Prévenir l’obésité infantile : des pratiques alimentaires aux recommandations nutritionnelles

Avis d’expert – Manger : acte inné ou apprentissage quotidien ? Deux questions à Véronique Nègre

Véronique Nègre Pédiatre au CHU de Nice et de l’AP-HM de Marseille – Présidente de l’APOP
L’Association pour la Prise en charge et la Prévention de l’Obésité en Pédiatrie (APOP) est une association loi 1901 créée en 2001. Les adhérents sont des professionnels de santé ou de l’éducation de toute la France impliqués dans la prévention et/ou la prise en compte de l’obésité de l’enfant et de l’adolescent.
VRAI OU FAUX ?
Se nourrir, c’est inné et cela ne s’apprend pas. Vrai & Faux

Effectivement pour se nourrir, bébé aura le réflexe, d’aller vers le sein et de téter ainsi que d’ajuster la quantité de lait maternel à ses besoins (Hym & Forma, 2020) : c’est la part innée, qui ne s’apprend pas et qui relève de la survie. Tout le reste, c’est de l’apprentissage.

Ainsi, consommer autre chose que du lait s’apprend. Et c’est un adulte (ou une personne plus âgée que lui) qui doit initier l’enfant à la fois à consommer des aliments différents, mais aussi à des textures différentes. Si cet apprentissage n’a pas lieu, le bébé ira vers ce qui lui semble sûr et rassurant.

Vers 2-3 ans une certaine réticence concernant la nouveauté est souvent observée. Cette néophobie vient de cette méfiance innée vis-à-vis d’aliments potentiellement dangereux (Rioux, 2020). Le bébé a donc besoin qu’on lui apprenne, qu’on le rassure et qu’on lui montre ce qui est bon.

Ce besoin de réassurance et de pédagogie est davantage vrai pour les légumes que pour les fruits qui sont sucrés et donc plus proches du goût du lait maternel, rassurant par essence (Ahern, Nicklaus et al 2013). Pour faciliter l’acceptation des légumes, une des astuces est de se rapprocher de l’alimentation originelle qui est le lait : les cuisiner avec de la crème, du fromage, en gratin… par exemple. Autres conseils pour « apprivoiser » les légumes : inciter l’enfant à sentir, toucher, croquer les légumes et l’inviter à verbaliser ce qu’il ressent. Ces échanges autour des légumes seront facilités si les enfants partagent la table familiale. On a souvent tendance à penser que l’argument santé aura une influence positive mais, en fait, l’axe du plaisir est un bien meilleur moteur pour faire accepter de nouveaux aliments : montrer que c’est bon, cuisiner, rendre les légumes goûteux et rassasiants en les associant avec des aliments connus et rassurants (pommes de terre pour un gratin ou pâtes par exemple). L’attitude éducative joue d’ailleurs énormément dans cet acte pédagogique (selon que le style parental est plutôt autoritaire, permissif, démocratique ou désengagé). Si on demande à un enfant de choisir son menu, il se tournera naturellement vers des aliments qu’il connait, qu’il aime et qui sont nourrissants. Poser un cadre et proposer permet d’inciter à découvrir.

Se nourrir, c’est inné et cela ne s’apprend pas. Vrai & Faux

Effectivement pour se nourrir, bébé aura le réflexe, d’aller vers le sein et de téter ainsi que d’ajuster la quantité de lait maternel à ses besoins (Hym & Forma, 2020) : c’est la part innée, qui ne s’apprend pas et qui relève de la survie. Tout le reste, c’est de l’apprentissage.

Ainsi, consommer autre chose que du lait s’apprend. Et c’est un adulte (ou une personne plus âgée que lui) qui doit initier l’enfant à la fois à consommer des aliments différents, mais aussi à des textures différentes. Si cet apprentissage n’a pas lieu, le bébé ira vers ce qui lui semble sûr et rassurant.

Vers 2-3 ans une certaine réticence concernant la nouveauté est souvent observée. Cette néophobie vient de cette méfiance innée vis-à-vis d’aliments potentiellement dangereux (Rioux, 2020). Le bébé a donc besoin qu’on lui apprenne, qu’on le rassure et qu’on lui montre ce qui est bon.

