Obésité infantile « Il n’y a plus de temps à perdre ! »

Panorama des risques cardiovasculaires chez les enfants et les adolescents obèses

La prévalence mondiale du surpoids et de l’obésité infantile devrait atteindre 9,1% en 2020. L’obésité durant l’enfance et l’adolescence est associée avec des facteurs de risque avérés de maladies cardiovasculaires (MCV) comme l’hypertension artérielle, la dyslipidémie, l’hyperglycémie, le syndrome métabolique, le diabète de type II, des modifications structurelles et fonctionnelles du coeur et les troubles du sommeil.

La santé cardiovasculaire des enfants et des adolescents se dégrade en fonction de l’augmentation de l’Indice de Masse Corporelle (IMC). Au-dessus du seuil du 85ème percentile d’IMC, toute augmentation est associée à une dégradation dramatique de la santé cardiovasculaire et les facteurs de risque cardiovasculaires évoluent parallèlement au niveau d’IMC. Le développement des MCV athérosclérotiques débute dès l’enfance et évolue durant toute la vie future.

18% des enfants obèses hypertendus

De nombreuses études antérieures ont examiné et confirmé la relation entre l’obésité infantile et la pression artérielle (PA). Dans une large cohorte européenne multicentrique de 26 000 enfants, plus d’un tiers avait une PA élevée (>95ème percentile). Une étude récente, incluant 25 000 enfants scolarisés de 5 à 16 ans, a montré que 17% des enfants en surpoids et 18% des enfants obèses avaient des PA anormalement élevées ; contre seulement 10% chez les enfants de poids normal.

18% des enfants obèses présentent une insulinorésistance

Le syndrome métabolique est une constellation de diverses anomalies dont des taux élevés d’insuline, l’obésité, l’hypertension artérielle et des taux anormaux de lipides. Quel que soit le moment de la vie, le syndrome métabolique augmente le risque futur de maladies cardiovasculaires. A l’origine de ce syndrome, l’obésité entraînerait la production excessive d’insuline qui, à son tour, conduirait à une PA élevée et des taux anormaux de lipides sériques. Dans une enquête transversale récente menée chez des écoliers âgés de 12 à 17 ans, 37% des adolescents en surpoids et 12% de ceux à risque de surpoids répondaient aux critères du syndrome métabolique. En revanche, seuls 2% des enfants de poids normaux répondaient à ces critères.

L’insulinorésistance est un facteur de risque cardiovasculaire bien connu et fortement lié à l’obésité infantile. Une récente étude conduite chez des enfants et des adolescents obèses a montré qu’une insulinorésistance était présente chez 18% des enfants obèses pré-pubères (37% des garçons et 28% des filles) et pubères (62% des garçons et 67% des filles). L’insulinorésistance mène fréquemment au développement du diabète de type II. Une autre étude récente a rapporté que 2% des enfants obèses avaient un diabète de type II et 20% un pré-diabète (précurseur du diabète).

Dyslipidémie et accélération de l’athérosclérose

La dyslipidémie est fortement liée à l’obésité durant l’enfance et l’adolescence. Dans une étude récente chez 26 000 enfants en surpoids, les concentrations lipidiques sanguines étaient anormales chez 32% des enfants: le cholestérol total chez 14%, le LDLCholestérol chez 16%, le HDL-Cholestérol chez 11 % et les triglycérides chez 14%. Enfin, les autopsies pratiquées sur des enfants et des adolescents décédés de causes non cardiaques suggèrent une accélération du processus d’athérosclérose chez les enfants obèses.

Troubles respiratoires du sommeil

Il existe une association entre les troubles respiratoires du sommeil (TRS) et l’apnée obstructive du sommeil (AOS) et l’obésité infantile. Dans une étude récente, les chercheurs ont signalé que l’obésité infantile multipliait 4,7 fois le risque de TRS. Le risque de développer une AOS modérée augmentait de 12% pour chaque unité d’IMC au-dessus des valeurs moyennes des participants à l’étude. Le TRS et l’AOS sont tous les deux des facteurs de risques cardiovasculaires connus.

Ces données montrent que, parmi les facteurs de risques modifiables de MCV actuellement identifiés, l’obésité est le contributeur le plus important. C’est également l’un des facteurs les plus faciles à modifier. Dans la mesure du possible, il est important de profiter des périodes de l’enfance et de l’adolescence pour réduire les risques cardiovasculaires en diminuant le niveau d’obésité par des interventions ciblées (modifications de l’alimentation et de l’activité physique). Ainsi, en grande partie, l’excès de risque lié à l’obésité infantile pourrait être diminué en réduisant le poids par des interventions appropriées.

Manu Raj
Institut de Recherche en Santé des Populations (Population Health Research Institute (PHRI)) et Institut de Recherche David Braley sur les problèmes cardiaques et vasculaires (David Braley Cardiac, Vascular, and Stroke Research Institute (DBCVSRI)), Hamilton, Ontario, Canada.
Pour en savoir plus : Raj M. Obesity and cardiovascular risk in children and adolescents. Indian J Endocrinol Metab. 2012 Jan;16(1):13-9. (Review article) Raj M, Kumar RK. Obesity in children & adolescents. Indian J Med Res. 2010 Nov;132:598-607. (Review article)
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