La perception des Fruits et Légumes

La nutrition en 17 chantiers pour 2010

Fin 2009, la Société Française de Santé Publique a proposé à la commission chargée des problèmes de prévention et de prise en charge de l’obésité, mise en place par le Président de la République, 17 chantiers prioritaires, définis par 20 sociétés médicales d’experts*.

Grâce aux PNNS 1 et 2, la France est l’un des rares pays à avoir réussi, au cours des dix dernières années, à stabiliser la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant, à améliorer la consommation de Fruits et Légumes (F&L) chez les adultes et à réduire les apports de sel au niveau de la population générale.

Ces 17 mesures, reconnues comme efficaces par les experts, serviront de support au PNNS-3.

Elles permettront de réduire les inégalités d’accès entre les groupes sociaux à une alimentation favorable à la santé et à la pratique d’une activité physique quotidienne. Les populations défavorisées sont particulièrement vulnérables sur le plan nutritionnel avec un risque élevé d’obésité et de carences. Pour agir contre ces inégalités, information et éducation sont nécessaires, mais il faut également agir sur l’offre alimentaire (en termes d’accessibilité et d’amélioration de la qualité nutritionnelle) et sur l’activité physique.

17 grands chantiers prioritaires ont été identifiés :

A/ Actions en milieu scolaire

  • Améliorer l’offre alimentaire, les actions pédagogiques, et le dépistage des problèmes nutritionnels dans les établissements scolaires :
  1. Inscrire des normes réglementaires en termes de composition des repas en restauration scolaire (fondées sur les recommandations du Groupe d’ Etude des Marchés Restauration Collective et Nutrition (GEMRCN)
  2. Rendre obligatoire l’installation de fontaines d’eau dans les enceintes scolaires
  3. Renforcer l’interdiction de mentionner des marques alimentaires à l’école sur les menus, affiches, dépliants, matériel scolaire ou sportif et réserver réglementairement la possibilité de diffuser des outils pédagogiques sur la nutrition aux seuls bénéficiaires du logo PNNS
  4. Renforcer le dépistage et la prévention en médecine scolaire : visite obligatoire de dépistage de l’obésité ou du risque d’obésité (au moins à une occasion : maternelle, école élémentaire, au collège et au lycée) et renforcer l’articulation avec les réseaux de prise en charge de l’obésité
  5. Introduire, au minimum en CE2 et en 5ème, des cours d’informations sur les groupes d’aliments et les repères de consommation du PNNS, et des actions favorisant le développement du goût et la pratique de la cuisine
  • Augmenter l’activité physique scolaire et périscolaire : augmenter le temps d’activité physique, aménager les cours de récréations et les gymnases, fournir les compétences d’encadrement pour favoriser le jeu et la pratique de l’activité physique (paniers de basket, buts multisports, …) pendant et en dehors du temps scolaire
  • Recueillir de façon anonyme et standardisée dans les écoles, collèges et lycées, les données anthropométriques de l’ensemble des enfants. Ces données seront centralisées pour la surveillance de l’évolution de la prévalence du surpoids et de l’obésité par l’Institut de Veille Sanitaire.

B/ Actions en population générale

  • Renforcer les actions de communication de l’INPES par une exonération du prix pour ses campagnes de promotion de la nutrition sur les chaînes publiques de télévision et de radio, lors des tranches horaires enfants
  • Interdire la publicité télévisuelle destinée aux enfants, pour tous les produits alimentaires (à l’exception des aliments dont la promotion est compatible avec les objectifs du PNNS), aux horaires du matin avant l’école, ainsi que les mercredi, samedi et dimanche matin
  • Interdire dans les télé-achats ou la promotion grand public la vente de produits alimentaires de régime ou de compléments alimentaires, de vêtements spéciaux ou d’appareils de gymnastique passive suggérant une efficacité sur le contrôle du poids dont l’intérêt n’a pas été validé
  • Créer un logo « la clé plaisir nutrition PNNS » décliné du logo du PNNS (applicables sur les emballages ou dans des documents d’information sur les lieux de vente) destiné à informer les consommateurs
  • Promouvoir l’allaitement maternel et adapter la durée légale du congé maternité
  • Rendre obligatoire l’installation des fontaines d’eau dans les lieux publics et les entreprises privées
  • Promouvoir l’accessibilité pour la population, des pains utilisant une farine type 80 (plus riche en glucides complexes et fibres), avec une quantité de sel inférieure à 18 g/kg de farine

