Comment augmenter la consommation de fruits & légumes à l’école ?

Bars à fruits et politique alimentaire scolaire : même combat !

L’école : un rôle potentiel pour améliorer l’alimentation des enfants

Les gouvernements sont de plus en plus focalisés de plus sur le rôle potentiel de l’école pour améliorer l’alimentation des enfants. Dans ce domaine, une première stratégie consiste à restreindre la disponibilité des aliments « malsains » aux repas, dans les distributeurs et dans les snacks bars. En outre, de nombreuses écoles ont adopté des mesures pour limiter le type d’aliments que les jeunes ont le droit d’apporter à l’école1, 2. Une approche complémentaire consiste à accroitre la disponibilité d’aliments sains. Comment ? En améliorant la valeur nutritionnelle des repas à la cantine, en offrant des fruits gratuitement, en proposant des fruits et des aliments plus sains dans les distributeurs et les snacks bars de l’école. A l’école primaire, snacks-bars à fruits et politiques scolaires sont des interventions populaires. Elles nécessitent un investissement limité, peu de maintenance et représentent des initiatives durables3.

Une efficacité à évaluer

Cependant, l’efficacité des diverses actions scolaires visant à améliorer l’alimentation des écoliers est encore mal connue. Le simple fait d’offrir des aliments sains pourrait n’avoir qu’un très faible impact sur les comportements alimentaires des écoliers. Ceux ci pourraient radicalement changer à condition que leurs choix soient limités ou que leurs préférences alimentaires évoluent. L’augmentation de la disponibilité d’aliments sains peut être inefficace à court terme si elle n’est pas associée à une restriction dans les choix. En revanche, il est possible que ces modifications s’installent à long terme si les préférences changent sous l’influence des pairs et de l’exposition à de nouveaux gouts.

43 écoles impliquées au Pays de Galles et en Angleterre

Notre étude est un essai randomisé, réalisé dans 43 écoles primaires situées dans des régions défavorisées du sud du Pays de Galles et du sud-ouest de l’Angleterre. Durant toute l’étude, on a demandé aux écoles du groupe d’intervention et du groupe témoin de maintenir leur programme scolaire normal et leurs repas à la cantine.

Les écoles du groupe d’intervention ont installé des snacks bars, sans aucune subvention. On leur a demandé de proposer des fruits à prix fixe et de ne plus proposer de bonbons, chips et produits similaires. On n’a imposé aucun mode de gestion des snacks bars, et selon les écoles, différentes approches ont été adoptées3.

Sur les 43 écoles participantes, des groupe d’enfants de 9 à 11 ans ont complété un questionnaire informatisé sur leur consommation des dernières 24 heures au début de l’étude (n=1902) et après un an de suivi (n=1924). La principale mesure était la consommation de fruits et d’autres collations sucrées (méthode de mesure préalablement validée1).

Le questionnaire enregistrait le nombre de portions de : 1/ fruits, 2/ bonbons, chocolats, biscuits et 3/ produits frits consommés durant les dernières 24 heures. Pour chacun de ces types d’aliments, on a calculé le nombre de portions consommées à l’école et durant la journée. D’autres données ont été recueillies et on porté sur les préférences des enfants pour les fruits et les critères de choix de leurs pairs.

Une consommation plus fréquente de fruits en collation

Environ 70 000 fruits ont été vendus pendant l’année, dans les 23 écoles du groupe d’intervention, ce qui équivaut à : 0,06 fruits par écolier par jour, ou à 1 enfant sur 4 qui mange une portion de fruit par semaine, ou à 1 sur 17 qui mange un fruit chaque jour.

Les écoliers du groupe d’intervention ont eu une plus forte probabilité de rapporter une consommation “fréquente” de fruit en collation par rapport à ceux du groupe témoin (OR 1,49 (IC 95% : 1,15 – 1,95)).

En revanche, les données des dernières 24 heures n’ont pas montré de différences significatives sur la consommation de fruits et collations chez les écoliers. Il y avait cependant une forte corrélation (p<0,02) entre le groupe d’intervention et la politique alimentaire de l’école, où il était permis aux écoliers d’apporter des fruits à l’école. La consommation de fruit était plus élevée 0,37 portions par jour (0,11 – 0,64) – dans les écoles du groupe intervention versus 0,14 portions (-0,30 – 0,58) lorsque aucun aliment n’était autorisé et – 0,13 portions (-0,33 – 0,07) lorsqu’il n’y avait pas de restriction.

L’intérêt d’interventions globales à plusieurs niveaux

On voit donc que quand ils sont instaurés seuls, les snacks-bars à fruits ont peu d’impact sur la consommation de fruits à l’école. En revanche, quand ils sont associés à une politique scolaire adaptée, leur impact est plus significatif. Ces données suggèrent que, lorsqu’on ne permet pas aux enfants d’amener des aliments malsains à l’école, ils vont plus facilement fréquenter les snacks-bars à fruits et manger des fruits comme collation.

En outre, ces résultats soulignent l’importance de soutenir les interventions en faveur de la santé à l’école par une politique scolaire adaptée qui s’accorde aux modèles socio-environnementaux de modification du comportement. Ils soulignent également l’intérêt d’interventions globales à plusieurs niveaux qui se renforcent mutuellement4-6.

Laurence Moor
Institut Cardiff pour la Société, la Santé et l'Ethique, Université de Cardiff, UK
Katy Tapper
Département of Psychologie, Université de Swansea, UK
  1. Moore L, Tapper K, Dennehy A, Cooper A: Development and testing of a computerised 24-hour recall questionnaire measuring fruit and snack consumption among 9-11 year olds. Eur J Clin Nutr 2005, 59:809-816.
  2. Neumark-Sztainer D, French SA, Hannan PJ, Story M, Fulkerson JA: School lunch and snacking patterns among high school students: associations with school food environment and policies. Int J Behav Nutr Phys Act 2005, 2:14
  3. Moe J, Roberts J, Moore L: Planning and running fruit tuck shops in primary schools. Health Educ 2001, 101:61-68.
  4. McLeroy, K., Bibeau, D., & Steckler, A: An Ecological Perspective on Health Promotion Programs. Health Educ Behav 1988, 15: 351-377.
  5. Lister-Sharp D, Chapman S, Stewart-Brown S, Sowden A: Health promoting schools and health promotion in schools: two systematic reviews. Health Technology Assessment 1999, 3:22.
  6. Summerbell CD, Waters E, Edmunds LD, Kelly S, Brown T, Campbell KJ: Interventions for preventing obesity in children. Cochrane Database of Systematic Reviews 2005, Issue 3. Art. No.: CD001871. DOI: 10.1002/14651858.CD001871.pub2.
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