Alimentation et déclin cognitif

Édito

Identifi er des stratégies effi caces pour prévenir et ralentir le déclin des fonctions cognitives, retarder le diagnostic de démence et sa forme la plus fréquente, la Maladie d’Alzheimer (MA), est devenue une priorité de santé publique au sein des populations vieillissantes dans le monde entier. Il n’existe aucun traitement curatif de la MA. Les plus importants facteurs de risques de démence et de MA, le vieillissement et la prédisposition génétique, ne sont pas modifi ables. Cependant, certaines études épidémiologiques indiquent qu’on pourrait prévenir la démence et la MA. Ainsi, des facteurs cardiovasculaires et métaboliques – hypertension, surpoids – obésité – seraient des facteurs de risque majeurs de démence et de MA, surtout vers la cinquantaine. Ceux-ci peuvent être modifi és en améliorant l’environnement, en particulier en favorisant l’activité physique et une alimentation équilibrée. Ces derniers pourraient donc représenter des moyens de prévention de la dégénérescence des fonctions cognitives liée à l’âge. Une consommation accrue de fruits et légumes (F&L) intégrée à une alimentation saine de type Méditerranéen a été constamment associée à une réduction du risque de déclin des fonctions cognitives et de MA.

Les connaissances actuelles de l’impact des F&L sur le vieillissement du cerveau se sont étoffées grâce à plusieurs études résumées dans cette revue.

D’abord, les résultats originaux de Kesse-Guyot et coll. suggèrent qu’une exposition précoce, c’est-à-dire dès la cinquantaine, à une alimentation riche en caroténoïdes aurait des bénéfi ces pour la santé cognitive plus tard dans la vie. Yannakoulia et coll. ainsi que Pastor-Valero et coll. suggèrent qu’une bonne alimentation ne doit pas être considérée de manière isolée dans le maintien des performances cognitives. L’alimentation doit s’intégrer à un ensemble de comportements sains, ayant des effets synergiques au niveau de la santé cognitive: une plus forte consommation de F&L, un niveau socio-économique plus élevé, une activité physique plus importante. Globalement… une hygiène de vie plus saine.

En effet, en plus de l’alimentation, les habitudes sociales, culturelles et traditionnelles et leurs interactions, agissent dès la cinquantaine, voire même avant, augmentant les risques de maladie. Comprendre les interactions complexes entre les facteurs environnementaux individuels au cours de la vie et les prédispositions génétiques dans le cas du vieillissement des fonctions cognitives constitue un nouveau défi que la recherche doit relever dans les prochaines décennies.

Nous espérons qu’une vision globale des risques permettra d’envisager des interventions multimodales pour prévenir la MA et la démence, permettant ainsi de réduire le fardeau de cette maladie dévastatrice.

Catherine Féart
INSERM & Université de Bordeaux, ISPED (Institut de Santé Publique, d’Épidémiologie et de Développement), Centre INSERM U1219-Bordeaux Population Health, FRANCE
Cécilia Samieri
INSERM U897, Université de Bordeaux, FRANCE
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