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Consommation de fruits et légumes et contrôle du poids corporel : les preuves s’accumulent

L’obésité un problème mondial de santé publique

Dans les pays occidentaux, l’obésité atteint des proportions épidémiques et dans les pays en développement sa prévalence est en constante augmentation[1]. L’obésité, surtout l’obésité abdominale, représente un important facteur de risque pour les maladies chroniques sévères telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certains cancers[1]. Combattre cette épidémie est ainsi un objectif majeur de santé publique. Le surpoids et l’obésité sont principalement le résultat d’un déséquilibre au long terme entre les apports et les dépenses énergétiques. Malgré de nombreuses recherches, le rôle de certains macronutriments et aliments dans le développement de l’obésité n’est pas entièrement élucidé. Cet article résume brièvement les études sur la relation entre la consommation de fruits et légumes et le contrôle du poids corporel.

Comment les fruits et légumes pourraient-ils exercer des effets bénéfiques sur le contrôle du poids corporel ?

Les fruits et légumes sont caractérisés par leur faible densité énergétique en raison de leur forte teneur en eau et leur faible teneur en graisses. Des études fondamentales sur la satiété ont démontré qu’une augmentation de la teneur en eau des aliments entraînait une réduction de la densité énergétique, une sensation de satiété accrue et une diminution de la consommation énergétique au cours des repas suivants[2]. De plus, de nombreuses études ont montré que la consommation de fibres – présentes en grande quantité dans les fruits et légumes – augmente également la satiété et réduit la prise énergétique[3, 4].

Résultats des études d’intervention

De nombreuses études d’intervention ont examiné l’impact d’une forte consommation de fruits et légumes sur le contrôle du poids corporel. Les études d’intervention portant sur la satiété ont montré que l’ajout de fruits et de légumes dans l’alimentation, tout en réduisant sa densité énergétique, était associé à une satiété accrue, une diminution de la faim et une diminution de l’apport calorique[2].

Les essais d’intervention, ayant comme critère principal la modification du poids corporel, peuvent être divisés en deux groupes :
1) les études ayant comme objectif principal le maintien du poids corporel (souvent chez des sujets de poids normal)
2) celles sur la réduction du poids corporel (souvent chez des sujets obèses ou en surpoids).
Lors d’essais où l’on recommandait aux participants d’augmenter leur consommation de fruits et légumes, sans essayer de perdre du poids, la plupart des sujets n’ont pas pris de poids durant le suivi mais l’on souvent maintenu constant[2]. Lorsqu’en plus de la consommation accrue de fruits et légumes, la diminution de l’apport lipidique était également recommandée, un maintien prolongé du poids et même une perte de poids ont été observés[2].

Fruits et légumes : un bénéfice certain pour la réduction du poids

Des résultats similaires ont été obtenus lors d’études visant à la réduction pondérale dont le programme comportait une consommation accrue de fruits et légumes. Dans ces études, une augmentation de la consommation de fruits et légumes a été associée à une réduction du poids corporel et à son maintien[2]. Ces données sont confortées par des essais de réduction de poids corporel où l’on n’émettait aucune recommandation aux patients obèses mais où on leur apportait une alimentation à faible densité énergétique avec un fort contenu en fruits et légumes et un faible apport en graisses. Ces études ont également rapporté des réductions de poids substantielles chez les participants[2].

Prises dans leur ensemble, ces études d’intervention suggèrent que les fruits et légumes apportent un bénéfice dans le contrôle du poids corporel. Cependant, la plupart de ces études n’étaient pas conçues pour étudier spécifiquement les effets des fruits et légumes sur le contrôle du poids corporel, mais pour tester l’augmentation de leur apport au sein d’autres modifications alimentaires, comme la réduction de la teneur en lipides[2]. Des études d’intervention bien contrôlées, se focalisant sur l’impact d’une consommation accrue de fruits et légumes, tout en maintenant stables les autres composants alimentaires, sont nécessaires.

Que nous apprennent les études épidémiologiques ?

