Obésité : un rapport ambitieux pour améliorer la prévention et la prise en charge

9 mai 2023

Dans un rapport rendu le 27 avril aux ministres chargés de la Santé et de la Solidarité, Martine Laville, professeure de nutrition à l’Université Lyon 1, souligne la nécessité d’une approche globale de l’obésité et appelle à agir urgemment pour mieux prévenir et prendre en charge cette pathologie. Destiné à fonder la future politique publique en la matière, ce travail formule 40 recommandations concrètes allant de l’amélioration de l’environnement alimentaire à l’organisation du système de soin ; en passant par le pilotage de l’action publique. Aprifel se réjouit de ce travail ambitieux qui conforte le sens des actions menées par l’association.

Malgré plusieurs politiques publiques mises en place depuis les années 2000 – PNNS, PNA, ou encore Feuille de route obésité 2019-2022 – un Français sur deux est actuellement en surpoids ou obèse. Une tendance qui ne va pas en s’améliorant puisque l’OMS considère que l’Europe sera confrontée à une épidémie d’obésité d’ici 2030 (OMS, 2016) et que l’OCDE prévoit une réduction de l’espérance de vie de 2,3 ans en France du fait de l’obésité et des affections qui y sont associées (OCDE, 2019).

x 2

c’est la multiplication de la prévalence de l’obésité en France depuis 1997 (Ligue contre l’obésité, 2021).

17%

des adultes français sont obèses (Ligue contre l’Obésité, 2021).

25 à 29%

de la population serait en situation d’obésité d’ici 2030 (OMS, 2016).

40 recommandations pour un plan d’action ambitieux

Face à l’urgence de la situation, les pouvoir publics ont mandaté la Pr Martine Laville (voir encadré) afin de proposer des mesures concrètes pour mieux prévenir et prendre en charge l’obésité. Le rapport rendu fin avril est le fruit de ce travail. Il propose 4 grands axes d’action et 40 recommandations allant de l’amélioration de l’environnement alimentaire à l’organisation du système de prévention et de soin ; en passant par le pilotage de l’action publique en la matière :

  1. Diminuer l’incidence de l’obésité en agissant prioritairement sur les plus défavorisés ;
  2. Augmenter l’accès à des soins adaptés pour les personnes en surpoids ou obèses ;
  3. Investir dans la recherche et l’innovation.
  4. Investir prioritairement dans les départements et régions d’outre-mer
Les DROM cumulent tous les obstacles à une bonne santé décrits pour la métropole. Il est nécessaire de prioriser l’action sur ces territoires, en s’adaptant aux spécificités locales.
Martine Laville, Professeure en nutrition

En raison de la situation sanitaire très dégradée dans les départements et régions d’Outre-mer, ces territoires font l’objet d’une partie spécifique. Les DROM cumulent en effet tous les facteurs favorisant le développement de l’obésité et les complications qui lui sont associées comme le diabète et l’hypertension artérielle. L’ensemble des recommandations formulées dans ce rapport doivent ainsi être mises en place sur ces territoires avec un soutien particulier et une adaptation aux conditions locales.

Miser sur la prévention et prioriser les publics les plus sensibles

Le surpoids et l’obésité, ainsi que les maladies associées, peuvent être en grande partie prévenus par la création d’environnements favorables à la santé et l’accompagnement des individus vers des modes de vie plus sains, notamment en matière d’alimentation et d’activité physique. Ainsi, le premier objectif de ce rapport s’articule autour de plusieurs mesures permettant d’agir sur l’environnement alimentaire, la sédentarité et l’éducation, en ciblant particulièrement les enfants et les populations défavorisées.

La prévalence de l’obésité est 4 fois plus élevée chez les enfants d’ouvriers que chez ceux dont les parents sont cadres.
Martine Laville, Professeure en nutrition

Parmi les mesures proposées, un accent particulier a été porté sur le renforcement de l’accès à la cantine pour les enfants de classes sociales défavorisées, ainsi que l’interdiction de la publicité pour les aliments de mauvaise qualité nutritionnelle aux heures de grande écoute des enfants et adolescents.

