« Promotion d’une alimentation équilibrée sur le lieu de travail »

Amélioration des comportements alimentaires des ouvriers danois

Une plate-forme de promotion de la santé

Si des études ont montré que l’entreprise représentait une excellente plate-forme pour promouvoir et maintenir les modifications des comportements de santé, en particulier une alimentation plus saine chez les employés 1-3, peu d’entre elles, en particulier en Europe, se sont focalisées sur les ouvriers. C’est ce que nous avons fait en utilisant une approche englobant la participation et la responsabilisation. Notre étude (L’Alimentation au Travail – Food at Work) 4,5 a évalué les opportunités de promotion d’une alimentation plus saine en entreprise auprès des ouvriers et analysé leur impact à long terme.

Schéma de l’étude Alimentation au Travail

Cette étude a été menée au Danemark en partenariat avec le Syndicat Général des Travailleurs (General Workers’ Union). Huit entreprises ont été réparties en différentes catégories selon leur type et la présence ou non d’un restaurant d’entreprise. Elles ont été réparties de manière aléatoire entre un groupe d’intervention (5 entreprises) ou un groupe témoin à intervention minimale (3 entreprises). Sur les sites d’intervention, différents documents affichant un message simple et positif de promotion d’une alimentation saine ont été distribués. Dans chaque entreprise, les membres de ce projet étaient directement responsables de la mise en oeuvre des activités de communication reliées à la nutrition au niveau individuel et environnemental.

Des méthodes d’évaluation multiples

Différentes méthodes d’évaluation ont été utilisées :

  1. Les données concernant les perceptions individuelles ont été recueillies auprès d’ouvriers choisis au hasard en remplissant un questionnaire standardisé;
  2. Les modifications des habitudes alimentaires des ouvriers ont été mesurées du début à la fin de l’étude en utilisant un registre alimentaire portant sur 4 jours.
  3. L’environnement nutritionnel de chaque restaurant d’entreprise a été caractérisé par l’analyse chimique des nutriments présents dans les différents plats individuels, selon la méthode de duplication des plats
  4. Enfin, au terme de l’étude, des entretiens individuels semi-structurés avec 23 acteurs clés (membres des groupes projet : représentants des ouvriers et des cadres ainsi que gérants des restaurants d’entreprises).

Des ouvriers favorables à la promotion d’une alimentation plus saine

Les résultats montrent que les ouvriers sont favorables à la promotion d’une alimentation plus saine dans leur entreprise. L’ampleur de cette attitude positive a augmenté au fur et à mesure du déroulement du projet (n=200, p=0,013) si bien qu’à la fin de l’étude, 93% des ouvriers étaient d’accord pour que leur entreprise participe, à petite ou grande échelle, à la promotion d’une alimentation plus saine.

Une augmentation prédominante sur les fruits

Dans le groupe intervention (n=102), on a observé des effets positifs significatifs sur l’alimentation des ouvriers, tels une réduction significative de la valeur médiane des apports énergétiques provenant des matières grasses de 2,2 % (p=0,002) et une augmentation de la consommation de fibres de 3 g par 10 MJ (p<0,001). Ces modifications étaient statistiquement différentes de celles notées dans le groupe témoin à intervention minimale. En outre, on a noté une augmentation significative de la valeur médiane de la consommation de fruits et légumes (95 g pour 10 MJ (P=0,002)) dans le groupe d’intervention, liée en majorité à une hausse de la consommation de fruits (74 g pour 10 MJ (p=0,009)).

Des repas plus sains au restaurant d’entreprise

Une amélioration de la composition nutritionnelle des repas proposés au restaurant d’entreprise a été démontrée : la valeur médiane de l’apport énergétique des matières grasses a été réduite de 11 % dans les plats choisis par les ouvriers (p<0,001, n=144). Les gérants des restaurants d’entreprise ayant décidé de se focaliser sur la réduction de la teneur en matières grasses durant la période d’intervention, aucun changement n’a été noté avec le temps, quant à la teneur en fruits et légumes.

Le rôle important du représentant syndical

Les entretiens ont montré que l’implication des acteurs clés est un facteur important de succès du projet dans toutes les entreprises. Les représentants syndicaux ont souvent joué un rôle central dans la conduite du projet, surtout quand il y n’avait pas de restaurant d’entreprise. Quand il y avait un restaurant d’entreprise, les gérants des restaurants avaient tendance à prendre en charge la gestion du projet.

Mobiliser les syndicats

Cette étude met l’accent sur la possibilité de mobiliser les syndicats pour promouvoir une meilleure santé en entreprise. Elle démontre qu’il est possible d’améliorer les habitudes alimentaires des ouvriers. Avec le temps, de tels programmes visant à améliorer l’alimentation pourraient être étendus à toutes les collectivités. Une telle démarche contribuerait à l’amélioration de la santé publique en réduisant les maladies liées à l’alimentation par le biais de la promotion d’une alimentation saine.

Anne Dahl Lassen
Département de Nutrition, Institut National d’Alimentation, Université Technique du Danemark
  1. Alinia S et al. A workplace feasibility study of the effect of a minimal fruit inter vention on fruit and nutrient intake. Public Health Nutr 2010; DOI: 10.1017/S1368980010002569.
  2. Lassen A et al.Successful strategies to increase the consumption of fruits and vegetables: results from the Danish ‘6 a day’ Work-site Canteen Model Study. Public Health Nutr 2004; 7: 263-70.
  3. Thorsen AV et al. Long-term sustainability of a worksite canteen intervention of serving more fruit and vegetables. Public Health Nutrition 2010; 13: 1647-52.
  4. Lassen A et al. Factors influencing participation rates and employees’ attitudes toward promoting healthy eating at blue-collar worksites. Health Educ Res 2007; 22: 727-36.
  5. Lassen AD et al. Improving the diet of employees at blue-collar worksites: results from the ‘Food at Work’ intervention study. Public Health Nutr 2011; 14: 965-74.
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