Améliorer les repas à l’école Les moyens efficaces pour augmenter la consommation de fruits et légumes chez les enfants

Édito

Est-il encore possible d’augmenter la consommation de fruits et légumes de nos enfants ?

Voici près de 15 ans que l’OMS a pointé le faible niveau de la consommation de fruits et de légumes chez les enfants. En 2003 en Europe, 17,6% seulement des enfants de 11 ans atteignaient la recommandation de 400g/jour. En 2004, une stratégie a donc été adoptée qui a conduit à mondialiser l’idée «fruits et légumes 5 fois par jour». Les initiatives se sont multipliées dans le monde, sans grand succès. Les chercheurs se sont alors penchés sur la question en décortiquant les raisons pour lesquelles les résultats ne sont pas au rendez-vous. De nombreuses expérimentations ont été faites, auprès de plusieurs publics en milieu scolaire, débouchant sur des recommandations.

Les articles présentés ici confirment que, plus que des lois, ce sont des règles de bon sens et de bien vivre qui sont les plus stimulantes pour les enfants : assurer la diversité des produits, présenter les mets de façon attractive, exposer fréquemment les enfants aux F&L. Et, surtout, ils soulignent l’importance fondamentale de la famille, de son comportement, de sa capacité d’échanges autour de la nourriture et de son caractère d’exemplarité pour les enfants.

Ainsi, nous connaissons les « recettes ». Mais leur mise en oeuvre reste difficile. Si les mentalités font écran (faire des efforts pour construire et non subir son alimentation), les réglementations également (le principe de la libre concurrence induit des règles des marchés publics qui limitent les approvisionnements en F&L frais locaux ; les règles sanitaires drastiques dans les établissements collectifs découragent l’utilisation de F&L frais). Les intérêts privés ne s’effacent pas toujours devant les intérêts collectifs. Le raisonnement par les bas prix au niveau des approvisionnements nuit à la qualité gustative des F&L, rejetés alors – à juste titre – par les enfants au profi t de « junk foods » tellement plus attractives. Le discours santé, souvent associé aux F&L , les a rendus un peu austères et associés à une notion d’effort. Par ailleurs, le «discours santé» n’est pas compréhensible par les enfants: pour eux, la « non santé » est une perspective bien trop lointaine !

La Commission Européenne a, elle aussi, lancé en 2009 le programme « School Fruit Scheme ». 54 000 écoles, 24 États membres y participent; un fi nancement de 90 millions d’euros lui est dédié en 2013/2014. Pour assurer une cohérence européenne dans la mise en place de ce programme, dans l’organisation de mesures d’accompagnement susceptibles d’assurer le succès et l’évaluation des résultats, un comité de 10 experts scientifi ques européens a été nommé sur appel d’offres en 2009 (OJ L 338). Multidisciplinaire et multiculturel, ce comité cherche les consensus et propose des modifi cations dans les règles d’accès au programme, d’éligibilité des dépenses. Il émet des principes et des recommandations pour une plus grande effi cacité du dispositif. Espérons que les consensus scientifi ques dépasseront les débats politiques et la diplomatie et qu’ils seront entendus par la CE et transmis aux Etats membres dans l’intérêt de tous.

Martine Padilla
Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes, Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (CIHEAM-IAM), FRANCE
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