Ces recommandations vont dans le sens des actions menées et soutenues par Aprifel depuis sa création. La lutte contre les inégalités sociales de santé a notamment été pointée comme un enjeu prioritaire lors de plusieurs conférences EGEA. En 2015, Aprifel a également accompagné l’étude ”Fruits et Légumes A La Maison” qui a souligné l’effet positif de bons d’achats de fruits et légumes sur leur consommation quotidienne auprès d’enfants issus de milieux défavorisés.

La cantine est un lieu à fort potentiel pour l’éducation alimentaire, notamment pour les fruits et légumes.
Martine Laville, Professeure en nutrition

Concernant l’éducation à la santé et à l’alimentation, Aprifel travaille depuis 2020 soutenir l’action des enseignants sur ces sujets. Sur la base d’un état des connaissances récents, le dispositif pédagogique « Les fruits et légumes au tableau ! » a ainsi été conçu par Réseau Canopé® avec le concours scientifique d’Aprifel. Il est déployé depuis la rentrée 2021 auprès de tous les enseignants et leurs élèves du CP au CM 2 (Cycle 2 et 3).

La formation des professionnels de santé, un levier clé

Autre pilier important de ce rapport, la nécessité de reconnaître l’obésité comme une maladie chronique mais également de faciliter et d’optimiser l’accès aux soins.
Pour ce faire, le rapport met d’accent sur l’importance de la pluridisciplinarité dans la prise en charge et souligne la nécessité de mieux former les professionnels de santé. Il comporte ainsi des recommandations visant à intégrer la prévention nutritionnelle dans le cursus de formation initiale et continue, dès la première année de médecine.

Le rôle clé des professionnels de santé pour accompagner la population vers des habitudes alimentaires plus saines et le besoin d’intégrer davantage la nutrition dans leur formation sont deux piliers qui ont guidé les actions d’Aprifel envers ce public. Avec sa revue Equation Nutrition et par les supports qu’elle développe, en particulier ceux du programme Fruit & Veg 4 Health 2018-2020, Aprifel s’attache à fournir aux médecins des outils pour appuyer leurs actions de conseil nutritionnel auprès de leurs patients.

La nécessité d’un comité interministériel pour piloter le plan de prévention et de prise en charge de l’obésité

En conclusion de son rapport, Martine Laville souligne que la lutte contre l’obésité implique des actions pluridisciplinaires, transverses à la société et fait intervenir des acteurs d’horizons variés. Compte tenu des différents ministères à mobiliser, le Pr Laville recommande que la stratégie de prévention et de prise en charge de l’obésité soit portée par un comité interministériel pour la santé, placé sous la responsabilité de la Première Ministre, et relayé sur le plan opérationnel par une équipe projet transverse.

Face à ces enjeux, la professeure Laville se déclare confiante au regard de la culture française qu’elle considère comme solidaire et faisant preuve de bonne volonté, un espoir pour atteindre collectivement ces objectifs.

Qui est Martine Laville ?

Professeure émérite de nutrition à l’Université Claude Bernard Lyon 1, Martine Laville est docteur en médecine. Elle est impliquée dans l’enseignement de la nutrition et dans le traitement du diabète et de l’obésité. Elle est responsable du FORCE (Réseau d’Excellence Obésité Française), un réseau national consacré à la recherche clinique sur l’obésité. Elle a participe-é à des projets d’infrastructure européens ECRIN (leader de WP Nutrition), et coordonné des initiatives JPI HDHL (« Joint Programming Initiative on Healthy Diet for a Healthy Life ») comme @OBEDIS sur le phénotypage dans l’obésité. Martine Laville a également co-présidé la conférence EGEA 2018 « Alimentation et santé : de la science à la pratique », organisée dans le cadre du programme européen Fruit & Veg 4 Health.

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