Améliorer les repas à l’école Les moyens efficaces pour augmenter la consommation de fruits et légumes chez les enfants

Lois définissant les repas à l’école et disparités des consommations de fruits et légumes

La grande majorité des adolescents aux Etats-Unis ne consomme pas les quantités recommandées de fruits et légumes (F&L) 1. Un obstacle fréquent serait leur accès limité à la maison. Pour de nombreuses familles existent des barrières physiques, sociales et économiques à l’accès aux aliments sains 2-4. Les disparités entre quartiers dans l’accès aux aliments sains ont été largement documentées aux Etats-Unis 4.

Des lois pour renforcer les standards des repas à l’école

L’un des objectifs des «programmes de repas à l’école» était de proposer une source alternative de F&L aux écoliers victimes de ces barrières. Différentes études ont cependant montré que les repas scolaires ne respectent pas souvent les recommandations nutritionnelles 5,6. Par conséquent, de nombreux décideurs, au niveau local, de l’état ou fédéral, ont promulgué des lois pour renforcer les standards des repas à l’école et y inclure un nombre minimum de F&L 7,8.

Nous avons mené cette étude pour déterminer si :

  1. les écoliers des états ayant promulgué des lois pour inclure des F&L aux repas scolaires consommaient globalement plus de F&L.
  2. de telles lois étaient bien associées à une réduction des disparités de consommation des F&L entre les écoliers qui y avaient accès à la maison et ceux n’y ayant pas accès.

Données sur la consommation de F&L et législation des différents Etats

Cette étude transversale a porté sur la relation entre les données sur la consommation de F&L des écoliers et les lois régissant les F&L dans le repas à l’école pour l’Etat correspondant.

Les données concernant les écoliers provenaient de l’Etude Nationale sur l’Activité Physique et La Nutrition chez les Jeunes (the National Youth Physical Activity and Nutrition Study NYPANS), une étude nationale représentative des écoliers des classes de 3ème jusqu’en terminale menée par les Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies (Centers for Disease Control and Prevention – CDC) au printemps 2010 9.

Les données concernant les différentes législations ont été obtenues grâce aux bases de données de recherches légales dans le cadre du programme de recherche « Combler le Fossé –Bridging the Gap ».

Les écoliers ont rempli un questionnaire sur le nombre de tasses de F&L bues ou mangées quotidiennement (fruits et légumes ont été mesurés séparément). Ils ont également noté la disponibilité des F&L à la maison, ainsi que celle d’aliments « malsains » (chips, cookies ou cakes). Il y avait 5 réponses possibles aux questions sur l’accessibilité des aliments allant de « jamais » à « toujours ». Ces données ont été comparées aux lois des différents Etats fixant les standards des repas scolaires au lycée. Au cours de l’année scolaire 2009-2010, seuls deux Etats participant à NYPANS – la Californie et le Mississippi – ont fixé un nombre minimum de F&L dans les repas à l’école.

Importance de l’environnement familial

Comme prévu, les écoliers consommaient plus de F&L quand ils étaient accessibles à la maison. Ainsi, la consommation de légumes variait de 0,41 tasses/jour chez les écoliers n’ayant jamais accès aux F&L à la maison (Intervalle de Confiance à 95 % (IdC 95% = 0,28 – 0,54) à 1,25 tasses/jour chez les écoliers y ayant accès (IdC à 95% = 1,19 – 1,31). A l’inverse, plus les écoliers avaient accès aux aliments malsains, moins ils consommaient de F&L.

Législations d’Etats associées à une réduction des disparités

Pour l’ensemble de l’échantillon, on a retrouvé peu d’associations entre les lois recommandant les F&L et leur consommation. En moyenne, les écoliers des Etats de Californie/Mississippi consommaient chaque jour 0,03 tasses de moins de fruits (IdC 95 % = -0.09 – 0,03) et 0,04 tasses de plus de légumes (IdC 95 % = -0,02 – 0,11) que ceux des autres Etats n’ayant pas de lois régissant les F&L.

