. Pour la première fois, on commence à diagnostiquer le diabète de type 2 lié au poids chez les jeunes.

L’article qui suit offre un panorama des tendances actuelles et des initiatives des professionnels médicaux et de santé publique pour trouver des traitements efficaces et des moyens de prévention de l’obésité infantile.

L’efficacité des thérapies comportementales au sein de la famille

Une revue récente de littérature Cochrane (médecine fondée sur les preuves) sur les traitements de l’obésité chez l’enfant a examiné l’efficacité des programmes au sein des communautés, des écoles et des cliniques (y compris les interventions sur l’hygiène de vie et les traitements pharmacologiques et chirurgicaux) 1.

La majorité des interventions sur l’hygiène de vie se focalisait sur les thérapies comportementales ; d’autres portaient sur l’activité physique, la réduction de la sédentarité et les modifications alimentaires. Les thérapies comportementales ciblaient typiquement les modifications de l’alimentation et de l’activité physique chez l’enfant obèse, en travaillant avec les parents pour restructurer l’alimentation à la maison.

Ces programmes ont un impact positif sur la famille pour promouvoir et renforcer les comportements alimentaires et l’activité physique. Ils offrent également des conseils à la fois aux parents et à leurs enfants obèses. Après 6 mois de suivi, chez les enfants âgés de moins de 12 ans, les programmes ciblant la famille ont plus fait diminuer l’IMC que les soins classiques; les différences n’étaient pas claires après 12 mois de suivi. Chez les adolescents, ces programmes auraient été plus efficaces que les soins classiques après 6 mois et après 12 mois. Certains médicaments (orlistat, sibutramine) associés aux interventions sur l’hygiène de vie étaient associés à des pertes de poids significatives chez les adolescents. Des effets indésirables comme des douleurs abdominales, des calculs biliaires et de l’hypertension ont été également constatés.

Ces études, bien que montrant un effet bénéfique des thérapies comportementales en milieu familial, avaient cependant certaines limites : le nombre de participants était limité et peu de publications ont évalué l’efficacité de ces thérapies chez les enfants non caucasiens.

Modifier les aliments disponibles à l’école

La grande majorité des enfants passe au moins 6 heures par jour, 5 jours par semaine, à l’école. Les écoles et autres institutions municipales travaillant auprès des enfants jouent un rôle important dans la prévention de l’obésité infantile. Les recherches en éducation de la santé ont montré que les connaissances seules n’entraînaient pas de changements de comportement. Les choix comportementaux s’effectuent dans le contexte des options observées par les enfants dans leur environnement et des comportements des autres personnes présentes dans cet environnement. Les interventions devraient cibler les modifications des environnements physiques et sociaux comme, par exemple, modifier les aliments disponibles à l’école, multiplier les choix d’activités physiques et récompenser les choix sains.

Les initiatives de santé publique pour prévenir l’obésité infantile

Aux Etats Unis, il existe de nombreuses initiatives de la part du gouvernement fédéral et des institutions non gouvernementales afin de développer des solutions pour réduire l’obésité infantile. Au niveau fédéral, des recommandations pour réduire le risque d’obésité infantile ont été émises par les Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC – Centers for Disease Control and Prevention) ainsi que par la campagne de Michelle Obama « Bougeons » à destination des individus, des communautés, des organisations locales et des différents états américains. L’Académie Américaine de Pédiatrie et la Fondation Robert Wood Johnson sont deux exemples d’organisations non gouvernementales qui oeuvrent beaucoup à l’élaboration de stratégies de prévention de l’obésité infantile.

Les prochains défis de la santé publique

Le temps nous dira si ces initiatives de santé publique auront un véritable impact sur la prévalence de l’obésité infantile. D’après Flegal et ses collègues2, les dernières données de l’enquête nationale de santé et de nutrition NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) ne montrent pas de différences statistiquement significatives quant à la prévalence de l’obésité chez les femmes adultes entre 1999 et 2008. Chez les hommes, les prévalences semblent stables depuis 2003.

Le Système de Surveillance de Nutrition Pédiatrique (Pediatric Nutrition Surveillance System) n’a signalé aucune augmentation des taux d’obésité chez les enfants et les élèves entre 2005 et 2007. C’est bon signe, mais environ 2,7 millions d’enfants âgés de 2 à 19 ans ont atteint ou dépassé le 99ème percentile d’IMC en 2004 et près de 500 000 ont un IMC supérieur ou égal à 40 kg/m2. En particulier, chez les enfants dont les familles vivent en dessous du seuil de pauvreté, les taux d’obésité sévères ont triplé durant ces dernières décennies. A l’avenir, les défis consisteront à développer des traitements plus puissants pour ces jeunes qui ont des obésités sévères 3.

Les interventions médicales et de santé publique pour prévenir et traiter l’obésité infantile semblent avoir atteint leur vitesse de croisière. Il serait néanmoins naïf de croire que l’obésité infantile sera éradiquée de la même manière que les épidémies infectieuses du passé. Nous ne sommes pas plus sur le point de trouver le « traitement » de l’obésité que celui du cancer. Ces deux maladies sont très complexes et comportent des facteurs biologiques, comportementaux, psychologiques, sociaux et environnementaux difficiles à corriger. Les personnes qui œuvrent en santé publique doivent donc tout faire pour permettre à nos enfants d’atteindre le plus haut niveau possible de santé et de bien être.

Lytle (2012). Dealing with the childhood obesity epidemic: a public health approach. Abdom Imaging. 2012 Oct ; 37(5):719-724
  1. Oude Luttikhuis H, Baur L, Jansen H et al. (2009) Interventions for treating obesity in children. Cochrane Database Syst Rev, Issue 1, Art. No. CD001872.
  2. Flegal KM, Wei R, Ogden Cl, et al. (2009) Characterizing extreme values of body mass indexfor- age by using the 2000 Centers for Disease Control and Prevention Growth Charts. Am J Clin Nutr 90:1314-1320
  3. Skelton JA, Cook SR, Auinger O, et al. (2009) Prevalence and trends of severe obesity among US children and adolescents. Acad Pediatr 9(5):322-329
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