Fruits et légumes plus accessibles II

Édito

Il y a 40 ans, Paris était le théâtre des “Evènements de mai 68”. Cette étonnante et palpitante explosion de radicalisme a impliqué les étudiants, alliés aux syndicalistes. Ils ont fait irruption dans les rues pour demander la fin du vieux système inégalitaire et corrompu. Face cette violence de la rue, le vieillissant Président De Gaulle s’est brièvement éclipsé. Les protestataires demandaient, non seulement une libération culturelle, mais aussi une participation directe au gouvernement et aux affaires. Ces demandes révolutionnaires étaient idéalistes et n’ont pu l’emporter. Peu après Mai 1968, les Gaullistes ont été réélus.

Aujourd’hui, le sommet fruits et légumes de Paris, et ce numéro d’Equation Nutrition, traitent du thème de la promotion de la consommation de fruits et légumes. Quarante ans après 68, on peut encore le percevoir comme un nouveau recul de la solidarité sociale. Mais cette interprétation serait simpliste, voire complètement fausse. Les inégalités sociales en matière de santé sont une des plus importantes conséquences des sociétés hiérarchisées. Elles persistent dans les pays riches et, comme noté en 1968 par les “Marxistes tendance Groucho”, elles ont des racines matérielles et culturelles. Se focaliser sur des stratégies pour augmenter la consommation des fruits et légumes chez les personnes à faibles revenus indiquerait que les intérêts commerciaux, reflétés par l’IFAVA, peuvent progressivement évoluer. Bien moins romantiques que l’occupation des universités, la mise en place de ces stratégies de façon créative et déterminée devrait faire évoluer de manière significative l’état de santé des personnes socialement défavorisées.

Eric Brunner
Professeur adjoint en épidémiologie et santé publique University College London - GB
Voir l'article suivant