Fruits et Légumes et Santé Cardiovasculaire

LES FRUITS ET LÉGUMES : UNE PIERRE ANGULAIRE POUR LA PRÉVENTION DES ACCIDENTS VASCULAIRES CÉRÉBRAUX

AVC Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont hétérogènes, ils peuvent être hémorragiques (AHC) ou ischémiques (AIC). Ces derniers sont la conséquence de l’athéro-thrombose, macro ou micro vasculaire, ou cardio embolique.

Ils peuvent être d’origine non athéromateuse : hyper-homocystéinémie ou dissection artérielle du sujet jeune. C’est une différence fondamentale avec l’infarctus du myocarde (IM) dont le mécanisme est univoque.

Des facteurs de risques bien connus

Chaque année, dans le monde 15 000 000 de personnes sont atteintes d’un AVC. Les 2/3 en décèdent ou restent handicapés à vie. En France, on estime à 140 000 les nouveaux cas annuels d’AVC (130 000 pour les IM).

La mortalité à un mois est de l’ordre de 25 % pour les AIC et de 50% pour les AHC. 25 % des survivants perdent leur autonomie. Si les AVC, en France, représentent la première cause de handicap acquise et la deuxième cause de démence, leur prévention est possible. Les facteurs de risques pour AVC et IM sont très proches et souvent liés à l’athérosclérose. Ils sont connus : hypertension artérielle, résistance à l’insuline et diabète, hypercholestérolémie, tabagisme, hyperhomocystéinémie…
Tous contribuent au développement de l’athéro-thrombose cérébrale et sont liés à l’alimentation et à l’état nutritionnel.

Une prévention possible

Quatre articles importants ont été publiés en 2006 sur l’incidence accrue des AVC en terme de santé publique et sur les aliments susceptibles de les prévenir. Les fruits et les légumes ont une place majeure en terme de prévention.

Une revue(1) portant sur 121 articles écrits entre 1979 et 2004 a été réalisée par une équipe de Harvard et publiée par “Seminars in Neurology”.
Une méta analyse de cohortes(2) portant sur 257 251 individus et 4 917 AVC, suivis en moyenne pendant 13 ans, a été faite par une équipe anglaise avec rigueur et publiée dans “Lancet”.

Des recommandations nutritionnelles de l’Association de Cardiologie américaine ont été publiées dans “Stroke”(3) Enfin, un résumé d’une conférence sur l’état nutritionnel et les AVC vient d’être publié dans les comptes-rendus de l’Université d’été de nutrition de Clermont Ferrand(4).

Le rôle central du potassium

Tous ces articles démontrent l’intérêt de la baisse de consommation de sodium et de l’augmentation de celle du potassium pour prévenir les AVC. Le potassium est largement apporté par les végétaux et son effet est d’autant plus marqué que la consommation de fruits et légumes est plus élevée. Le rôle préventif du potassium sur les AVC passe par une baisse de la pression artérielle. Une réduction de la pression artérielle diastolique de 6 mm de Hg diminue le risque d’AVC de 42 %. En revanche, l’augmentation de la PA multiplie le risque relatif d’accident ischémique cérébral par 4 et d’accident hémorragique cérébral par 10.

Chez 43 738 hommes, un apport quotidien de 4,3 g de potassium a été associé à une diminution de 38 % des risques d’AVC, comparé à un apport de 2,4 g. Une observation plus fine montre un effet direct du potassium, indépendant de son rôle sur la pression artérielle. Cet effet reposerait sur l’inhibition de la formation des radicaux libres, l’inhibition de la prolifération des cellules musculaires lisses vasculaires et l’inhibition de la thrombose artérielle. Le potassium réduit également l’adhérence des macrophages à la paroi musculaire. Ainsi, l’apport en potassium représenté par les fruits et légumes est l’un des mécanismes majeurs réduisant le risque d’AVC.

D’autres mécanismes potentiels

Les fibres, contenues dans les céréales, les fruits et les légumes, ont également un rôle préventif envers les AVC, qu’il s’agisse des fibres solubles (pectines, quelques hémicelluloses, gommes et polysaccharides) ou des fibres insolubles (celluloses, nombre d’hémicelluloses et lignine). Elles agissent en abaissant le taux de cholestérol et la pression artérielle. Les folates, apportés par les légumes verts, favorisent l’abaissement du taux d’homocystéine dont l’excès est un facteur aggravant du risque d’AVC.
Enfin, les taux d’antioxydants plasmatiques sont augmentés par la consommation de fruits et légumes. Ils réduisent l’athérosclérose en réduisant les LDL oxydées circulantes. En revanche, une supplémentation en vitamine C, vitamine E et ‚ carotène n’a pas d’effet.

Plus de 5 portions par jour

Les effets bénéfiques des fruits et légumes sur les risques d’AVC se font sentir au delà de 5 portions par jour : – 26 % de risques pour tous les sous-groupes et tous les types d’AVC. Pour une consommation de 3 à 5 portions quotidiennes, on observe une diminution de 11 % du risque, mais seuls quelques sous-groupes sont concernés, les fruits ayant plus d’efficacité que les légumes dans ce cas et les accidents hémorragiques cérébraux étant plus répondants.

On ignore encore si certains fruits et légumes sont plus ou moins efficaces que d’autres. A l’heure actuelle, la prévention des AVC, ischémiques ou hémorragiques, passe par une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes, proche du mythique régime crétois.

La consommation d’au moins 5 portions de fruits et légumes est recommandée et tous les auteurs confirment que la Nutrition représente la pierre angulaire de la prévention des AVC.

Pierre Meneton
Département de Santé Publique et d'Informatique Médicale - Faculté de Médecine René Descartes - Paris - FRANCE
  1. Ding EL, Mozaffarian D. Optimal Dietary Habits for the Prevention of Stroke. Seminars in Neurology. 2006; 26(1): 11-23.
  2. He FJ, Nowson C A, Mc Gregor GA. Fruit and vegetable consumption and Stroke: Meta analysis of cohort studies. Lancet. 2006; 367: 320-326.
  3. Spence JD. Nutrition and Stroke Prevention. Stroke 2006; 37:(9): 2430- 2435.
  4. Giroud M. Alimentation état nutritionnel et AVC. Université d’été de  nutrition 2006 – Clermont Ferrand – programme et résumé 33, 47.
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