C/ Actions vers le système de santé

  • Former les professionnels de santé, de l’éducation et du social :

>Introduire dans les cursus des médecins, dentistes, pharmaciens, infirmières, aides-soignantes, une formation en nutrition (comportements alimentaires, repères de consommation du PNNS, dépistage, prévention, et prise en charge de l’obésité et de la dénutrition)
>Introduire dans les cursus des enseignants (éducation physique et sportive, sciences et vie de la terre), travailleurs sociaux, conseillère en éducation familiale et sociale, des notions de base de nutrition (groupes d’aliments, repères de consommation du PNNS)

  • Clarifier les compétences reconnues aux divers professionnels de santé en matière de nutrition (définir un statut de médecin nutritionniste, harmoniser les formations au niveau européen)
  • Améliorer la prise en charge de l’obésité par la mise en place de réseaux régionaux de prise en charge, fondés sur les bonnes pratiques développées avec la Haute Autorité de Santé
  • Améliorer la prise en charge des problèmes nutritionnels à l’Hôpital :

> Prise en charge spécifique permettant une évaluation de l’état nutritionnel et prise en charge globale (médicale, diététique, psychologique et sociale)
> Rendre obligatoire les comités de liaison alimentation nutrition (CLAN) dans les hôpitaux et leur fournir des moyens
> Nommer un médecin référent nutrition dans chaque établissement hospitalier et médico-social, en relation avec les unités de diététique.

  • Inscrire le PNNS comme plan prioritaire de santé publique et l’intégrer aux projets régionaux de santé publique (dans le cadre de la mise en place des ARS) avec un mécanisme unique de coordination des actions

D/ Actions vers les milieux défavorisés

  • Instaurer pour les personnes défavorisées sur le plan social et économique (titulaires de la CMU de base ou complémentaires ou allocataires aux minima sociaux et étudiants boursiers), des coupons exclusifs de F&L frais (10 € par mois devant permettre un apport de l’ordre de 100 à 200 g de F&L frais par jour)
  • Soutenir les structures d’aide alimentaires pour l’approvisionnement en aliments dont la consommation doit être, particulièrement, accrue.
Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE

*Association de Langue Française pour l’Etude du Diabète et des Maladies Métaboliques (ALFEDIAM), Association des Epidémiologistes de Terrain (EPITER), Association des Médecins Inspecteurs de Santé Publique (AMISP), Association Française d’Etudes et de Recherches sur l’Obésité (AFERO), Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA), Association Française des Diététiciens Nutritionnistes (AFDN), Association Française des Epidémiologistes de Langue Française (ADELF), Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA), Association pour la Prévention de l’Obésité Pédiatrique
(APOP), Collège des Enseignants de Nutrition (CEN), Collège Universitaire des Enseignants en Santé Publique (CUESP), Fédération Française de Cardiologie (FFC), Fédération Nationale des comités d’Education pour la Santé (FNES), Ligue nationale de lutte contre le cancer, Nouvelle société française d’athérosclérose (NSFA), Société Française de Nutrition (SFN) ; Présidente Mariette Gerber, Société Française de Pédiatrie (SFP), Société française de santé publique (SFSP), Société Française d’Hypertension artérielle (SFHTA), Société Francophone Nutrition Clinique et Métabolisme (SFNEP)

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