L’ENFANCE : une période critique du développement des habitudes alimentaires

Édito

Persuader les enfants de consommer suffisamment de fruits et légumes représente une préoccupation universelle dans les pays développés. Ainsi, c’est à juste titre que les articles de cette newsletter sont consacrés aux premières années de la vie. Les préférences alimentaires sont influencées par les expériences du tout début de la vie, tel que Catherine Forestell le décrit dans son article Des prédispositions innées qui font préférer les aliments sucrés ou riches en énergie et éviter ceux qui sont acides ou amers seraient des barrières à la consommation des légumes par les enfants, mais l’expérience jouerait également un rôle. Les mères qui consomment suffisamment de légumes durant la grossesse et l’allaitement offrent ainsi à leurs enfants l’expérience de saveurs dans le liquide amniotique et le lait maternel. Cette exposition gustative semble rehausser l’acceptation et favoriser une préférence pour de nouveaux aliments au cours du sevrage.

L’importance de l’expérience précoce est à nouveau démontrée par les travaux de Sophie Nicklaus et ses collègues. Son article décrit une étude expérimentale longitudinale dans une crèche en France. Les choix alimentaires d’enfants âgés de 2-3 ans, lors des déjeuners sous forme de buffet, ont été notés et comparés à leurs préférences alimentaires 4 à 22 ans plus tard. Les préférences pour les légumes, et la variété de légumes consommée lors du suivi, étaient prédites par la consommation de départ, suggérant que les habitudes alimentaires de toute une vie sont déjà établies dès la petite enfance.

Le troisième article de Lucy Cooke (University College à Londres) clôt le débat, en suggérant différentes techniques d’exposition (ou d’expériences) pour augmenter l’acceptation des légumes par les enfants. Il est bien connu que les tendances des enfants à éviter tout nouvel aliment (la néophobie) est une barrière à la consommation de fruits et légumes. Cependant, elle peut être surmontée par des dégustations répétées de petites quantités. Une série d’études en situation “semi-naturelle” portant sur un échantillon de parents et de leurs enfants âgés de 2 à 7 ans, provenant de milieux socio-économiques différents, démontre l’efficacité de cette approche. Ces études représentent un appel d’air frais aux parents qui étaient sur le point d’abandonner l’espoir qu’un jour leurs enfants mangent enfin des légumes !

De plus en plus d’études montrent que la période critique du développement des habitudes alimentaires se situe dans la petite enfance et les techniques les plus efficaces pour améliorer les habitudes alimentaires des enfants commencent à être élucidées. La communication de ces résultats aux parents et à toutes les personnes concernées par l’alimentation des jeunes enfants doit devenir une priorité.

Jane Wardle
CR-UK Unité Comportement et Santé - University College Londres - UK
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