La consommation de fruits & légumes dans le monde

Evolution de la consommation de fruits et légumes aux Etats-Unis entre 1994 et 2005

Une enquête réalisée chez plus d’un million d’Américains

Au sein d’une alimentation saine, consommer beaucoup de fruits et légumes (F&L) contribue à diminuer le risque de maladies chroniques et à contrôler le poids corporel. Dans cette optique, accroître la proportion d’Américains ayant une consommation quotidienne suffisante de F&L fait partie des objectifs nationaux du “Healthy People 2010”. Pour savoir si les initiatives de santé publique atteindront leurs buts et pour élaborer de futurs objectifs, il importe d’évaluer les tendances de consommation de ces aliments.

Ainsi, nous – les chercheurs des Centres Américains de Contrôle et de Prévention des Maladies – avons évalué les modifications globales et selon le sexe de la consommation de F&L chez 1 227 969 adultes des 50 états Américains et du District de Columbia, qui ont participé à l’enquête téléphonique de Surveillance des Facteurs de Risques Comportementaux (Behavioral Risk Factor Surveillance System – BRFSS) entre 1994 et 2005 et qui ont répondu à un questionnaire de fréquence de consommation de F&L à 6 items. Pour évaluer les modifications de consommation, liées aux recommandations nutritionnelles mises en place durant les années de l’enquête, nous avons utilisé les moyennes et le pourcentage de personnes consommant 5 F&L par jour ou plus. Ces estimations ont été standardisées pour le sexe, l’âge et l’origine ethnique et analysées par régression multivariée.

Une légère baisse de la fréquence de consommation sur 10 ans

Entre 1994 et 2005, la moyenne de la fréquence de consommation de F&L a légèrement baissé (hommes + femmes : – 0,22 fois/jour ; hommes : – 0,26 fois/jour; femmes : – 0,17 fois/jour). Durant cette période, la proportion d’hommes et de femmes qui consommaient 5 F&L ou plus par jour est demeurée quasiment inchangée (hommes : 20,6% vs 20,3%; femmes : 28,4% vs 29,6%). Si, globalement, le niveau de consommation chez les hommes n’a pas varié de façon significative entre 1994 et 2005, l’analyse de sous-groupes a montré une augmentation significative (+3.71 %, P = 0,003) chez les hommes âgés de 18 à 24 ans et une diminution significative (- 3,43%, P = 0,003) chez les hommes âgés de 55 à 64 ans. Des diminutions ont également été notées chez les Caucasiens non-Hispaniques (- 1,45%, P = 0,001) et les hommes n’ayant aucune activité physique de loisir (- 1,65%, P = 0,001).

En perte de vitesse, les jus de fruits et les pommes de terre…

Chez les femmes, en revanche, des augmentations ont été notées dans divers groupes : femmes âgées de 25 à 34 ans (+3,65%, P < 0,001), Afro-Américaines non-Hispaniques (+4,08 %, P = 0,0002) et non-fumeuses (+1,43 %, P = 0,004). une baisse significative (- 2,18%, P = 0,001) a été observé chez un groupe de femmes, diplômées de l’Enseignement Secondaire.

Parmi les six catégories de F&L, des diminutions discrètes de la consommation ont été relevées pour les jus de fruits (- 0,13) et les pommes de terre non frites (- 0,08). Après stratification par sexe, les données ont montré chez les hommes une petite réduction de la consommation de jus de fruits (- 0,09), des pommes de terre non frites (- 0,07), et de tous les autres légumes (- 0,06). Chez les femmes, il y avait une petite réduction de la consommation de jus de fruits (- 0,15) et de pommes de terre non frites (- 0,09).

Une transition vers une alimentation moins riche en hydrates de glucides ?

Nos résultats indiquent que la consommation de F&L chez les Américains adultes est restée relativement stable entre 1994 et 2005.

La faible diminution de la consommation de légumes pouvait être attribuée chez les hommes à une plus faible consommation de pommes de terre non frites et de “tous les autres légumes” et chez les femmes à celle de pommes de terre non frites.

Dans les deux sexes, la réduction de la consommation totale de fruits était attribuée à une consommation réduite de jus de fruits, mais non à celle de fruits entiers, restée stable.

Cette réduction de consommation de pommes de terre et de jus de fruits pourrait refléter la transition de l’alimentation des Américains vers une alimentation moins riche en glucides…

Des recommandations en nombre de portions quotidiennes

Le nouvelles Recommandations Nutritionnelles pour les Américains, mises en place en 2005, se basent sur l’âge, le sexe et le niveau d’activité physique et s’expriment en nombre de portions par jour. Les portions appropriées sont basées sur le format ou la quantité (p. ex. 1/4 tasse* de fruit séché, une pomme, une banane, une orange ou une poire de taille moyenne, 1/2 tasse de fruits coupés, cuits ou en conserve, 3/4 tasse de jus de fruits ou de légumes; une tasse de crudités à feuilles; 1/4 tasse d’autres légumes crus ou cuits, *(une tasse = 250 ml) (http://www.health.gov/DietaryGuidelines).

Cependant, comme notre analyse apprécie la consommation de F&L en “nombre de fois par jour”, les résultats peuvent sur- ou sous-estimer la proportion de personnes qui atteignent ces nouveaux objectifs. Cependant, si on suppose que les valeurs rapportées restent stables avec le temps, les données de la BRFSS devraient évaluer correctement les tendances de fréquence de consommation avec le temps, étant donné que le questionnaire reste le même et que cette évaluation a été validée dans différents échantillons.

Des approches à multiples facettes

Augmenter la consommation de F&L va nécessiter des approches à multiples facettes pour compléter les campagnes d’éducation par des politiques et des stratégies gouvernementales portant sur le secteur de l’alimentation en général, “de la ferme à l’assiette”, incluant les écoles, les crèches, les lieux de travail et les magasins d’alimentation. Des approches spécifiques portent sur l’accès accru aux F&L dans les communautés (marchés locaux et stands de producteurs) et l’amélioration de l’offre des petits magasins d’alimentation par des subventions et des incitations à s’implanter dans des zones peu desservies, à augmenter le nombre d’unités de réfrigération et de stockage de produits agricoles et à donner plus de place aux F&L sur les étalages. Enfin, des programmes comme “De la ferme à l’école” ou “De la ferme au lieu de travail” qui font rentrer les fermes dans diverses institutions et mettent en contact les citoyens et les producteurs locaux sont également mis en place partout en Amérique.

Heidi M. Blanck
Service santé publique, Atlanta - USA
  1. Dietary Guidelines for all Australians – http://www.nhmrc.gov.au/PUBLICATIONS/synopses/dietsyn.htm
  2. Pollard C, Miller M, Woodman R, Meng R, Binns C: Changes in Knowledge, Beliefs, and Behaviors Related to Fruit and Vegetable Consumption Among Western Australian Adults, 1995 to 2004. American Journal of Public Health 2009, 99(2):355-361
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