Déterminants de la consommation de fruits et légumes chez les adolescents

Eduquer les mères pour améliorer le comportement alimentaire des adolescents

Les habitudes alimentaires acquises à l’adolescence jouent probablement un rôle important dans le développement de nombreuses maladies chroniques comme le surpoids et l’obésité. Si l’environnement familial (statut marital des parents, niveau d’éducation, travail, statut des frères et sœurs) est un facteur crucial dans le développement du comportement alimentaire, son influence sur les habitudes et les choix alimentaires des adolescents n’a jamais été étudiée de façon approfondie.

Les enquêtes réalisées se sont focalisées sur un facteur isolé (niveau d’éducation parental) ce qui limite les possibilités de comparaisons entre elles et rend difficile l’analyse de l’influence globale des facteurs familiaux sur les comportements. Pour étudier l’impact des multiples éléments de l’environnement familial sur les comportements alimentaires, il est important d’analyser un même échantillon d’adolescents avec la même méthodologie.

Une enquête en ligne sur les comportements alimentaires des adolescents

L’objectif de l’étude YEP (Youth Eating Patterns) a été d’examiner l’influence de divers évènements de la vie familiale sur les comportements alimentaires des adolescents et d’évaluer leurs modifications sur une période de deux ans. C’est une enquête en ligne sur les comportements alimentaires des adolescents, supervisée par des professeurs durant les cours où les élèves avaient accès aux ordinateurs. Cette étude longitudinale a été menée chez des adolescents de Melbourne en Australie, regroupant les régions métropolitaines Sud et Est de Melbourne et la région non-métropolitaine de Gippsland. Toutes les écoles secondaires mixtes, publiques et privées, de plus de 200 élèves (écoliers âgés de 7 à 12 ans) ont été invitées à y participer. Les élèves (n=9842) de septième année (âgés de 12-13 ans) et de neuvième année (âgés de 14-15 ans) des écoles participantes ont été invités à compléter un questionnaire en ligne. Des formulaires de consentement parental ont été distribués aux élèves et demandaient également aux parents des renseignements concernant l’environnement familial (statut marital, niveau d’éducation, travail, nombre d’enfants).

Le consentement parental a été obtenu chez 4502 écoliers (46%).

Les filles sautent le petit déjeuner… mais mangent plus de fruits et légumes

L’enquête a eu lieu en deux temps : 2004 à 2005 (départ, T1) et 2006 à 2007 (suivi, T2). 3264 adolescents ont complété l’enquête YEP au départ. Les analyses finales ont porté sur 1884 adolescents (55% filles, âge moyen 13,2 ans) qui ont complété l’enquête audépart et à deux ans.

Au départ, les adolescentes sautaient plus souvent le petit déjeuner que les adolescents. Elles consommaient, en revanche, beaucoup de Fruits et de Légumes (F&L). Les élèves de 9e sautaient plus fréquemment le petit déjeuner que ceux de 7e mais la consommation de F&L, était plus élevée chez les élèves de 7e.

En majorité, les participants n’ont pas modifié leurs habitudes alimentaires durant les deux années de suivi. Les filles ont continué à sauter le petit déjeuner plus fréquemment que les garçons qui, de leur coté, ont augmenté leur consommation de snacks et de fast-food.

Le niveau d’éducation maternelle favorise les changements positifs

En général, c’est le niveau d’éducation maternelle, plus que tout autre événement familial, qui était associé aux comportements alimentaires et aux changements positifs. Il n’y avait aucune association significative entre le sexe des adolescents et les variables prédictives, ce qui suggère que les évènements familiaux ont un impact différent sur les comportements alimentaires chez les garçons et les filles.

Au départ, les adolescents dont les mères étaient plus éduquées avaient une moindre probabilité de sauter le petit déjeuner. Ceux dont les mères avaient un niveau moyen d’éducation étaient moins susceptibles d’avoir une faible consommation de légumes. Les filles et les garçons dont les mères étaient plus éduquées avaient une moindre probabilité de sauter plus fréquemment leur petit déjeuner.

Comparé à ceux dont les mères avaient peu d’éducation, les adolescents dont les mères avaient une éducation moyenne avaient plus de probabilités de diminuer leur consommation de snacks. Les adolescentes dont les mères avaient un haut niveau d’éducation avaient une moindre probabilité d’augmenter leur consommation de snacks.

L’importance de l’environnement familial

Cette étude souligne la complexité des relations entre les conditions familiales et les comportements alimentaires chez les adolescents. Par le passé, des interventions ciblant une alimentation saine chez les adolescents et comportant une composante familiale ont montré des résultats positifs. Les futures recherches doivent se focaliser d’avantage sur l’environnement familial et évaluer l’efficacité des stratégies axées sur la promotion des connaissances maternelles, en matière de comportements alimentaires chez les adolescents.

Natalie Pearson
Centre pour l’Activité Physique et la Recherche en Nutrition, Ecole des Sciences de l’Exercice et de la Nutrition, Université de Deakin

Pearson N, MacFarlane A, Crawford D, Biddle SJH. Family circumstance and adolescent dietary behaviour. Appetite 2009, 52, 668-674

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