COVID-19 et alimentation

Impact du confinement pendant la crise COVID-19 sur l’alimentation et le comportement des consommateurs.

Des études récentes ont montré qu’Internet et les réseaux sociaux (Google, YouTube, Facebook, Instagram) peuvent être utilisés comme un outil pour comprendre les sujets liés à l’alimentation et à la santé qui sont largement
recherchés et partagés par la population1,2,3.

Cette étude vise à mesurer l’impact de la crise sanitaire liée à la COVID-19 sur les intérêts, les opinions et les comportements des personnes vis-à-vis de l’alimentation. Elle a été réalisée sur deux axes :

  • Une étude exploratoire sur Internet et les réseaux sociaux concernant l’alimentation et les achats dans différents pays ;
  • Une enquête en ligne auprès des consommateurs espagnols sur les changements d’habitudes d’achats alimentaires et leurs motivations.

Étude exploratoire – les recherches en rapport avec les produits et achats alimentaires ont augmenté avec la déclaration officielle de la pandémie

L’étude exploratoire a examiné les informations mondiales provenant de différentes sources comme les recherches sur Internet (Google), les vidéos les plus regardées (YouTube) et les réseaux sociaux (Twitter) pendant la pandémie
en Europe, en Russie, en Turquie et en en Amérique du Nord pendant un mois (du 15 mars au 15 avril 2020).

Recherches sur Google contenant des termes en rapport avec la COVID-19 et les produits alimentaires

Les recherches sur des termes liés à la santé comme « symptômes » et « propagation » ont montré une évolution chronologique similaire à celles sur « Coronavirus ». Les recherches sur le terme « alimentation » ont été très
fréquentes sur toute la période étudiée. Cependant, celles sur des aliments comme le pain, le poulet, le lait, la farine, les fruits et la banane ont augmenté à partir de la mi-mars. En anglais et en espagnol, il y a eu quatre fois plus de
recherches de recettes que d’habitude et deux fois plus sur la banane. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les gens ont consacré plus de temps libre à cuisiner en raison du confinement.

Vidéos sur YouTube

Les vidéos les plus regardées sur YouTube ont concerné la COVID-19 et la propagation de la maladie. Il s’agissait principalement d’« actualités » (38 %), suivies des «conseils » (34 %) et des « documentaires » (28 %). Les principaux
informateurs étaient des influenceurs alors que les chercheurs et les sources scientifiques étaient moins regardés.

Mots les plus utilisés sur Twitter

Les résultats montrent une évolution des préoccupations relatives aux achats vers un sentiment d’incertitude face à la crise à venir. Nous avons observé trois aspects principaux chez les consommateurs :

  • l’approvisionnement alimentaire et la constitution de stocks (termes : « livrer », « acheter » et « commander »),
  • les aspects sanitaires (« médical »)
  • la recommandation de rester chez soi (« domicile », « séjour»,
    « distance sociale » et « travail »).

Enquête en ligne : des consommateurs espagnols davantage tournés vers les produits bruts

Un questionnaire en ligne a été réalisé pendant la période de confinement strict en Espagne, entre le 30 mars et le 14 avril, auprès de la population espagnole (n=362). Cette enquête visait à examiner les motivations des consommateurs à changer (ou non) leurs habitudes d’achat et leur perception de la fiabilité des sources d’information en rapport avec la COVID-19.
Avant le confinement, les consommateurs achetaient principalement leurs aliments dans les supermarchés (≈97 %), les petits magasins (≈39 %) et en ligne (7 %). Après le confinement, aucun changement significatif de lieu n’a
été constaté. Mais la fréquence des visites dans les points de vente a diminué en raison des restrictions.

Les produits achetés le plus fréquemment étaient principalement les aliments bruts comme les oeufs, le lait, les légumes, le pain et les pâtes (cf. figure 1). Les pâtes et les légumes sont achetés pour leur valeur nutritionnelle. D’autres
produits, comme les fruits à coque ou le fromage, sont achetés davantage pour améliorer le moral.

Impact du confinement sur l'alimentation - Aprifel

La figure 2 présente les produits achetés moins souvent. Le poisson et les fruits de mer y figurent en raison de leur courte durée de conservation. On y trouve aussi d’autres produits comme les viennoiseries, car les participants
considèrent ces aliments comme « malsains » et favorisant la prise de poids.

Impact confinement alimentation suite - Aprifel

Les sources fiables pour la plupart des participants (95 %) étaient les chercheurs et les scientifiques. Les sources d’information les plus utilisées étaient la télévision (72 %), suivie par les journaux (48 %) et les médias sociaux (37 %).

Cette étude préliminaire apporte un premier éclairage sur les changements de comportement dans une période de pandémie – un évènement qui ne s’était encore jamais produit depuis l’avènement des médias sociaux. Il est positif de savoir que les gens mentionnent les scientifiques et les experts comme l’une des sources d’information les plus fiables. Cependant, lorsqu’on cible les recherches sur les vidéos, les scientifiques ne sont pas la source d’information privilégiée. Il faut donc s’efforcer de concevoir des canaux de diffusion de l’information plus efficaces, pour éviter que la population ne suive des conseils non scientifiques (fake-news).

Laura Laguna
Institut d'agrochimie et de technologie alimentaire, ESPAGNE
D’après : Laguna L, et al. The impact of COVID-19 lockdown on food priorities. Results from a preliminary study using social media and an online survey with Spanish consumers. Food Qual Prefer. 2020;86:104028.

1. Kaminski M, et al. Nutrition (2020), 110759.
2. Aydin MF & Aydin MA. International Journal of Medical Informatics (2020), 104107.
3. Basch et al. Public Health (2019), 167, 147–151.

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