Interventions adaptées à la population

Régimes et poids, un pour tous, tous pour un !

Les régimes n’ont plus la cote. Ils suscitent pourtant toujours les mêmes fantasmes auprès des candidat(e)s à l’amaigrissement. Atkins, Hollywood, Montignac, soupe au chou… Le musée du yoyo pondéral est hanté de fantômes médiatiques et de revenants faméliques…

Depuis quelques années, cependant, des voix s’élèvent pour dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas… Que tout cela ne sert à rien ; que les régimes sont des leurres, que ce qui compte, au final, c’est réduire globalement ce que l’on mange si l’on veut perdre du poids…

La vraie question n’étant pas de savoir comment (“moins de ceci, plus de cela”), mais de tenir la distance sans se pourrir la vie.

Ceci étant dit, voici une étude scientifique, publiée dans une revue de renom, qui met les pieds dans le plat.

Un éternel débat

Pour résumer, l’éternel débat sur les régimes part du principe qu’à la base de ce que l’on mange, il y a les nutriments : les protides, les lipides, les glucides. Autant de nutriments = autant de suspects = autant d’approches différentes. Pour les uns, le salut est dans le régime “pauvre en glucides et riches en protéines”. Pour les autres, ceux là n’ont rien compris : c’est le régime “riche en hydrates de carbone et pauvre en graisses” qui donne les meilleurs résultats. C’est compter sans les adeptes du régime “végétarien, low fat”, les partisans du “régime méditerranéen” et les méthodes farfelues des gourous autoproclamés de la diététique.

Chaque régime tente de justifier son existence par des études, dont certaines sont scientifiques… Parmi elles, il faut reconnaître qu’il est difficile de trouver des interventions à plus d’un an, suffisamment contrôlées, sans trop de biais, qui donnent des résultats convaincants… Maigrir est il une question de nutriments ? Partant de ce constat, Frank Sacks et ses acolytes, de l’école de santé publique de Harvard, ont donc tenté de répondre à la question : “Maigrir est il, en définitive, une question de macronutriments ?”

Rien ne vaut une bonne étude d’intervention rondement menée ! La leur a duré deux ans et s’est déroulée sur 2 sites : un hôpital à Boston, un autre à Bâton Rouge. 800 sujets en excès de poids (IMC de 25 à 40) ont été recrutés. Tous étaient motivés pour perdre du poids, résultats des tests à l’appui. Ils ont été randomisés pour suivre, en double aveugle, 4 régimes différents mais d’apparence semblable, correspondant chacun à une réduction de 750 kcal des apports de base :

Question activité physique, on a demandé à ces candidats à la minceur d’en pratiquer 90 minutes par semaine. Durant les 2 ans de l’étude, les participants ont été suivis régulièrement. Leur poids a été mesuré au début, puis tous les 6 mois durant 2 ans. Le suivi des recommandations et le comportement alimentaire ont été régulièrement évalués au cours de l’étude par questionnaire et par téléphone.

Principal objectif : la perte de poids à 2 ans.

Objectif secondaire : le tour de taille.

Le design de l’étude a permis de faire des comparaisons statistiques entre régime riche ou pauvre en graisses, protéines et glucides. L’efficacité des 3 types de nutriments sur le poids a été évaluée de manière indépendante.

4 kg de moins en 2 ans…

Les résultats parlent d’eux-mêmes. A 6 mois, tout le monde avait perdu le même poids avec les 4 types de régimes, à savoir 6 kg, soit environ 7% du poids initial. Au bout d’un an, tous les sujets ont commencé à regrossir. Si bien qu’à 2 ans, les 80% de sujets qui avaient achevé l’étude avaient perdu en moyenne 4 kg et, parmi eux, seuls 15% avaient maintenu une perte de poids supérieure à 10%…

En termes d’efficacité, on n’a constaté aucune variation significative selon le % de nutriments…

Coté sensoriel, aucune différence n’a été notée concernant les sensations de faim, de satiété et le niveau de satisfaction entre les différents régimes.

Coté compliance, c’est moins bien : au bout de 6 mois, et de 2 ans, les objectifs en pourcentages de macronutriments n’étaient atteints dans aucun groupe. En revanche, les apports énergétiques et le niveau d’activité physique étaient globalement comparables dans tous les groupes.

Les comportements sont plus forts que le métabolisme

Que conclure de ces données ? Que tous les types de régimes se valent pour obtenir et maintenir une perte de poids significative à 2 ans. Que les objectifs diététiques sont difficiles à atteindre et persistent rarement au-delà de 6 mois… Que, passé ce délai, chacun a tendance à revenir à son type de profil en nutriments, mais que cela n’empêche pas de maintenir une perte de poids… Le facteur réellement corrélé à la réduction pondérale ? L’adhésion aux sessions. Autrement dit, ce sont les facteurs comportementaux plus que le métabolisme des nutriments qui comptent. Divers éléments, comme la conformité avec les habitudes culturelles, l’étiquette de la nouveauté scientifique, la caution des médias sont manifestement à l’origine du succès de certains régimes particuliers…

Au final, ce qui compte quand on veut perdre du poids – et cela rejoint la pratique clinique de ceux qui s’occupent de patients obèses – c’est peut être simplement d’être à l’aise avec ce que l’on mange et de le rester… C’est la meilleure garantie de réussite à long terme.

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
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