Déterminants de la consommation de fruits et légumes chez les adolescents

Quels média favorisent la consommation de fruits et légumes chez les adolescents ?

L’exposition aux média comme la télévision (TV), la radio, Internet, les magazines et autres, peut avoir un impact considérable sur les habitudes alimentaires des jeunes. Outre leur rôle dans le marketing et la publicité alimentaire, les medias sont également d’importants vecteurs d’information nutritionnelle. Nous avons étudié si l’exposition aux informations nutritionnelles dans les différents média était associée à la consommation de Fruits et Légumes (F&L) chez les adolescents.

Une enquête nutritionnelle chez 3000 adolescents

Nous avons analysé les données provenant d’un échantillon de 2949 adolescents en apprentissage à Vienne, en Autriche (âge moyen : 17,3 ans, écart-type : 1,7). L’exposition aux sources d’informations nutritionnelles a été évaluée par des moyennes issues d’auto-questionnaires.

La fréquence de consommation des F&L a été mesurée par un questionnaire portant sur la consommation de 59 aliments durant les mois précédents. Pour deux items “fruits (frais)” et “légumes (crus et cuits)”, les réponses étaient dichotomiques (0 = moins d’une fois par jour; 1 = au moins une fois par jour).

Quand les sources d’informations prédisent les consommations de fruits et légumes

La Figure 1 montre la probabilité qu’un adolescent consomme quotidiennement des F&L en fonction des différentes sources d’informations nutritionnelles. Ainsi, les adolescents ayant pour source principale les livrets éducatifs ont une probabilité de 70% plus élevée de consommer des F&L quotidiennement que ceux qui n’y font pas référence (quelque soit l’âge, le sexe, l’origine ethnique, l’indice de masse corporelle ou l’argent de poche hebdomadaire).

Les adolescents dont la publicité représente la principale source d’information nutritionnelle ont une moindre probabilité de consommer quotidiennement des F&L. En particulier, l’exposition aux publicités radiophoniques réduit la probabilité de consommer des fruits et des légumes de 26% et 33% respectivement. L’ajustement pour le tabagisme, les activités physiques et la télévision ne modifie pas les résultats de manière significative.

Des influences conscientes et inconscientes

Si l’adolescent se sent concerné par le thème de l’alimentation saine et est en recherche d’informations sur le sujet, la probabilité d’exposition est accrue. Cependant, l’exposition peut également être accidentelle (i.e. publicités). Le comportement qui en résulte peut être influencé par la manière, consciente ou inconsciente, dont sont perçues les informations, les effets étant plus marqués quand la perception est consciente. Finalement, si la perception conduit à une meilleure compréhension et à une meilleure appréciation de l’information, le slogan « une alimentation saine » peut être utilisé pour faire ses choix alimentaires.

Les adolescents qui citent les livrets éducatifs, Internet et les articles de presse comme sources principales d’information sont probablement plus intéressés par les supports nutritionnels et les recherchent plus activement.
A l’inverse, l’information nutritionnelle diffusée par la télévision et la radio (essentiellement les publicités), à l’école et par les parents ou amis ne nécessite pas de recherche active pour y être exposé.

L’importance de la qualité et de la crédibilité

Deux autres caractéristiques importantes des sources d’information sont : la qualité de leur contenu (en termes d’objectivité et de qualité scientifique) et leur crédibilité. Dans le cas des livrets éducatifs, distribués chez les pharmaciens, médecins et autres professionnels de santé, l’information nutritionnelle est jugée comme cohérente et conforme aux recommandations nutritionnelles.

Cependant, les programmes de TV ou de radio, les parents et amis et l’école, qui représentent les trois sources principales d’information nutritionnelle chez les adolescents, ne sont pas associés à la consommation de F&L. Le rejet ou l’incompréhension en raison d’un contenu de faible qualité et/ou d’une information nutritionnelle peu crédible, peuvent expliquer ces résultats.

Dans notre étude, l’impact négatif de la publicité (TV, radio) sur la consommation de F&L chez les adolescents était prévisible.

Que les publicités dans les journaux et les magazines n’aient montré aucun effet sur la consommation de F&L pourrait s’expliquer par une exposition moins fréquente et sans doute moins persuasive.

Si l’on veut augmenter la consommation quotidienne de F&L chez les adolescents, on doit diffuser les slogans portant sur « une alimentation saine » en priorité dans les média papier, surtout dans les livrets éducatifs et les journaux, et par Internet.

Heinz Freisling
Département des sciences de la Nutrition, Université de Vienne, Autriche

Freisling H, Haas K, Elmadfa I. Mass media nutrition information sources and associations with fruit and vegetable consumption among adolescents. Public Health Nutr. 2009 Aug 26:1-7. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 19706216.

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