Santé cardiovasculaire, consommation de F&L et politiques européennes

Les aliments végétaux peuvent prévenir et traiter l’insuffisance cardiaque

Les preuves de l’influence de la nutrition sur l’insuffisance cardiaque (IC) – qui est une cause majeure d’hospitalisation, de morbidité et de mortalité – s’accumulent. Jusqu’à présent, peu d’études s’y sont intéressées et les recommandations se sont surtout focalisées sur la restriction sodée et hydrique. Une récente publication vient de faire le point sur des approches nutritionnelles plus précises.

Diverses études épidémiologiques ont démontré que l’incidence de l’IC pouvait être réduite de 45 à 81% grâce à un mode de vie sain. L’effet spécifique de la nutrition a été essentiellement étudié avec le régime DASH et le régime méditerranéen.

Le régime DASH

Initialement conçu pour prévenir et traiter l’hypertension artérielle (HTA), ce régime est riche en aliments végétaux, glucides complexes et pauvre en graisses. Il favorise la consommation de F&L, de céréales complètes, d’oléagineux, de volaille et laitages allégés et prône la réduction de viande rouge, de sucres simples et d’aliments transformés. De grandes études prospectives ont démontré qu’une forte adhésion au régime DASH réduisait le risque d’IC de 37% chez les femmes et 22% chez les hommes. Une méta-analyse de 2013 a confirmé que ce type de régime réduisait l’incidence des MCV, mais que la plus forte réduction du risque était observée pour l’IC (29%).

Des études d’intervention, encore peu nombreuses, rapportent que le régime DASH est d’autant plus efficace pour améliorer la fonction cardiaque qu’il est associé à une réduction des apports sodés. DASH semble donc très prometteur pour la prévention et le traitement de l’IC. A tel point qu’il a été qualifié de «régime
optimal pour l’IC symptomatique» par l’ American College of Cardiology qui l’a intégré dans ses recommandations.

Le régime Méditerranéen

Tout comme DASH ce modèle alimentaire repose sur une base végétale. Il préconise une alimentation riche en F&L, céréales complètes et en oléagineux, huile d’olive, poisson et vin en quantité modérée. De vastes études prospectives ont montré qu’une bonne adhésion au régime Méditerranéen réduisait l’incidence de l’IC de 24% chez les adultes en bonne santé (21% pour les femmes et 31% pour les hommes). Cette protection est dose-dépendante.

Dans une méta-analyse de 2016, ce régime était associé à une diminution de 70% du risque d’IC chez plus de 10 000 sujets. Tout comme pour le régime DASH, nous manquons encore d’études d’interventions pour valider ces données. Une étude randomisée a retrouvé une augmentation de la survie chez des patients atteints d’IC suivant le régime Méditerranéen de 84% comparée à 60% chez ceux qui suivaient les recommandations classiques.

D’autres régimes ont été étudiés (riche en protéines, à base de riz, pauvre en graisses…) mais leurs résultats sont moins convaincants.

Les études fondées sur la qualité globale de l’alimentation, reposant sur des «scores d’alimentation saine» rapportent des réductions importantes de l’incidence de l’IC (de l’ordre de 77%). D’une manière générale ces alimentations saines agissent en synergie avec les traitements médicamenteux cardio-vasculaires.

Quels aliments sont les plus bénéfiques ?

Même si cette revue de la littérature ne se focalise pas sur des aliments en particulier, certains sont plus ou moins associés à un effet bénéfique sur l’IC.

Concernant les F&L, de nombreuses études ont suggéré des bénéfices variés chez les sujets atteints d’IC, tels que la réduction de l’inflammation et du stress oxydant, un effet possible sur le microbiote intestinal, l’augmentation de la fraction d’éjection et la capacité fonctionnelle cardiaque.

Etant donné le faible coût et la sécurité des interventions nutritionnelles, il est urgent de développer des études d’interventions pour mieux caractériser les modèles alimentaires et leurs composants ayant un effet bénéfique sur l’incidence et la progression de l’IC.

Même si elles demeurent encore limitées, il existe des preuves assez solides qu’une alimentation riche en F&L et légumineuses est éminemment bénéfique pour l’IC. Les rôles d’autres aliments restent actuellement controversés.

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
C.P. Kerley, A review of plant-based diets to prevent and treat heart failure, Cardiac Failure Review 2018;4(1).54-61
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