Interventions adaptées à la population

L’hôpital, un bon endroit pour la promotion de la santé au Royaume Uni

Les recommandations de l’OMS concernant les Hôpitaux des réseaux de Promotion de la Santé (HPH)1 et la politique de santé publique au Royaume Uni2 préconisent aux hôpitaux de posséder des services permettant aux patients d’améliorer leur santé, en adoptant des comportements sains, en favorisant par exemple l’éducation à la santé.

Voici les résultats d’une étude sur les expériences et les avis de patients hospitalisés, concernant l’éducation à la santé et, en particulier, la nutrition3.

Interroger les patients sur leurs habitudes alimentaires ?

Cette enquête a porté sur des patients adultes, récemment sortis d’hospitalisation (n=322). Entre autres questions, on leur a demandé s’ils étaient d’accord pour que “l’on interroge systématiquement les patients hospitalisés sur leurs habitudes alimentaires” (les réponses variant selon une échelle de Likert en 5 points de “tout à fait d’accord” à “pas du tout d’accord”). On a également souhaité connaitre leur niveau de consommation de fruits et légumes (F&L)4, s’ils avaient bénéficié d’une information concernant l’alimentation, si cela s’était avéré utile (échelle de Likert en 5 points variant de 1 “pas du tout utile” à 5 “très utile”), et, au final, s’ils étaient décidés à manger plus sainement (réponses : “oui” ou “non”).

On leur a enfin posé des questions générales concernant l’éducation à la santé dans les hôpitaux. L’éducation à la santé était définie comme “toute action entreprise par un membre du personnel hospitalier, permettant au patient de mieux contrôler les comportements qui pourraient avoir un impact négatif sur sa santé”. Ces actions pouvaient comporter un conseil oral ou écrit ou la demande d’un avis spécialisé dans l’objectif d’améliorer l’alimentation.

83% mangent moins de 5 fruits et légumes

Le taux de participation a été de 59%. Les répondants avaient entre 17 et 76 ans (moyenne = 57,0 ± 1,3 ans). La durée d’hospitalisation variait de 1 à 50 jours, avec une durée moyenne de 4 jours.

Voici les principaux résultats :

  • En majorité (84%), les répondants étaient d’accord pour que l’on interroge les patients sur leurs habitudes alimentaires, 11% étaient indécis et 5% seulement n’étaient pas d’accord.
  • 83% consommaient moins de 5 portions de F&L par jour (Intervalle de confiance à 95% : 76% – 88%).
  • Il y avait significativement plus de personnes qui demandaient des conseils nutritionnels durant leur hospitalisation parmi celles consommant moins de 5 portions de F&L par jour que chez celles qui en consommaient plus de 5 par jour (67% vs. 36% respectivement, P < 0,002).
  • Un quart des répondants a bénéficié d’une enquête sur ses habitudes alimentaires durant l’hospitalisation (IC à 95% =19% à 32%)
  • Seuls 12% des patients consommant moins de 5 portions de F&L par jour ont reçu une information portant sur l’alimentation (IC à 95% = 7% à 18%).
  • L’information nutritionnelle a été délivrée sous forme de dépliants (n = 6) ou de conseils oraux (n = 11). Aucun avis spécialisé n’a été demandé.
  • L’échantillon était trop petit pour conclure si l’éducation à la santé était efficace: 4 patients ont rapporté que ce n’était pas utile, 6 autres: ni utile ni inutile et les 6 derniers : utile.

Plus de 60% des patients auraient souhaité recevoir une information, plutôt à l’occasion de leur sortie de l’hôpital, alors qu’en majorité, ils l’ont reçu à l’admission.

87% des patients sont d’accord pour dire que “l’hôpital est un bon endroit pour dispenser une éducation à la santé” et 83% pensent que “l’hôpital devrait offrir aux patients d’avantages d’organisations externes chargées de l’éducation à la santé”.

Un défi majeur pour les hôpitaux

Cette étude indique que les hôpitaux sont perçus comme des lieux appropriés et bien acceptés comme tels pour dispenser des informations nutritionnelles. S’il existe un consensus des patients en faveur de l’évaluation des habitudes alimentaires et une demande d’éducation à la santé, en réalité peu d’actions ont été effectuées dans cette optique.

Faire face à la demande des patients pour une information nutritionnelle représente un défi majeur pour les hôpitaux. Or il existe des recommandations sur l’éducation à la santé dans les hôpitaux (OMS HPH1,5). Des actions concrètes peuvent donc être menées pour augmenter la consommation de F&L chez les patients6 : Ainsi, tous les repas servis à l’hôpital devraient inclure une variété de F&L et être associés à une promotion active de choix alimentaires sains5.

Enfin, il faut identifier en priorité les patients faibles consommateurs de F&L pour leur délivrer des conseils nutritionnels oraux et écrits7 et leur proposer de brèves interventions, reconnues comme efficaces, pour améliorer l’alimentation et la nutrition6,8.

Charlotte L Haynes
Unité d'efficacité clinique, Stockport NHS Foundation Trust, Cheshire, RU
  1. World Health Organisation Europe 2004 Standards for Health Promotion in Hospitals.
  2. Department of Health: Choosing Health. Making Healthy Choices Easier. 2004.
  3. Haynes CL et al., 2008. BMC Public Health 8:284.
  4. Cappuccio FP, et al., 2003. Nutr Metab Cardiovasc Dis 13:12-19.
  5. O. Groene & M. Garcia-Barbero (eds). Geneva: World Health Organisation, 2005
  6. Ubido J, et al.: Top Tips for healthier Hospitals. 2006.
  7. Kessels RPC, 2003. J R Soc Med 96:219-222.
  8. Obesity: the prevention, identification, assessment and management of overweight and obesity in adults and children. Nice 2006.
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