« Consommation de fruits et légumes & santé osseuse »

Fruits et légumes : quels bénéfices pour la santé osseuse des femmes ménopausées ?

Les fruits et légumes contiennent du calcium, du potassium, du magnésium, diverses vitamines (B, C, E et K), des antioxydants et des phytonutriments, tous ces éléments étant bénéfiques pour la santé osseuse.

Certaines études ont rapporté qu’une alimentation riche en fruits et légumes était liée à une meilleure santé osseuse chez les femmes ménopausées 1,2. Cependant, ces résultats ne sont pas constants dans la littérature scientifique, en raison notamment d’une grande variabilité de la qualité des études publiées.

Notre groupe a effectué une revue systématique de la littérature existante, évaluant la qualité des différentes études, résumant les résultats et identifiant les lacunes possibles au niveau des recherches 3. Nous avons ainsi regroupé les études portant sur les associations entre la consommation de fruits et légumes et l’incidence de fractures ostéoporotiques, la densité minérale de l’os et le renouvellement osseux chez les femmes âgées de plus de 45 ans.

Une sélection rigoureuse de la qualité des études

Nous avons extrait des articles scientifiques publiés en anglais dans des revues à comité de lecture, à partir de bases de données électroniques et de références bibliographiques. Nous avons inclus des études d’observation et des essais cliniques rapportant spécifiquement la consommation de fruits et légumes comme principal critère alimentaire chez des femmes au foyer. De manière indépendante, deux investigateurs ont sélectionné et extrait des données à partir de ces études et évalué le risque de biais. Pour estimer le risque de biais dans les études d’observation, nous avons développé un outil comportant 7 domaines 3. Pour les études cliniques, nous avons utilisé l’Outil Collaboratif de Cochrane 4 légèrement modifié pour mieux s’adapter aux études diététiques. Cet outil comportait également 7 domaines. Un score de risque faible, moyen ou élevé dépendait du nombre de domaines considérés comme non biaisés. Les études de haute qualité étaient définies comme ayant un faible risque de biais et de faible qualité lorsqu’il y avait un haut risque de biais.

Une grande hétérogénité

Après une revue minutieuse de toutes les études, nous en avons retenu huit. Une étude de cohorte rapportait des données transversales et longitudinales dans la même population étudiée.

Les études présentaient une grande hétérogénéité dans leur conception, la définition des fruits et légumes consommés, les quantités consommées, les critères de jugement, les analyses et le rapport des résultats.

Les risques de biais étaient faibles dans deux études, modérés dans deux autres et élevés dans les quatre dernières.

Les limites des études transversales

Globalement, les essais randomisés contrôlés et les études prospectives de cohorte n’ont pas montré d’effets bénéfiques de la consommation de fruits et légumes.

En revanche, une étude cas témoin et toutes les études transversales ont retrouvé des associations favorables entre la consommation de fruits et légumes et les indicateurs de santé osseuse.

En général, les essais contrôlés randomisés et les études prospectives de cohorte comportent moins de biais et sont mieux conçus pour répondre à la question des effets bénéfiques de certaines interventions.

En revanche, dans les études transversales, la consommation de fruits et légumes peut être liée à une meilleure santé osseuse non pas par un effet direct, mais à cause d’une association à divers comportements et styles de vie sains, comme l’activité physique, l’arrêt du tabagisme ou la prise de suppléments calciques et vitaminiques.

La nécessité de méthodes comparables et standardisées

Les études que nous avons passées en revue utilisaient différentes méthodes pour évaluer la consommation des fruits et légumes, définir ou classifier les fruits et légumes, les différents niveaux de consommation, les différents modes et les différents usages entre les différentes populations étudiées. Ainsi, certaines considéraient les pommes de terre, les légumes secs et les féculents comme des légumes, ou bien les jus de fruits ou les noix comme des fruits. Ainsi, un éventuel effet bénéfique des fruits et légumes sur la santé osseuse pourrait être dilué et la capacité à déceler une association réduite.

L’évaluation de l’alimentation doit être effectuée par des méthodes comparables et standardisées par les chercheurs dans toutes les populations. Un rapport de l’OMS propose des recommandations utiles pour évaluer les consommations de fruits et légumes 5. Le respect de ces recommandations permettra une meilleure comparaison entre les publications scientifiques, facilitera les futures revues de littérature systématiques et conduira à l’émission de nouvelles recommandations nutritionnelles fondées sur les preuves.

Si notre revue de la littérature médicale n’a pas clairement retrouvé un effet bénéfique des fruits et légumes sur la santé osseuse chez les femmes de plus de 45 ans, elle a cependant, été limitée par le petit nombre d’études bien conduites et par les différences d’évaluation de consommation de fruits et légumes.

Maryam S Hamidi
Programmes de Santé des Femmes et de la Ménopause, Hôpital Général de Toronto, Réseau Universitaire de Santé, Toronto, Ontario, Canada
Angela M Cheung
Programmes de Santé des Femmes et de la Ménopause, Hôpital Général de Toronto, Réseau Universitaire de Santé, Toronto, Ontario, Canada
  1. Xu L et al. (2009) Food groups and risk of forearm fractures in postmenopausal women in Chengdu, China. Climacteric 12(3):222-229.
  2. Tucker KL et al. (1999) Potassium, magnesium, and fruit and vegetable intakes are associated with greater bone mineral density in elderly men and women. Am J Clin Nutr 69(4):727-736.
  3. Hamidi M et al. (2011) Fruit and veget able intake and bone health in women aged 45 years and over: a systematic review. Osteoporos Int 22(6):1681-1693.
  4. The Cochrane Collaboration. (2009). « Cochrane Handbook for Systematic Reviews of Interventions- Version 5.0.2. » from http://www.cochranehandbook.org/.
  5. Agudo, A. (2005). « Measuring intake of fruit and vegetables. » from http://www.who.int/dietphysicalactivity/publications/f&v_intake_measurement.pdf
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