« Consommation de F&L et produits de grignotage »

Impact de la distribution de fruits et légumes sur la consommation des produits de grignotage durant la pause matinale à l’école aux Pays Bas

Aux Pays-Bas, le Projet « Schoolgruiten » (acronyme néerlandais pour « fruits et légumes à l’école ») a été mis en place pour promouvoir la consommation de fruits et légumes chez les écoliers 1,2. Ses axes stratégiques : la disponibilité, l’accessibilité et l’exposition aux F&L. Dans le groupe intervention, une portion de fruits ou de légumes a été distribuée gratuitement deux fois par semaine aux écoliers.

Les effets bénéfiques sur la santé de la consommation accrue de F&L seraient encore plus importants s’ils entraînaient une réduction de la consommation de produits de grignotage à haute teneur calorique. Les interventions proposant des collations plus saines et moins caloriques (comme les F&L), à la place de produits de grignotage, pourraient réduire l’apport calorique, ce qui augmenterait l’effet des programmes de prévention de l’obésité. Peu d’études, cependant, ont analysé l’impact de ce type d’intervention sur la consommation de produits de grignotage.

Les écoliers et leurs parents impliqués

L’objectif de notre étude est donc d’examiner si le projet Néerlandais « Schoolgruiten » entraîne une réduction de la consommation de produits de grignotage à haute teneur calorique durant la pause matinale.

Cette étude longitudinale a impliqué les écoliers et leurs parents. Elle reposait sur une évaluation de départ et deux de suivi, après un et deux ans. Deux questionnaires différents (un pour les écoliers, un pour leurs parents) étaient basés sur les questionnaires validés Pro Children 3. Les jeunes (âge moyen = 9,9 ans) et leurs parents ont complété ces questionnaires à chaque période de mesure, permettant d’analyser les données provenant de l’ensemble des réponses. Les consommations de F&L et de produits de grignotage à l’école durant la pause matinale ont été évaluées par un questionnaire à simple item. 771 écoliers et 435 parents ont été inclus. Des modèles à régression multiples (école, enfant et temps) ont été utilisés pour évaluer l’impact de l’intervention sur la consommation de F&L et de produits de grignotage.

Plus de F&L et moins de produits de grignotage dans le groupe intervention

En majorité, les écoliers n’apportaient ni F&L ni produits de grignotage pour la pause matinale. Cependant, au cours des trois périodes de mesure, le pourcentage d’écoliers qui apportaient des F&L à l’école était un peu plus élevé dans le groupe intervention que dans le groupe témoin.

L’analyse des données rapportées par les écoliers n’a montré aucune association entre la quantité de F&L et le nombre de produits de grignotage non équilibrés apportés à l’école aux trois mesures (départ X²=0,084; p=0.772, première année de suivi, X2=0,028; p=0,867, deuxième année de suivi, X²=1,333; p=0,248). D’après ces données, les écoliers du groupe intervention auraient apporté significativement plus de F&L à l’école durant la période de suivi que ceux des groupes témoins (Odds Ratio (OR)=1,41, Intervalle de Confiance à 95% (IdC 95%) =1,04 –1,90). Ces résultats ont été étayés par les données rapportées par les parents (OR=1,58, IdC 95% =1,10–2,28). L’ajustement sur le nombre de produits de grignotage apportés n’a pas eu d’impact sur les résultats.

Selon les données rapportées par les écoliers, ceux du groupe intervention apportaient moins de produits de grignotage pour la pause matinale durant la période de suivi (OR=0.56, 95% CI=0.34 ̶0.92). L’ajustement pour le nombre de collations F&L apportées n’a pas eu d’impact sur ce résultat.

Un moyen efficace pour augmenter la consommation de F&L durant la pause

Les résultats de cette étude montrent donc que les écoliers du groupe intervention ont apporté plus souvent des F&L à l’école et moins souvent des produits de grignotage non équilibrés.

Selon les parents, cette intervention n’a eu que des effets positifs sur les quantités de F&L apportés de la maison ; aucun effet n’a été montré sur le nombre de collations à haute teneur calorique. Il s’agit peut être d’une question de puissance car moins de données ont été obtenues auprès des parents.

On présuppose que l’augmentation de la consommation de F&L diminue la consommation d’autres aliments, comme les produits de grignotage. Cependant, peu d’études ont évalué cette hypothèse. Une absence de diminution pourrait entraîner une plus forte consommation calorique et, au final, contribuer à la prise de poids. Aucune association significative n’a été retrouvée entre les quantités de F&L et le nombre de produits de grignotage non équilibré, ce qui semble montrer que les quantités de F&L apportées de la maison n’ont eu aucun effet sur celles des produits de grignotage et vice versa. Cela peut signifier que consommations de F&L et de produits de grignotage ne sont pas fortement associées, même si l’augmentation de la consommation des F&L a été modérément associée à une réduction de celle des produits de grignotage.

Inclure une politique restrictive des produits de grignotage à l’école ?

La théorie des comportements de choix 4 pourrait expliquer ces résultats. Cette théorie est conçue pour comprendre comment les personnes choisissent entre plusieurs alternatives. Ainsi, elles peuvent choisir une alternative à leur produit préféré lorsque sa disponibilité est réduite. Il se peut que le programme de promotion des F&L ait influencé les parents qui auraient alors restreint l’accès de leurs enfants aux produits de grignotage pour la pause matinale. Le règlement de l’école pourrait être une autre possibilité, les écoles pouvant inclure une politique restrictive des produits de grignotage dans leur programme d’amélioration de l’alimentation des écoliers.

Bien qu’au départ l’intervention « Schoolgruiten » n’ait pas été conçue pour réduire la consommation de produits de grignotage, ses résultats sont en faveur de son efficacité sur l’augmentation de la consommation des F&L et la réduction des produits de grignotage durant les pauses matinales. Ils indiquent également qu’une restriction de l’accès aux produits de grignotage pourrait jouer un rôle important dans la réduction de leur consommation à l’école.

Nannah I. Tak
Département d'Epidémiologie & Biostatistiques
Saskia J. te Velde
Département de Santé Publique et de Santé du Travail Institut EMGO pour la Santé et la Recherche sur les Soins, Centre Médical Universitaire VU, Amsterdam, Pays Bas.
Amika S. Singh
Département de Santé Publique et de Santé du Travail Institut EMGO pour la Santé et la Recherche sur les Soins, Centre Médical Universitaire VU, Amsterdam, Pays Bas.
Johannes Brug
Institut EMGO pour la Santé et la Recherche sur les Soins Centre Médical Universitaire VU, Amsterdam, Pays Bas.
Repris de : Tak et al. J Hum Nutr Diet. 2010 23(6): 609-615
  1. Tak N.I., et al.Ethnic differences in one-year follow-up effect of the Dutch project Schoolgruiten – promoting fruit and vegetable consumption among primary schoolchildren. Public Health Nutr. 2007; 10: 1497-1507.
  2. Tak N.I., et al.Long term effects of the Dutch Project Schoolgruiten – promoting fruit and vegetable consumption among primary schoolchildren. Public Health Nutr. 2009; 12: 1213-1223. Epub 2008 Oct 22.
  3. Haraldsdottir J., et al.Validity and reproducibility of a precoded questionnaire to assess fruit and vegetable intake in European 11- to 12-year-old schoolchildren. Ann Nutr Metab 2005; 49: 221-227.
  4. Goldfield G.S. & Epstein L.H. Can fruits and vegetables and activities substitute for snack foods? Health Psychology. 2002; 21: 299-303.
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