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LES NOUVEAUX BÂTISSEURS DE PYRAMIDES

Cela fait plus de treize ans que le ministère de l’Agriculture américain (USDA) a créé et publié la première pyramide alimentaire. Depuis, de nombreux organismes ont proposé leur propre représentation pédagogique en conservant souvent la forme pyramidale de celle-ci. Suite à la publication récente des dernières recommandations nutritionnelles de l’USDA, un tout nouveau graphique, appelé “My Pyramid”, relance le débat sur la forme, le contenu, l’intérêt et les limites des représentations imagées.

LA PROMOTION D’UNE ALIMENTATION ÉQUILIBRÉE

C’est à la fin du 19ème siècle que les premiers guides alimentaires sont apparus. Ils ont ensuite rapidement évolué en fonction des nouvelles découvertes scientifiques mais aussi des conditions économiques, sociales et sanitaires de l’époque. Le principal objectif des guides alimentaires a toujours été de faire la promotion d’une alimentation équilibrée qui contribue au maintien ou à l’amélioration de la santé et du bien-être de nos populations.
Ce n’est qu’en 1988 qu’un véritable travail de recherche graphique a été commandé par l’USDA. Plusieurs représentations ont alors été testées auprès d’adultes américains, de niveaux socio-économiques variés. La compréhension et la mémorisation des messages-clés proposés ont été évaluées en plusieurs étapes. Cette recherche, qui a duré plus de 3 ans, a conduit à la publication de la première pyramide alimentaire.

3 MESSAGES CLÉS

Cette pyramide présente cinq groupes d’aliments, représentant la variété nécessaire pour un régime journalier équilibré. La proportionnalité est le deuxième message important de ce graphique qui fait la part belle aux fruits et légumes. En effet, une consommation journalière de 5 à 9 portions est déjà recommandée en 1992. Enfin, le troisième message-clé concerne la modération, en ciblant tout particulièrement les sucres ajoutés et les graisses qui sont regroupés au sommet de la pyramide.
En quelques années cette pyramide est devenue, aux Etats-Unis, l’outil d’éducation nutritionnelle le plus populaire. On la retrouve sur les murs de nombreux lieux publics (hôpitaux, restaurants…), dans les brochures d’information nutritionnelle, les manuels scolaires, les livres de diététique et les magazines grand public. Elle est également représentée sur l’emballage de nombreux produits alimentaires, afin de cautionner leur consommation. En France, la pyramide alimentaire est principalement utilisée comme outil pédagogique par les professionnels de la nutrition.

DE NOMBREUSES CRITIQUES

La simplification extrême de cette pyramide est à l’origine de son succès mais également de la plupart des critiques émises par de nombreux nutritionnistes. La répartition des aliments en cinq groupes est une source de confusion pour les consommateurs. Par exemple, est-il juste de regrouper dans une même “brique” les frites, les chips, les carottes et autres légumes ? De même, les charcuteries doivent-elles vraiment partager le même groupe que le poisson et les haricots secs ? La réduction de la consommation de lipides est une autre recommandation beaucoup trop abstraite sur cette représentation. Si le positionnement des huiles et autres matières grasses au sommet de la pyramide semble compréhensible, la représentation symbolique des graisses cachées dans les cinq groupes d’aliments n’apporte que confusion et informations souvent erronées. Le problème se pose également pour les apports en sucre et en sel. Enfin l’utilisation du mot “portion” comme unité de quantification des apports quotidiens en chaque groupe d’aliment est à l’origine de nombreuses interrogations auprès de la population.

UNE PYRAMIDE “NEW LOOK”

Il aura fallu quatre années de travail pour que l’ USDA dévoile la nouvelle pyramide alimentaire en avril 2005. Cette dernière version, qui a gardé la même forme triangulaire, les mêmes cinq groupes d’aliment, plus les matières grasses, semble avoir subi un véritable séisme.
On retrouve désormais les groupes d’aliments sous forme de bandes verticales, dont les largeurs à la base de la pyramide représentent les proportions recommandées. Chaque groupe d’aliment est désormais illustré par une couleur différente formant un arc-en-ciel, symbole de la variété alimentaire.
Une autre nouveauté majeure de ce graphique est le positionnement d’un personnage qui gravit des marches vers le sommet de la pyramide. L’USDA met ici en avant l’importance d’une activité physique régulière en complément d’une alimentation équilibré.

Cette nouvelle pyramide appelée « MyPyramid » se veut aussi plus personnalisée. En effet, un site Internet, www.mypyramid.com, permet de construire sa propre pyramide selon le sexe, l’age et le niveau d’activité physique. Un total de 12 pyramides différentes est proposé, correspondant à un apport journalier de 1000 à 3200 kcal. Enfin, la notion de portion a été abandonnée au profit d’unités de poids ou de volume culinaires, compréhensibles par tous.

LA COMPLEXITÉ DES MESSAGES

Un bémol cependant : malgré la prise en compte de nouvelles données scientifiques, l’intégration d’un message sur l’activité physique et la personnalisation des recommandations, la nouvelle pyramide américaine semble difficilement compréhensible par le grand public sans une visite détaillée du site Internet. Les messages nutritionnels associés risquent alors de ne pas trouver leurs destinataires… Il existe aujourd’hui autant de représentations nutritionnelles pédagogiques qu’il existe de cultures culinaires. Cela montre la complexité des messages à transmettre aux populations, en particulier lorsque celles-ci sont composées de différentes ethnies.

Cependant, même en l’absence de consensus, les divers graphiques ont en commun un message fort :
“UNE CONSOMMATION IMPORTANTE DE FRUITS, LÉGUMES ET PRODUITS CÉRÉALIERS, ASSOCIÉE À UNE CONSOMMATION DE PLUS EN PLUS FAIBLE DE VIANDE ROUGE“

Frédéric Tessier
Enseignant-Chercheur en Nutrition Humaine Institut Polytechnique LaSalle - Beauvais - FRANCE
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