Plusieurs études épidémiologiques prospectives ont examiné la relation entre la consommation de fruits et légumes et la prise de poids. Dans l’Etude sur la Santé des Infirmières (Nurse’s Health Study)[5], les femmes ayant le plus augmenté leur consommation de fruits et légumes, durant la période de suivi de 12 ans, avaient un risque d’obésité (IMC ³ 30 kg/m2) réduit de 24 % par rapport aux femmes ayant le plus diminué leur consommation. De même, dans une large cohorte de presque 80 000 adultes d’origine caucasienne, on a mis en évidence une relation inverse entre la consommation de base de légumes, le changement d’IMC et le gain de tour de taille après 10 années[6].

Cependant, toutes les études prospectives n’ont pas détecté d’effet bénéfique des fruits et légumes sur le contrôle du poids corporel. Ainsi, deux études ont rapporté une relation inverse entre l’augmentation de la consommation de fruits durant la période de suivi et la prise de poids[7, 8], sans qu’aucune relation ne soit observée avec la consommation de légumes. De plus, deux autres études n’ont détecté aucune relation entre la consommation de fruits et légumes et la prise de poids subséquente[9, 10]. Ces études avaient cependant une portée limitée à cause de leur courte période de suivi[10] et de la petite taille de la population étudiée[7-9].

Des leçons pour les programmes de santé publique

Bien que les résultats ne soient pas entièrement concordants, les données provenant d’études fondamentales ainsi que d’études d’intervention et épidémiologiques suggèrent qu’une consommation accrue de fruits et légumes est bénéfique dans le contrôle du poids corporel. Des études supplémentaires bien contrôlées sont nécessaires pour confirmer ces résultats. Afin de combattre l’épidémie planétaire d’obésité, les programmes de santé publique devraient mettre l’accent sur une forte consommation de fruits et légumes dans le cadre général d’une hygiène de vie favorisant le bien-être et conjuguant une alimentation saine avec l’activité physique.

Janine Kröger
Département d’Épidémiologie moléculaire, Institut allemand de la nutrition humaine Potsdam-Rehbrücke, Nuthetal, ALLEMAGNE - Centre allemand de recherche sur le diabète (DZD), Munich-Neuherberg, ALLEMAGNE
  1. Kopelman, P.G., Obesity as a medical problem. Nature, 2000. 404(6778): 635-43.
  2. Rolls, B.J., J.A. Ello-Martin, B.C. Tohill, What can intervention studies tell us about the relationship between fruit and vegetable consumption and weight management? Nutr Rev, 2004; 62(1): 1-17.
  3. Howarth, N.C., E. Saltzman, S.B. Roberts, Dietary fiber and weight regulation. Nutr Rev. 2001;59(5): 129-39.
  4. Pereira, M.A., D.S. Ludwig, Dietary fiber and body-weight regulation. Observations and mechanisms. Pediatr Clin North Am. 2001; 48(4): 969-80.
  5. He, K., et al. Changes in intake of fruits and vegetables in relation to risk of obesity and weight gain among middle-aged women. Int J Obes Relat Metab Disord. 2004; 28(12): 1569-74.
  6. Kahn, H.S., et al. Stable behaviors associated with adults’ 10-year change in body mass index and likelihood of gain at the waist. Am J Public Health. 1997; 87(5): 747-54.
  7. Drapeau, V., et al. Modifications in food-group consumption are related to long-term body-weight changes. Am J Clin Nutr. 2004; 80(1): 29-37.
  8. Nooyens, A.C., et al., Effects of retirement on lifestyle in relation to changes in weight and waist circumference in Dutch men: a prospective study. Public Health Nutr. 2005; 8(8): 1266-74.
  9. Parker, D.R., et al. Dietary factors in relation to weight change among men and women from two southeastern New England communities. Int J Obes Relat Metab Disord. 1997; 21(2): 103-9.
  10. Schulz, M., et al. Food groups as predictors for short-term weight changes in men and women of the EPIC-Potsdam cohort. J Nutr, 2002. 132(6): 1335-40.
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