Diversification alimentaire : informer et accompagner les parents facilite l’introduction et l’acceptation des textures par les enfants
La diversification alimentaire est une étape majeure durant laquelle l’exposition à une variété d’aliments et textures va influer sur la formation des habitudes alimentaires. Les connaissances actuelles montrent que les parents ont tendance à tarder à introduire de nouvelles textures, notamment par peur de l’étouffement. Face à ce constat, une étude d’intervention a testé l’efficacité d’un protocole d’accompagnement des parents. Ce travail montre un effet positif vis-à-vis de l’introduction de petits morceaux d’aliments mous, mais pas de textures plus complexes.
La diversification alimentaire (voir encadré) est une période clé dans la découverte des aliments par les nourrissons. Ponctuée de nombreuses transitions, cette étape permet d’introduire progressivement des groupes d’aliments et textures différentes. Les travaux expérimentaux menées sur l’acceptation des textures alimentaires révèlent que les nourrissons sont souvent en mesure d’avaler des aliments à un âge plus précoce que celui auquel leur parents les leur proposent (Demonteil, 2019). Ainsi, en France, les parents ont tendance à introduire tardivement les textures alimentaires par peur de l’étouffement (Marduel Boulanger, 2018 ; Demonteil, 2018) mais également par manque d’information sur la diversification alimentaire (INPES, 2005 ; Schwartz, 2011).
Afin de d’améliorer l’information des parents sur l’introduction des textures durant la diversification alimentaire, une étude pilote (Tournier, 2021) a été menée auprès d’enfants âgés de 8 à 15 mois. Cette étude est la première à apporter des éléments précis sur l’introduction des textures – pourquoi, comment et quoi – un sujet encore peu traité dans les recommandations nationales françaises.
Les conseils et un accompagnement régulier sont efficaces pour promouvoir l’introduction de petits morceaux d’aliments mous
L’intervention menée (voir encadré) a eu un effet positif sur l’introduction des textures alimentaires. Ainsi, les parents ayant bénéficié d’un suivi et de recommandations dédiées ont rapporté un score d’exposition aux textures significativement plus élevé que les parents du groupe contrôle. De même, les parents ayant bénéficié de l’intervention étaient significativement plus susceptibles d’introduire davantage de petits morceaux d’aliments mous.
Néanmoins, aucun effet n’a été observé pour l’introduction de textures plus complexes (grands morceaux, aliments durs). Cette absence d’effet pourrait s’expliquer par le fait que les enfants étaient déjà bien avancés dans leur transition vers l’alimentation familiale.
L’exposition aux aliments en morceaux et certains comportements alimentaires spécifiques favorisent l’acceptation
Indépendamment de l’intervention, les facteurs influençant l’exposition des enfants aux textures étaient l’ordre de naissance, l’auto-alimentation avec les doigts, la capacité de déglutition et l’utilisation peu fréquente d’aliments pour bébés du commerce.
Aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes pour l’acceptation des aliments texturés par les enfants.
Pour les deux groupes, une meilleure acceptation était associée à une plus grande exposition aux morceaux d’aliments – mais pas aux aliments en purée qu’ils soient lisses ou rugueux. Certains traits de comportements alimentaires – grand plaisir alimentaire, grande réceptivité aux aliments, faible agitation autour des aliments – étaient également associés à une plus grande acceptation.
Un cadre solide pour de futures recherches
Le cadre utilisé pour cette étude a permis de standardiser la procédure d’évaluation de l’acceptation de la texture pour tous les enfants. De plus, le grand nombre d’aliments et de textures étudiés lors de cette intervention pose un cadre solide pour de futures investigations.
Bien que les résultats aient démontré que fournir des informations aux parents soit efficace pour promouvoir l’introduction de petits morceaux d’aliments mous, les moyens d’encourager l’introduction de textures plus complexes restent à clarifier.
Ainsi, les travaux futurs devraient se concentrer sur l’identification des obstacles à l’introduction des morceaux et sur la manière d’exploiter les connaissances acquises dans le cadre de cette étude pilote pour une future intervention de santé publique.
Basé sur : Tournier C, et al. Fostering infant food texture acceptance: A pilot intervention promoting food texture introduction between 8 and 15 months. Appetite. 2021 ;158 :104989.
La diversification alimentaire correspond au passage d’une alimentation exclusivement constituée de lait à une alimentation plus variée comprenant des aliments solides. Elle débute généralement entre 4 et 6 mois et se poursuit jusqu’à l’âge de 3 ans. Il s’agit d’une période cruciale dans la vie du nourrisson, car elle permet de répondre aux besoins nutritionnels pour sa croissance et son développement mais participe également à la formation des préférences alimentaires qui influenceront sa santé à long terme. Il est aujourd’hui bien établi que l’exposition des nourrissons à une variété d’aliments texturés permet de favoriser leur acceptation et joue un rôle crucial dans la formation des habitudes alimentaires (Schwartz, 2018).
- Fournir des informations aux parents français sur l’introduction d’aliments texturés au cours de la diversification alimentaire, entraîne une augmentation de l’introduction de petits morceaux mous mais pas de textures plus complexes.
- Une plus grande exposition aux textures alimentaires est associée à une meilleure acceptation des aliments.
- L’acceptation est plus élevée chez les enfants qui apprécient manger, qui sont réceptifs à la nourriture et moins difficiles.
- La manière la plus efficace d’encourager l’introduction de textures plus complexes n’est pas encore élucidée.
- L’aptitude de l’enfant à accepter les textures alimentaires doit être définie pour les parents.
- Des travaux futurs sont nécessaires pour identifier les obstacles à l’introduction de morceaux.