Comment les fruits et légumes favorisent-ils la santé ?

Des fruits et légumes pour diminuer la CRP et le risque de syndrome métabolique

Le syndrome métabolique représente une constellation de facteurs de risques métaboliques et qui connaît une forte prévalence dans le monde1-3. Les sujets qui en sont atteints ont des risques accrus de morbidité et mortalité par maladies cardiovasculaires et diabète3,5. Les facteurs nutritionnels pouvant moduler ce syndrome ne sont pas encore clairement identifiés6-7. L’inflammation systémique qui lui est associée aisément mesurable par le taux plasmatique de protéine C réactive (CRP) – peut modifier l’évolution des maladies cardiovasculaires par divers mécanismes.

Une étude chez les enseignantes iraniennes

La consommation de fruits et légumes (F&L) peut réduire le risque de syndrome métabolique à travers l’apport bénéfique d’anti-oxydants, de fibres, potassium, magnésium et autres phytonutriments. Si les F&L sont clairement associés à un risque réduit de maladie coronarienne, les mécanismes sousjacents à cet effet protecteur ne sont pas encore clairement élucidés.

On sait par exemple, que la consommation de F&L peut réduire le risque de maladie coronarienne, en partie en diminuant la CRP. Pour tester ce mécanisme, nous avons donc mené une étude cas-témoin chez 486 enseignantes, âgées de 40 à 60 ans, résidant à Téhéran, afin d’évaluer l’association entre la consommation de F&L, les taux sanguins de CRP et la prévalence du syndrome métabolique.

Définition du syndrome métabolique

La consommation de F&L a été estimée par un questionnaire alimentaire validé. On a également mesuré les caractéristiques anthropométriques : poids, taille et tour de taille. La tension artérielle a été prise selon des méthodes standard. Les prélèvements sanguins ont été effectués à jeûn pour les tests biochimiques.

Le syndrome métabolique a été défini, chez la femme, comme il est d’usage, par la présence d’au moins 3 des 5 éléments suivants8:

  1. adiposité abdominale (tour de taille >88 cm)
  2. faible taux d’HDL-C sérique (<50 mg/dl)
  3. taux élevés de triglycérides sériques (≥150 mg/dl)
  4. tension artérielle élevée (≥130/85 mm de Hg)
  5. anomalie de la glycémie (glycémie à jeûn ≥110 mg/dl)

Une consommation de fruits et légumes inversement corrélée aux taux de CRP…

Les participantes ont rapporté une consommation moyenne de 228 ± 79 g/jour de fruits et de 186 ± 88 g/jour de légumes.

  • Les fruits les plus consommés étaient : les pommes, les melons cantaloups, les pastèques, les raisins et les bananes.
  • Les légumes les plus consommés étaient : les oignons, les tomates, les macédoines, les laitues les concombres et les haricots verts.

Globalement, les niveaux de consommation de F&L étaient inversement corrélés aux taux plasmatiques de CRP.

Ainsi :

  • Les personnes qui consommaient le plus de fruits montraient des plus faibles taux de CRP plasmatiques par rapport à celles ayant la consommation la plus faible (respectivement : 1,56 vs. 1,94 mg/L).
  • Cette relation inverse avec les taux de CRP s’observait également pour la consommation de légumes (1,47 vs. 2,03 mg/L).

Cette corrélation négative était statistiquement significative, même après contrôle des autres paramètres alimentaires.

… et à une moindre prévalence du syndrome métabolique

Comparées aux femmes les plus faibles consommatrices de F&L, celles ayant la plus forte consommation démontraient une moindre probabilité de développer un syndrome métabolique. Ainsi, chez celles qui consommaient le plus de fruits, la probabilité d’apparition du syndrome métabolique était réduite de 34% et, pour la consommation de légumes, elle diminuait de 30 %9.

Une plus forte consommation de F&L est donc associée à un moindre risque de syndrome métabolique, grâce, en partie, à la modulation des taux de CRP. Ces résultats étayent les recommandations nutritionnelles actuelles d’augmenter la consommation de F&L comme mesure de prévention principale des maladies cardiovasculaires.

Ahmad Esmaillzadeh
Département de Nutrition, Ecole de Santé Publique, Université des Sciences Médicales d'Isfahan, Iran
Leila Azadbakht
Département de Nutrition, Ecole de Santé Publique, Université des Sciences Médicales d'Isfahan, Iran
  1. Ford ES et al. JAMA 2002; 287:356-9.
  2. Cameron AJ et al. Endocrinol Metab Clin North Am 2004; 33:351-75.
  3. Gu D et al. Lancet 2005; 365:1398-405.
  4. Hu G et al. Arch Intern Med 2004;164:1066-76.
  5. Scuteri A et al. Diabetes Care 2005; 28:882-7.
  6. Meydani M. Nutr Rev 2005; 63:312-4.
  7. Esmaillzadeh A and Azadbakht L. Diabetes Care 2008; 31: 223-226.
  8. National Cholesterol Education Program (NCEP) Expert Panel on Detection, Evaluation, and Treatment of High Blood Cholesterol in Adults (Adult Treatment Panel III). Third report of the national cholesterol Education Program (NCEP) Expert Panel on detection, evaluation, and treatment of high blood cholesterol in adults. Circulation 2002; 106: 3143-421.
  9. Esmaillzadeh A et al. Am J Clin Nutr 2006; 84: 1489-97.
Retour Voir l'article suivant