« Alimentation des femmes en Australie »

Tout savoir sur les habitudes alimentaires des femmes australiennes

Diverses études ont montré que les femmes Australiennes ont un fort risque de prise de poids au début de l’âge adulte et à l’âge mûr et que les facteurs alimentaires joueraient un rôle important. En revanche, peu de données existent sur les variations des habitudes alimentaires en fonction de l’âge, des facteurs socio-démographiques ou des facteurs comportementaux. Il est utile de disposer de telles données pour étayer les programmes et les politiques nutritionnels.

Notre étude s’est donnée pour objectif d’évaluer les principaux profils alimentaires de deux cohortes de femmes australiennes, d’âges différents, afin d’analyser leurs différences et les variations en fonction des facteurs socio-démographiques et comportementaux et des styles d’alimentation.

Près de 20 000 femmes étudiées

L’étude longitudinale Australienne sur la santé des femmes – ALSWH (Australian Longitudinal Study on Women’s Health) – a débuté en 1996. C’est une étude longitudinale nationale portant sur les facteurs modifiant la santé et le bien-être des femmes. Les participantes ont complété un questionnaire de fréquence de consommation de 80 aliments. Les informations ont été recueillies en 2001, chez des femmes âgées de 50- 55 ans (n=10150; “âge mûr”) puis en 2003 chez des femmes plus jeunes de 25-30 ans (n=7371).

La méthode d’analyse factorielle (AF) a été utilisée pour identifier les profils alimentaires. Un score a été calculé à partir de la consommation d’aliments associés à chaque profil alimentaire. Au départ, l’AF a été menée séparément pour les jeunes femmes et celles d’âge mûr. Cependant, comme leurs comportements alimentaires étaient similaires, les données des deux cohortes ont été combinées. Un score plus élevé était associé à une plus forte consommation d’aliments associés à un profil alimentaire précis.

Les facteurs influençant les profils alimentaires

Six profils alimentaires ont été identifiés et intitulés :

  1. « légumes cuits »
  2. « fruits »
  3. « Méditerranéen »
  4. « charcuterie, viandes et plats à emporter »
  5. « produits laitiers à faible teneur en matières grasses »
  6. « aliments riches en graisses et en sucres ».

1 – L’âge

Comparées aux plus jeunes, les femmes d’âge mûr avaient des scores :

  • plus élevés pour les profils « légumes cuits », « fruits », « Méditerranéen », « produits laitiers à faible teneur en graisses »,« aliments riches en graisses et en sucres » ;
  • plus faibles pour le profil « charcuterie, viandes et plats à emporter ».

2 – Facteurs démographiques

Vivre dans des milieux ruraux ou en province était associé avec des scores :

  • élevés pour les profils « légumes cuits », « charcuterie, viandes et plats à emporter » et « aliments riches en graisses et en sucres ».
  • plus faibles pour les profils « fruits »et « Méditerranéen ».

Etre célibataire était également associé avec des scores plus élevés pour « légumes cuits » et « charcuterie, viandes et plats à emporter ».

3 – Facteurs socio-économiques

Un niveau d’éducation plus élevé était associé à des scores :

  • plus faibles pour « légumes cuits » et « charcuterie, viandes et plats à emporter » ;
  • plus élevés pour « fruits »et « Méditerranéen », « produits laitiers à faible teneur en matières grasses » et « aliments riches en graisses et en sucres ».

En comparaison des cadres ou des professions libérales, les femmes au chômage avaient des scores :

  • plus élevés pour les « légumes cuits », « charcuterie, viandes et plats à emporter » et « aliments riches en graisses et en sucres » ;
  • plus faibles pour « Méditerranéen »

4 – Hygiène de vie

Des niveaux plus élevés d’activité physique étaient associés à des scores :

  • élevés de « légumes cuits », « fruits », « Méditerranéen » et « produits laitiers à faible teneur en matières grasses »
  • plus faibles pour « charcuterie, viandes et plats à emporter ».

Comparées aux femmes de poids normal, les participantes obèses ou en surpoids avaient des scores :

  • plus élevés pour « légumes cuits », « charcuterie, viandes et plats à emporter », « fruits » et « produits laitiers à faible teneur en matières grasses » ;
  • moins élevés pour « Méditerranéen » et « aliments riches en matières grasses et en sucres ».

Le tabagisme (modéré à important) était associé à de scores :

  • plus élevés pour « charcuterie, viandes et plats à emporter »
  • plus faibles pour « produits laitiers à faible teneur en matières grasses » et « fruits ».

Les participantes ayant une tendance à la consommation d’alcool avaient des scores :

  • plus élevés pour les profils « Méditerranéen » et « charcuterie, viandes et plats à emporter »
  • plus faibles pour les profils « légumes cuits », « fruits », « produits laitiers à faible teneur en matières grasses » et « aliments riches en matières grasses et en sucres » que celles ayant de moindres risques.

Privilégier les facteurs socio-économiques et les comportements en rapport avec la santé

Les habitudes alimentaires les plus saines sont généralement associées à d’autres comportements de vie sains, un statut socioéconomique plus élevé et la vie en zone urbaine. Malgré quelques différences au niveau des consommations d’aliments spécifiques, les habitudes alimentaires sont similaires entre les deux générations. Ceci suggère que les politiques de santé et les interventions pour améliorer l’alimentation devraient plutôt cibler les facteurs socio-économiques et les comportements en rapport avec la santé que de se centrer sur les différences d’âge.

Gita D Mishra
Ecole de Santé Publique, Université du Queensland, Herston, QLD 4006, Australie
  • Mishra GD, McNaughton SA, Ball K, Brown WJ, Giles GG, Dobson AJ. (2010) Major dietary patterns of young and middle aged women: results from a prospective Australian cohort study. EJCN 64(10):1125-33.
Retour Voir l'article suivant