Ce besoin de réassurance et de pédagogie est davantage vrai pour les légumes que pour les fruits qui sont sucrés et donc plus proches du goût du lait maternel, rassurant par essence (Ahern, Nicklaus et al 2013). Pour faciliter l’acceptation des légumes, une des astuces est de se rapprocher de l’alimentation originelle qui est le lait : les cuisiner avec de la crème, du fromage, en gratin… par exemple. Autres conseils pour « apprivoiser » les légumes : inciter l’enfant à sentir, toucher, croquer les légumes et l’inviter à verbaliser ce qu’il ressent. Ces échanges autour des légumes seront facilités si les enfants partagent la table familiale. On a souvent tendance à penser que l’argument santé aura une influence positive mais, en fait, l’axe du plaisir est un bien meilleur moteur pour faire accepter de nouveaux aliments : montrer que c’est bon, cuisiner, rendre les légumes goûteux et rassasiants en les associant avec des aliments connus et rassurants (pommes de terre pour un gratin ou pâtes par exemple). L’attitude éducative joue d’ailleurs énormément dans cet acte pédagogique (selon que le style parental est plutôt autoritaire, permissif, démocratique ou désengagé). Si on demande à un enfant de choisir son menu, il se tournera naturellement vers des aliments qu’il connait, qu’il aime et qui sont nourrissants. Poser un cadre et proposer permet d’inciter à découvrir.

Il suffit de placer une corbeille de fruits en évidence chez soi pour en faire consommer à ses enfants Faux

Cela ne suffit pas. Certes, c’est utile et intéressant qu’il y ait une familiarisation avec les fruits. D’ailleurs, on propose plus rarement une corbeille de légumes et ce type de familiarisation serait intéressant aussi. Mais pour les enfants, un fruit entier reste difficile à consommer : peler une clémentine, mordre dans une pomme… Pour inciter à consommer des fruits, il faut les rendre présentables et accessibles pour l’enfant : éplucher, couper en petits morceaux, en quartiers…

J’ai eu l’occasion d’expérimenter des ateliers thérapeutiques pour des adolescents et des enfants d’âge primaire lors desquels étaient proposés des goûters en commun. J’ai constaté que le succès était toujours au rendez-vous lorsque l’on proposait des salades de fruits colorées et des brochettes de fruits, alors qu’il s’agit d’options très classiques et très simples à préparer. Ainsi, nous incitons les parents à travailler la présentation, et leur montrons que la mise en œuvre n’est pas compliquée grâce à des ateliers pratiques et ludiques. En termes de présentation, des expérimentations dans des selfs ont montré l’efficacité des buffets de crudités, mais aussi des assiettes de crudités variées déjà prêtes (vs une seule crudité présentée dans l’assiette) : le côté coloré et la possibilité de choisir s’avèrent très incitatifs (Bean, 2018 ; Lycett, 2017).

Il est donc indispensable d’avoir des fruits à la maison, c’est vrai, mais il est tout aussi indispensable de les présenter manière attrayante et simple pour qu’ils soient consommés.

Il suffit de placer une corbeille de fruits en évidence chez soi pour en faire consommer à ses enfants Faux

Cela ne suffit pas. Certes, c’est utile et intéressant qu’il y ait une familiarisation avec les fruits. D’ailleurs, on propose plus rarement une corbeille de légumes et ce type de familiarisation serait intéressant aussi. Mais pour les enfants, un fruit entier reste difficile à consommer : peler une clémentine, mordre dans une pomme… Pour inciter à consommer des fruits, il faut les rendre présentables et accessibles pour l’enfant : éplucher, couper en petits morceaux, en quartiers…

J’ai eu l’occasion d’expérimenter des ateliers thérapeutiques pour des adolescents et des enfants d’âge primaire lors desquels étaient proposés des goûters en commun. J’ai constaté que le succès était toujours au rendez-vous lorsque l’on proposait des salades de fruits colorées et des brochettes de fruits, alors qu’il s’agit d’options très classiques et très simples à préparer. Ainsi, nous incitons les parents à travailler la présentation, et leur montrons que la mise en œuvre n’est pas compliquée grâce à des ateliers pratiques et ludiques. En termes de présentation, des expérimentations dans des selfs ont montré l’efficacité des buffets de crudités, mais aussi des assiettes de crudités variées déjà prêtes (vs une seule crudité présentée dans l’assiette) : le côté coloré et la possibilité de choisir s’avèrent très incitatifs (Bean, 2018 ; Lycett, 2017).

Il est donc indispensable d’avoir des fruits à la maison, c’est vrai, mais il est tout aussi indispensable de les présenter manière attrayante et simple pour qu’ils soient consommés.

Références
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