COVID-19 et alimentation

Modifications du mode de vie des adolescents pendant le confinement lié à la COVID-19

Le confinement lié à la pandémie de COVID-19 a altéré le mode de vie de la population, en particulier celui des adolescents, particulièrement susceptibles d’acquérir de mauvaises habitudes potentiellement néfastes pour la santé1.

Cette étude a évalué les modifications liées aux comportements alimentaires et à l’activité physique pendant le confinement en 2020 chez 820 adolescents (âgés de 10 à 19 ans) de plusieurs régions d’Espagne, d’Italie, du Brésil, de Colombie et du Chili. Les données ont été recueillies au moyen d’un questionnaire en ligne (National School Health Survey-PeNSE2 et le questionnaire international sur l’activité physique-IPAQ3) avant et pendant le confinement.

Augmentation de la consommation de légumineuses et de fruits et légumes

En raison du confinement, les familles ont eu davantage de temps pour cuisiner et ont augmenté leur consommation hebdomadaire de légumineuses et de fruits et légumes, améliorant ainsi leurs habitudes alimentaires, même si, apparemment cela n’a pas amélioré la qualité globale de l’alimentation. Les adolescents ont également consommé
davantage d’aliments sucrés, probablement en raison de la monotonie et du stress résultant du confinement(tableau 1).

mode de vie adolescents covid 19 - Aprifel

L’Espagne et l’Italie : en tête pour la consommation de fruits

L’Espagne et l’Italie affichent la plus grande consommation moyenne de fruits (4-5 fois par semaine), laquelle a significativement augmenté pendant le confinement. Près de 45 % des adolescents européens ont suivi les recommandations de consommation hebdomadaire de fruits contre 21,8 % en Amérique latine4,5 (tableau 2).

mode de vie adolescents covid 19 suite - Aprifel

La consommation hebdomadaire de légumes des adolescents a augmenté pendant le confinement, en Espagne, au Brésil et au Chili, ce qui n’a pas été le cas en Italie et en Colombie. En outre, ce sont les adolescents colombiens qui ont présenté la plus faible consommation de fruits et légumes.

Changements alimentaires en fonction du sexe, du niveau d’éducation de la mère ou du fait de manger devant la télévision

D’autres variables potentielles susceptibles d’avoir influencé ce changement d’alimentation ont été identifiées, notamment le sexe, le niveau d’éducation de la mère ou le fait de regarder la télévision pendant les repas. Les filles ont consommé beaucoup plus de fruits et légumes et moins de boissons sucrées que les garçons pendant le confinement.
Les adolescents dont les mères avaient un niveau d’éducation supérieur au niveau secondaire ont augmenté de manière significative leur consommation de fruits et légumes pendant le confinement. Ce sont également ceux qui présentaient la consommation la plus élevée de fruits et légumes pendant et avant le confinement, par rapport aux adolescents
dont les mères avaient un niveau d’éducation inférieur au secondaire.

Il est important de souligner que le fait de regarder la télévision pendant les repas est associé à une consommation plus faible de fruits et légumes pendant la période COVID-19 et à une consommation plus importante d’aliments frits et sucrés et de boissons sucrées.. De plus, les adolescents ne regardant jamais la télévision pendant les repas
ont accru significativement leur consommation de fruits et légumes, confirmant l’association entre la prise des repas devant la télévision et une alimentation de moindre qualité chez les adolescents.
D’autre part, un pourcentage élevé d’inactivité physique a été constaté chez les adolescents avant et pendant la crise, qui s’est aggravé pendant le confinement.

En conclusion, nos résultats montrent que la pandémie de COVID-19 a modifié les tendances alimentaires et les habitudes d’activité physique des adolescents. Ces nouvelles habitudes pourraient être acquises et avoir un impact ultérieur sur la santé. La compréhension du comportement alimentaire des adolescents pendant le confinement
aidera les autorités de santé publique à redéfinir les futures politiques concernant leurs recommandations nutritionnelles, dans la perspective d’éventuelles nouvelles périodes d’isolement.

María Belén Ruiz-Roso
Epigenetics of Lipid Metabolism Group, Madrid Institute for Advanced Studies (IMDEA)-Food, CEI UAM + CSIC, ESPAGNE
Alberto Dávalos
Epigenetics of Lipid Metabolism Group, Madrid Institute for Advanced Studies (IMDEA)-Food, CEI UAM + CSIC, ESPAGNE
Basé sur : Ruiz-Roso MB, et al. Covid-19 Lockdown and Changes of Adolescent’s Dietary Trends in Italy, Spain, Chile, Colombia and Brazil. Nutrients [Internet] 2020;12(6):1807 ; et Ruíz-Roso MB, et al. Changes of Physical Activity and Ultra-Processed Food Consumption in Adolescents from Different Countries during Covid-19 Pandemic: An Observational Study. Nutrients [Internet] 2020;12(8):2289.

1. OMS. Cadre pour une action mondiale accélérée en faveur de la santé des adolescents – lignes directrices pour aider à la mise en oeuvre dans les pays.
2. Oliveira, M.M.; et al. Epidemiol. Serviços Saúde 2017, 26, 605–616.
3. Craig, C.L.; et al. Med. Sci. Sports Exerc. 2003, 35, 1381– 1395.
4. Academia Española de Nutrición y Dietética, Recomendaciones De Alimentación Y Nutrición Para La Población Española Ante La Crisis Sanitaria Del COVID-19. 2020.
5. OMS. Quelques astuces pour l’alimentation et la nutrition en auto-quarantaine. 2020.

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