Déterminants de la consommation de fruits et légumes chez les adolescents

Inégalité des adolescents face au surpoids

Un tel titre peut sembler sans intérêt car on pourrait croire que tout a déjà été publié à ce sujet. Dans cet article, nous allons découvrir que les 35 pays Européens et l’Amérique du Nord présentent des différences auxquelles les stratégies de prévention de l’obésité chez les jeunes doivent s’adapter.

Les riches enseignements d’HSBC…

Les auteurs basent leurs analyses sur les données d’une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) réalisée en 2001-2002. L’étude HSBC (Health behavior in School-Aged Children) (et non la banque Suisse !) est une étude transversale des comportements alimentaires, menée chez les écoliers des pays participants. Au total, ce sont 162 305 adolescents âgés de 11, 13 et 15 ans qui ont été inclus à partir d’échantillons nationaux aléatoires.

La taille et le poids ont été rapportés et non pas mesurés. D’autres questions ont examiné les rapports entre les environnements micro- et macro-socio-économiques. Les questions comprenaient des données anthropométriques et englobaient une échelle de revenus familiaux. La description de l’environnement économique de chaque pays reposait sur le coefficient de Gini (ce coefficient intègre la distribution des revenus au sein de la population) et le revenu national brut (RNB) par habitant (source : base de données de la Banque Mondiale). La standardisation des procédures statistiques a permis d’effectuer des comparaisons, au sein de chaque pays et entre les pays.

L’impact des revenus familiaux varie en fonction des pays

La prévalence de l’obésité est plus élevée dans les pays anglophones et méditerranéens (USA 28%, Canada, Royaume Uni et pays méditerranéens 20-23 %). Le rapport de la prévalence du surpoids (familles les moins aisées/familles les plus aisées) varie de 0,51 chez les Estoniens (garçons) à 4,8 chez les Tchèques (filles). Dans la majorité des pays, le ratio est supérieur à 1. Autrement dit, dans de nombreux pays la prévalence du surpoids est plus forte dans les familles à faibles revenus, mais pas dans tous. Par exemple, l’inverse est vrai chez les garçons en Pologne, Républiques Baltes et Suède et chez les filles en Croatie.
L’impact des revenus familiaux varie en fonction des pays. Si le niveau de revenu semble n’avoir aucune influence sur la prévalence du surpoids chez les garçons en Russie (7,1 %) et au Pays de Galles (prévalence 28,6 %), en revanche, il est associé à une forte corrélation négative aux Etats-Unis et en Allemagne (il est intéressant de noter que les courbes sont parallèles). En revanche, il existe une forte corrélation positive en Macédoine.

Lorsqu’on analyse les revenus familiaux (coefficient de Gini pour les inégalités) et nationaux (RNB), on retrouve une association entre le RNB et la prévalence du surpoids chez les garçons et chez les filles.

Au niveau national, il existe une association entre le RNB et le surpoids uniquement dans les pays à revenus moyens.

L’importance des données micro et macro économiques pour la prévention

Les auteurs soulignent que les conclusions sont très différentes lorsqu’on analyse l’ensemble des pays, chaque pays séparément ou un sous-groupe de pays. Quand on considère l’ensemble des pays, la prévalence du surpoids varie en fonction du niveau économique national mais pas en fonction des inégalités économiques.

Quand on rentre dans le détail, la prévalence du surpoids varie en fonction du niveau économique seulement dans les pays à revenus élevés. Il existe une relation inverse entre le surpoids et le niveau de revenus dans presque tous ces pays, alors que c’est l’opposé dans les pays à revenus moyens. Des gradients sociaux inversés (surpoids associés à des revenus plus faibles) ont été observés chez les garçons et les filles dans trois pays d’Europe Centrale ce qui soulève la question d’une évolution vers des comportements alimentaires plus occidentalisés.

D’autres informations intéressantes proviennent du Danemark. Dans ce pays, la prévalence du surpoids et de l’obésité a augmenté par palier. En revanche, ces paliers ne reflètent pas la croissance économique.

La prévention de l’obésité doit donc prendre en compte à la fois les données micro- et macro-économiques.

Marie-Laure Frelut
Pédiatre, nutritionniste, ECOG (Groupe Européen de l’Obésité Infantile) - Service d’endocrinologie pédiatrique, Hôpital Bicêtre-Université Paris Sud - FRANCE

Due P et al. Socioeconomic position, macroeconomic environment and overweight among adolescents in 35 countries. Int J Obesity 2009;1-10

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