La perception des Fruits et Légumes

Influences individuelles et communautaires sur la consommation de fruits et légumes en Caroline du Nord

Le sud-est des Etats-Unis est une région où l’on trouve les plus fortes prévalences de maladies chroniques et d’indices de mauvaise santé1. L’Etat de Caroline du Nord (NC) se distingue par des chiffres de mortalité par maladies cardiovasculaires, cancers, attaques cérébrales, problèmes respiratoires et traumatismes plus élevés que la moyenne nationale (les traumatismes représentent presque les deux tiers des décès annuels2).

Les choix de mode de vie : des décisions complexes

Certains comportements comme une vie sédentaire ou une mauvaise alimentation, conduisent au surpoids et à l’obésité3. En Caroline du Nord, 65% de la population sont en surpoids ou obèses, 78% des adultes ne consomment pas les quantités quotidiennes de fruits et légumes (F&L) recommandées (5 portions ou plus) et 56% n’ont aucune activité physique, même modérée2. Si ces statistiques soulignent la prévalence de comportements malsains dans cette région, elles renseignent peu sur les motivations des résidents et leur perception de la consommation de F&L. Les descriptions qualitatives des comportements alimentaires en fonction du contexte environnemental sont rares. Il est particulièrement intéressant d’étudier les choix de mode de vie, comme l’alimentation, qui sont des décisions complexes, résultant d’interactions entre des facteurs humains (attitudes, pensées, comportements, perceptions) et un environnement extérieur (social et physique)4-6. S’il est utile de comprendre les interactions entre environnement et comportement, c’est bien dans le domaine de l’alimentation.

Perceptions, facteurs environnementaux et consommation de fruits et légumes

Nos travaux sont issus d’une vaste étude, portant sur les facteurs sociaux qui influencent le risque de maladies chroniques et de mauvaise santé chez des adultes en Caroline du Nord. Nous avons étudié 2 479 adultes dans 22 cabinets privés. Une partie de l’enquête portait sur l’avis des sujets sur la variété, le prix et la qualité des fruits et légumes achetés chez leur épicier habituel. Nous avons mené des discussions de groupe, des entretiens téléphoniques et des enquêtes photographiques chez 32 participants, afin d’évaluer finement leur consommation de fF&Let l’influence de leur environnement. Les participants avaient un age moyen de 52,8 années, un indice de masse corporelle moyen de 29,4 et en moyenne, trois maladies chroniques3. C’étaient en majorité, des femmes, blanches, mariées, ayant terminé leur éducation secondaire.

Notre étude démontre que de nombreuses perceptions et facteurs environnementaux influencent la consommation de F&L, tant au niveau individuel que communautaire.

Freins au niveau individuel :

  • Préférences alimentaires personnelles
  • Epuisement des papilles pour certaines saveurs
  • Stress (professionnel et économique)
  • Absence de planification des repas
  • Etat de santé actuel
  • Perception de l’impact des aliments sur l’évolution des maladies chroniques

Facilitateurs au niveau individuel :

  • Présence d’une maladie chronique
  • Expérience durant toute la vie de consommation des F&L
  • Préférences pour certains fruits et légumes
  • Etat de santé personnel ou du conjoint

Freins communautaires :

  • Messages médiatiques contradictoires concernant la nutrition et la santé
  • Choix alimentaires limités sur les lieux de travail
  • Disponibilité des aliments
  • Coût des aliments dans les magasins

Facilitateurs communautaires :

  • Présence de jardins potagers
  • Faible coût des produits alimentaires sur les marchés locaux
  • Exposition aux F&L durant l’enfance

Les participants ont pris des photos pour illustrer les facteurs environnementaux. Les photos représentaient : des fermes, l’intérieur des cuisines, des magasins, des jardins, des restaurants et des établissements de restauration collective/cafétérias (Figure 1 et Figure 2).

Intégrer l’expérience de chacun pour améliorer la consommation de fruits et légumes

Les interventions, au niveau individuel et communautaire, sont efficaces pour promouvoir des comportements sains, tels que la consommation de F&L.

En Caroline du Nord, existe un projet gouvernemental d’Etat intitulé « Mange mieux, bouge plus ». Ce programme comporte une approche à plusieurs niveaux visant à « encourager les individus à réfléchir autrement à leur alimentation, à leur niveau d’activité physique et à faire des choix qui les aideront à se sentir bien et à vivre mieux ». Il intègre l’allocation de ressources communautaires pour faciliter des comportements sains (www.eatsmartmovemorenc.com/).

Nos travaux montrent qu’il est important d’intégrer l’expérience de chacun, les attitudes personnelles et les croyances jusqu’aux normes sociales, et l’importance des ressources locales actuelles, pour promouvoir la consommation de F&L. Ainsi, s’ils recevaient des messages d’interventions personnels, adaptés à leur culture, les individus seraient plus enclins à faire des choix sains leur permettant de réduire l’incidence et la prévalence des maladies chroniques

Britta Schoster
Centre de Recherche Thurston sur l’Arthrite - UNC Chapel Hill – Etats-Unis
Kathryn R Martin
Centre de Recherche Thurston sur l’Arthrite - UNC Chapel Hill – Etats-Unis
Josephine EA Boyington
Centre de Recherche Thurston sur l’Arthrite - UNC Chapel Hill – Etats-Unis
Leigh F Callahan
Centre de Recherche Thurston sur l’Arthrite - UNC Chapel Hill – Etats-Unis
  1. The Burden of Chronic Diseases and Their Risk Factors: National and State Perspectives 2004. CDC- Available from http://www.cdc.gov/nccdphp/burdenbook2004/pdf/burden_book2004.pdf
  2. North Carolina: Burden of Chronic Diseases. 2008 CDC-Available from http://www.cdc.gov/nccdphp/states/pdf/north_carolina.pdf
  3. U.S. Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention, Coordinating Center for Health Promotion. Physical Activity and Good Nutrition: Essential Elements to Prevent Chronic Diseases and Obesity 2007: April 2007.
  4. Hooper M, Kirkpatrick S, Ellis A, McIntyre B. Preface. Can J Public Health 2005;96:S6-S7.
  5. Evenson KR, Sarmiento OL, Tawney KW, Macon ML, Ammerman AS. Personal, social, and environmental correlates of physical activity in North Carolina Latina immigrants. Am J Prev Med 2003;25(3 Suppl 1):77-85.
  6. Glanz K, Yaroch AL. Strategies for increasing fruit and vegetable intake in grocery stores and communities: policy, pricing, and environmental change. Prev Med 2004;39 (Suppl 2):S75-80. Review.
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