En revanche, ces lois étaient bien associées à une plus forte consommation de F&L chez les écoliers qui n’y avaient pas accès régulièrement à la maison, surtout s’ils prenaient leurs repas à l’école 4-5 jours/semaine. En moyenne, les écoliers de ce sous-groupe consommaient 0,45 tasses de plus de fruits (IdC à 95% = 0,07 – 0,84) et 0,61 tasses de plus de légumes (IdC à 95% = 0,21 – 1,00) s’ils résidaient en Californie ou au Mississippi que dans les autres Etats.

Des lois bénéfiques chez les écoliers ayant un accès limité aux F&L à la maison

L’environnement familial est un facteur prédictif constant de la consommation de F&L chez les enfants 10. Cette étude montre que les lois imposant des F&L dans les repas scolaires peuvent être bénéfiques chez les écoliers ayant un accès limité aux F&L à la maison. Les résultats étaient les mêmes pour les deux Etats ayant fixé des standards stricts pour les repas scolaires, bien qu’étant très différents aux niveaux politiques, démographiques et culturels.

Les résultats de notre étude sont limités car il s’agit d’une étude transversale. Il est donc impossible d’affirmer que les lois sur les F&L entraînent bien une hausse de leur consommation. Cependant nos résultats sont encourageants, sachant, qu’à la base, les programmes de repas scolaires américains devaient justement réduire les problèmes des écoliers de milieux défavorisés. Des études antérieures ont suggéré que les programmes de repas scolaires n’avaient pas atteint leur objectif et qu’améliorer les standards pour les repas scolaires pourrait réduire les disparités provoquées par les difficultés en dehors de l’école.

Daniel R. Taber
Division de Promotion de la Santé et des Sciences du Comportement, Ecole de Santé Publique de l’Université du Texas, Austin, Texas, USA
Jamie F. Chriqui
Institut de Recherche et de Politique de Santé, Université d’Illinois à Chicago, Chicago, Illinois, USA
Frank J. Chaloupka
Institut de Recherche et de Politique de Santé, Université d’Illinois à Chicago, Chicago, Illinois, USA & Département d’Economie, Université d’Illinois à Chicago, Chicago, Illinois, USA
  1. Kimmons J, et al. Fruit and légumes intake among adolescents and adults in the United States: percentage meeting individualized recommendations. Medscape J Med. 2009;11(1):26.
  2. Institute of Medicine National Research Council. The Public Health Effects of Food Deserts: Workshop Summary. Atlanta, GA: National Academies Press;2009.
  3. Larson NI, et al. Neighborhood environments: disparities in access to healthy foods in the U.S. Am. J. Prev. Med. Jan 2009;36(1):74-81.
  4. Lovasi GS, et al. Built environments and obesity in disadvantaged populations. Epidemiol. Rev. 2009;31:7-20.
  5. Crepinsek MK, et al. Meals offered and served in US public schools: do they meet nutrient standards? J. Am. Diet. Assoc. Feb 2009;109(2 Suppl):S31-43.
  6. Finkelstein DM, et al. School food environments and policies in US public schools. Pediatrics. Jul 2008;122(1):e251-259.
  7. Nutrition standards in the National School Lunch and School Breakfast Programs. Final rule. Fed. Regist. Jan 26 2012;77(17):4088-4167.
  8. Chriqui J, et al. School District Wellness Policies: Evaluating Progress and Potential for Improving Children’s Health Five Years After the Federal Mandate. School Years 2006–07 through 2010-11. Volume 3. Chicago, IL: Bridging the Gap, Healthy Policy Center, Institute for Health Research and Policy, University of Illinois at Chicago; 2013.
  9. Centers for Disease Control and Prevention. National Youth Physical Activity and Nutrition Study. http://www.cdc.gov/healthyyouth/yrbs/nypans.htm. Accessed October 1, 2013.
  10. Pearson N, et al. Family correlates of fruit and légumes consumption in children and adolescents: a systematic review. Public Health Nutr. Feb 2009;12(2):267-283.
Retour Voir l'article suivant