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Le poids des kilos sur les cancers

Le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque pour diverses pathologies chroniques, dont les cancers. Leur prévalence ne cesse d’augmenter : 35% de la population adulte mondiale est touchée par un excès de poids (IMC > 25) dont 12% sont obèses (IMC > 30). Selon de récentes estimations, la prévalence de l’excès de poids a augmenté de 27,5% entre 1980 et 2013 (même si cette progression se ralentit depuis quelques années en Europe et aux USA).

L’association obésité cancer est aujourd’hui bien connue, en particulier pour l’oesophage, le colon, le rectum, le rein, le pancréas et chez la femme le sein (après la ménopause), les ovaires et l’endomètre.

Près de 500 000 nouveaux cas de cancer lié au surpoids dans le monde

Afin de préciser les relations entre IMC et cancer, une équipe du Centre International sur la Cancer (CIRC), conduite par M. Arnold de Lyon et ses collaborateurs, vient de publier les données d’une vaste étude de population. Les auteurs ont notamment utilisée une base de données du CIRC, Globocan, qui rassemble les estimations les plus récentes pour 28 types de cancers dans près de 200 pays. A partir de ces éléments, ils ont pu calculer dans chaque pays, la proportion des cancers attribués à un IMC élevé, survenus en 2012 par rapport aux données de 2002.

Les résultats montrent que le surpoids et l’obésité représentent un facteur de risque majeur, responsable de près de 500 000 nouveaux cas de cancer (soit 3,6%) dans le monde.

Les femmes sont plus touchées que les hommes

Les auteurs ont noté de grandes disparités selon les pays et le genre.

Ainsi la proportion de nouveaux cancers liée à l’obésité est plus élevée chez les femmes (5,4%) que chez les hommes (1,9%).

Le cancer du colon chez l’homme et le cancer du sein chez la femme ménopausée représentent le plus grand nombre (63,6%) de cas attribuable à un IMC élevé. Chez l’homme, les cancers du colon et du rein représentent ensemble les deux tiers de tous les cancers associés à un IMC haut. Chez la femme, les cancers du sein et de l’endomètre contribuent environ pour les deux tiers également aux nouveaux cancers liés à l’IMC.

De grandes disparités entre les pays

Dans l’ensemble, les cancers associés au surpoids et à l’obésité sont plus fréquents dans les pays développés, comme l’Europe et les Etats Unis (5,2% de tous les nouveaux cas) que dans les pays moins développés (1,5% des nouveaux cas).

Les Etats unis sont les plus touchés avec 111 000 cancers liés à ce phénomène, soit 23% des cancers mondiaux associés à un IMC élevé ( 3,5% de nouveaux cas chez les hommes et 9.4% chez les femmes).

En Europe, la proportion de cancers dus au surpoids et à l’obésité est élevée, en particulier en Europe Orientale (6.5% des nouveaux cas).

Les pays où les hommes sont les plus touchés par les cancers liés au surpoids sont la République Tchèque (5,5% des nouveaux cas), la Jordanie et l’Argentine (4,5%), le Royaume Uni et Malte (4,4%).

Pour les femmes, les pays les plus touchés sont la Barbade (12,7%), la république Tchèque (12%) et Porto Rico (11,6%).

Si dans les pays d’Asie pour la plupart, la proportion de cancers liés à l’excès de poids n’est pas très élevée en pourcentage, elle représente un nombre important de cas en raison du volume de la population. Ainsi, la Chine avec ses 1,6% de nouveaux cas, compte 50 000 cas de cancers chez les hommes et les femmes.

En revanche, un pays où le fardeau du cancer attribué au surpoids et à l’obésité reste faible est l’Afrique (1,5% des nouveaux cas).

118 000 cancers auraient pu être évités….

Les auteurs soulignent qu’ils ont calculés que si l’IMC était resté stable depuis 1982, un quart de tous les cancers imputables au surpoids et à l’obésité dans le monde (soit 118 000 cas) aurait pu être évité. En d’autres termes, on peut attribuer un quart de tous les cancers liés à un IMC élevé à l’augmentation de ce dernier entre 1982 et 2002.

Cette étude souligne, chiffres à l’appui, l’importance de mettre en place des programmes de prévention et des mesures politiques efficaces pour contrôler le poids des populations si l’on veut limiter la progression des cancers liés au surpoids et à l’obésité, notamment dans les pays à développement rapide.

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
M. Arnold et al. Global burden of cancer attributable to high body-mass index in 2012: a population based study. The Lancet Oncology. 2014 Nov 26. pii: S1470-2045(14)71123-4
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