Obésité infantile « Il n’y a plus de temps à perdre ! »

Prise en charge de l’hypertension artérielle chez les enfants

Dans la population pédiatrique l’hypertension artérielle est devenue un important problème médical au cours des trois dernières décennies, non seulement aux Etats Unis mais également en Asie, en Europe et en Amérique Latine.

L’obésité et d’autres facteurs d’hygiène de vie, comme l’inactivité physique, une alimentation riche en calories et en sel et les fast food seraient responsables de cette évolution. Aujourd’hui, l’hypertension artérielle infantile est considérée comme un facteur de risque significatif du développement de maladies cardiovasculaires à l’âge adulte.

Les facteurs de risques potentiels d’hypertension chez les enfants

L’analyse la plus exhaustive des facteurs de risques potentiels anthropométriques, prénataux, environnementaux et familiaux de l’hypertension a été effectuée récemment par Simmonetti et ses collègues 1 dans le cadre d’un programme de dépistage de 4236 enfants d’âge pré scolaire en Allemagne.

Corrélation entre la tension artérielle et l’IMC

La tension artérielle est significativement plus élevée chez les enfants obèses par rapport aux enfants de poids normal.

Facteurs de risque prénataux

Les enfants nés avant terme, ou de faible poids de naissance, présentent des PAs (systolique) significativement plus élevées que les enfants nés à terme ou pesant plus de 2500 g à la naissance.

Les enfants exposés au tabagisme maternel durant la grossesse ont des PAs plus élevées que les enfants de mères non fumeuses. Les enfants dont les mères ont été atteintes d’hypertension artérielle gravidique ont des PAs et PAd (diastolique) plus élevées.

Facteurs de risques parentaux et environnementaux

Les enfants dont les parents sont hypertendus présentent des PA plus élevées que les enfants de parents à PA normale. De même, les PA sont plus importantes chez les enfants de parents obèses par rapport aux enfants de parents à poids normal. Un faible niveau d’éducation parental est également associé de manière significative à des PAs plus élevées chez les enfants. Enfin, les enfants exposés au tabagisme parental au domicile ont des PAs et PAd plus élevées que les enfants sans exposition. Il existe une corrélation linéaire entre la consommation maternelle de cigarettes et la PAs des enfants.

Comment réduire la tension artérielle sans administrer de médicaments ?

En consommant des fruits plus de deux fois par jour

Damasceno et ses collègues 2 ont examiné les liens entre la PA et la consommation de fruits, de légumes et de jus de fruits, dans un échantillon aléatoire de 794 adolescents issus de 12 écoles privées du nord-est du Brésil.

Une consommation régulière de fruits – soit plus de deux fruits par jour – s’associe à des PAs et PAd plus basses, alors que la consommation de légumes n’est associée de manière significative qu’avec des PAs plus basses.

Les relations entre les facteurs de risque liés au style de vie des enfants et la vitesse de propagation de l’onde de pouls (VPOP) à l’âge adulte ont été analysées chez 1622 jeunes Finlandais, inscrits dans une étude des risques cardiovasculaires (the Cardiovascular Risk in Young Finns Study) et suivis pendant 27 ans 3.

Les résultats montrent qu’une moindre consommation de légumes représente un facteur prédictif indépendant d’une VPOP élevée chez les adultes après ajustement pour l’hygiène de vie ou les risques classiques. Le nombre de facteurs de risques liés au style de vie durant l’enfance (quintiles inférieurs pour la consommation de légumes de fruits, activité physique, tabagisme) est directement lié la VPOP chez les adultes. Ces résultats suggèrent que les facteurs de risque de style de vie durant la vie, en particulier la faible consommation de fruits et légumes, sont liés à la perte d’élasticité artérielle chez les jeunes adultes.

En intégrant une activité physique d’intensité modérée dans la vie quotidienne

Une étude réalisée chez des adolescents grecs de 12 à 17 ans a analysé les données recueillies sur la fréquence et la durée de leurs activités physiques et le temps passé en activités sédentaires 4. Comme attendu, les fréquences cardiaques étaient significativement plus basses lorsque le niveau d’activité physique était plus haut. Une activité physique intense était cependant associée à des PAs et à des pressions différentielles artérielles (correspondant à la différence PAs-PAd) plus élevées. Les auteurs ont finalement conclu que l’activité physique devait être pratiquée de manière modérée au quotidien.

Maggio et ses collègues 5 ont effectué une étude de suivi chez 20 jeunes adolescents participant à un essai randomisé et contrôlé analysant l’impact de l’activité physique sur les facteurs de risques cardiovasculaires. Ces auteurs ont montré que, même deux ans après la fin de l’essai, la baisse de la PA se maintenait. De plus, l’épaisseur intima média artérielle, les z-scores de l’IMC et la masse grasse demeuraient stables deux ans après la fin du programme d’activité physique. Ces résultats étaient plus marqués chez les patients dont l’IMC avait diminué durant le programme d’exercice physique.


POINTS CLÉS

  • L’hypertension artérielle primitive peut se développer chez les enfants d’âge préscolaire.
  • L’hypertension est souvent méconnue chez les enfants.
  • L’épidémie d’obésité et l’inactivité physique sont des causes majeures d’hypertension artérielle (HTA).
  • L’association de modifications du style de vie – consommation accrue de fruits et légumes et pratique régulière d’une activité physique – et d’un traitement médicamenteux peuvent réduire les dommages causés aux différents organes par l’HTA chez les enfants.
Mark M. Mitsnefes
Division de Néphrologie et d’Hypertension, Centre Médical pour Enfants de Cincinnati, Cincinnati, Ohio, Etats-Unis
  1. Simonetti GD, Schwertz R, Klett M, et al. Determinants of blood pressure in preschool children: the role of parental smoking. Circulation 2011; 123:292– 298.
  2. Damasceno MM, de Araujo MF, de Freitas RW, et al. The association between blood pressure in adolescents and the consumption of fruits, vegetables and fruit juice: an exploratory study. J Clin Nurs 2011; 20:1553–1560.
  3. Aatola H, Koivistoinen T, Hutri-Kahonen N, et al. Lifetime fruit and vegetable consumption and arterial pulse wave velocity in adulthood: the Cardiovascular Risk in Young Finns Study. Circulation 2010; 122:2521–2528.
  4. Tsioufis C, Kyvelou S, Tsiachris D, et al. Relation between physical activity and blood pressure levels in youngGreek adolescents: the Leontio Lyceum Study. Eur J Public Health 2011; 21:63–68.
  5. Maggio AB, Aggoun Y, Martin XE, et al. Long-term follow-up of cardiovascular risk factors after exercise training in obese children. Int J Pediatr Obes 2011;6:e603 e610.
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