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Facteurs environnementaux et comportements obésogènes chez les jeunes

L’augmentation rapide de la prévalence de surpoids et d’obésité chez les enfants et les adolescents les désignent comme des cibles importantes de prévention. La promotion d’habitudes alimentaires saines devrait contribuer à prévenir la survenue du surpoids et de l’obésité. Afin de prévenir efficacement ou de modifier les habitudes alimentaires obésogènes, il est essentiel de bien comprendre les facteurs qui déterminent ces comportements.

L’intérêt récent pour les facteurs environnementaux

Jusqu’à présent, la recherche sur les déterminants de la prise alimentaire chez les jeunes s’est surtout focalisée sur les facteurs individuels, comme les attitudes et les influences sociales. Récemment, l’attention s’est recentrée sur les facteurs environnementaux. Un élément moteur important dans l’augmentation de la prévalence de l’obésité serait un environnement qui encouragerait la consommation d’aliments et découragerait l’activité physique[1,2]. Les comportements alimentaires chez l’enfant et l’adolescent sont probablement fortement influencés par des facteurs environnementaux. Les parents décident quelles sortes d’aliments offrir à leurs enfants[3]. Les adolescents étant plus autonomes, cela entraîne des changements sociaux, comportementaux et environnementaux. L’alimentation scolaire peut avoir un impact très important sur les choix alimentaires chez les adolescents[4-6].

Des combinaisons dans divers environnements

L’environnement peut être défini comme “tout ce qui est en dehors de la personne”. On peut distinguer différents types de facteurs environnementaux comme les facteurs physiques (urbanisation, disponibilité des aliments), socioculturels (influences sociales), économiques (revenus du foyer) et politiques (lois et réglementations). Ces facteurs peuvent se combiner dans divers environnements : des micro-environnements où des groupes de personnes se rencontrent (à la maison, à l’école ou au restaurant) ou des macro-environnements, englobant de plus larges structures pouvant soutenir ou contrecarrer certains comportements (aménagement urbain, politique de transports publics). Par exemple, la disponibilité de légumes (facteur physique) peut jouer un rôle important dans divers micro-environnements: disponibilité des légumes à la maison ou sur les menus aux restaurants[7]. Actuellement, on ne connaît guère de facteurs environnementaux pouvant être associés à des comportements alimentaires obésogènes.

Une revue exhaustive de la Littérature

En 2005 nous avons systématiquement passé en revue toutes les publications traitant des facteurs environnementaux associés à la consommation d’énergie, de graisses, de fruits, de légumes, de collations, de restauration rapide et des boissons sucrées chez les enfants et les adolescents[8]. Les études publiées entre janvier 1980 et décembre 2004 ont été extraites de quatre bases de données différentes.
Au final, 58 articles ont été inclus. Ces études étaient surtout transversales (n=55) et décrivaient le plus souvent les facteurs environnementaux déterminant la consommation de fruits et légumes (n=34).

Les facteurs les plus minutieusement examinés étaient surtout les facteurs environnementaux socioculturels et économiques : la consommation des parents, la disponibilité et l’accessibilité des fruits et légumes, l’éducation parentale. Quant aux graisses et aux fruits et légumes, notre revue a prouvé l’existence d’une association positive :
• entre la consommation des parents et celles des enfants,
• entre la consommation des parents et de la fratrie et celle des adolescents,
• entre le niveau d’éducation des parents et la consommation de fruits et légumes par les adolescents.

Ces résultats ont été retrouvés dans de nombreuses études. Chez les enfants, la relation entre la disponibilité et l’accessibilité des fruits et légumes et leur consommation était moins claire. Une association positive a été trouvée, cependant, la taille de l’échantillon ayant trouvé une association dépassait de peu celle n’ayant pas trouvé d’association. Une association positive a été retrouvée entre l’accessibilité des fruits et légumes et leur consommation chez les enfants de manière moins répétée.

Une interprétation encore difficile

Cette revue a fourni les preuves d’une association entre des facteurs environnementaux et les prises alimentaires. Ces résultats sont cependant difficiles à interpréter, compte tenu des limites importantes des données existantes. La plupart des études étaient transversales, ce qui rend difficile l’attribution d’une relation causale. Un autre facteur limitant était que peu d‘études avaient été conduites sur la même combinaison facteur environnemental/comportement alimentaire. Il est nécessaire de dupliquer ces études afin d’étayer l’existence d’associations.

Bien que cette revue montre l’existence d’associations, d’importantes lacunes persistent dans la compréhension de l’impact de facteurs environnementaux sur les comportements alimentaires. Par exemple, très peu d’études sur l’impact des facteurs physiques ou politiques ont été retrouvées. Une raison majeure serait que les publications sont en cours. En effet, l’importance du rôle de l’environnement physique vient juste d’émerger comme sujet de recherche.

Des pistes de réflexion

Les interventions devraient prendre en compte le comportement des parents. Ceux-ci devraient être fortement encouragés à donner le bon exemple, surtout lorsqu’il s‘agit de la consommation de fruits et légumes. La promotion des fruits et légumes devrait se focaliser sur les adolescents dont les parents ont un faible niveau d’éducation.

En outre, des facteurs comme la disponibilité et l’accessibilité des aliments à la maison, à l’école et dans le quartier, devraient être étudiés en relation avec la consommation d’énergie, de graisses, de boissons sucrées, de collations et de produits de la restauration rapide. Des études longitudinales et des études comportant des mesures objectives de l’environnement physique sont nécessaires afin d’élucider les déterminants environnementaux des comportements obésogènes.

Klazine van der Horst
Institut pour les Décisions Environnementales de l’ETH Zürich (Institute for Environmental Decisions - IED - ETH Zurich), Universitätstrasse 16, Zurich, SUISSE & Nestec Ltd, Centre de Recherche Nestlé, Département des interactions Aliments Consommateurs, Lausanne, SUISSE
  1. French SA, Story M, Jeffery RW: Environmental influences on eating and physical activity. Annu Rev Public Health. 2001; 22:309-335.
  2. Swinburn BA, Caterson I, Seidell JC, James WP: Diet, nutrition and the prevention of excess weight gain and obesity. Public Health Nutr. 2004; 7(1A):123-146.
  3. Patrick H, Nicklas TA: A review of family and social determinants of children’s eating patterns and diet quality. J Am Coll Nutr. 2005; 24(2):83-92.
  4. Jenkins S, Horner SD: Barriers that influence eating behaviors in adolescents. J Pediatr Nurs. 2005; 20(4):258-267.
  5. Crockett SJ, Sims LS: Environmental-Influences on Childrens Eating. Journal of Nutrition Education. 1995;27(5):235-249.
  6. Story M, Neumark-Sztainer D, French S: Individual and environmental influences on adolescent eating behaviors. J Am Diet Assoc. 2002; 102(3 Suppl):S40-51.
  7. Swinburn B, Egger G, Raza F: Dissecting obesogenic environments: the development and application of a framework for identifying and prioritizing environmental interventions for obesity. Prev Med. 1999; 29(6 Pt 1):563-570.
  8. van der Horst K, Oenema A, Ferreira I, Wendel-Vos W, Giskes K, van Lenthe F, Brug J: A systematic review of environmental correlates of obesity-related dietary behaviors in youth. Health Educ Res Epub ahead of print.
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