“quand un alicament se met le doigt dans l’oeil…”

BIBLIOGRAPHIE

Fruits et légumes pendant la grossesse et risque de développement de rétinoblastome sporadique

Le rétinoblastome sporadique (RS) est une tumeur primitive de la rétine due à des lésions génétiques. La période cruciale d’apparitions de mutations serait celle de la formation de la rétine au cours de la gestation. Celles-ci se poursuivraient après la naissance avec une différentiation maculaire vers 6 mois. L’identification des facteurs de risque du RS permettrait une surveillance plus ciblée, un diagnostic plus précoce et faciliterait donc la prévention. L’incidence de RS semble plus élevée dans les régions du monde les plus pauvres et un faible niveau d’éducation maternel serait corrélé à un risque élevé de cette pathologie. Les auteurs ont voulu vérifier si une carence maternelle en micronutriments au cours de la grossesse était à l’origine de cette maladie. Pour cela, ils ont évalué, les consommations pendant la grossesse chez 101 cas de femmes ayant eu un enfant souffrant de RS et 172 témoins, de la ville de Mexico. Le nombre de portions quotidiennes de F&L est significativement inférieur chez les cas, comparativement aux témoins. Pour les légumes, le nombre quotidien moyen de portions est de 1,75 portions chez les cas et 2,28 chez les témoins ; pour les fruits, il est de 1,59 chez les cas et 2,13 chez les témoins. Les consommations quotidiennes de folates, lutéine, lycopène, alpha-carotène, béta-carotène et vitamine B6 provenant des F&L sont significativement supérieures chez les femmes du groupe témoin par rapport aux cas. Les F&L dont une consommation quotidienne élevée est associée à un risque réduit de RS sont : le melon d’eau, le melon cantaloup, les pêches, les poires, les carottes, les petits pois, le potiron, la betterave, le brocoli, les épinards… En conclusion, le risque d’avoir un enfant atteint de RS est accru pour une consommation de F&L inférieure à 2 portions/j pendant la grossesse ou pour une faible consommation de folates et de lutéine/zéaxanthine, micronutriment des F&L nécessaires à la fonction rétinienne.
FRUIT AND VEGETABLES INTAKE DURING PREGNANCY AND RISK FOR DEVELOPMENT OF
SPORADIC RETINOBLASTOMA
ORJUELA MA ET AL. CANCER EPIDEMIOL BIOMARKERS PREV. 2005;14(6):1433-40.

Consommation de F&L et risque de cataracte chez les femmes

Les mécanismes oxydatifs sont impliqués dans l’étiologie de la cataracte. Des études ont montré une association inverse entre la survenue de la cataracte et un ou plusieurs micronutriments antioxydants ; cependant, les conclusions concernant les nutriments individuels restent inconsistantes. L’association de la cataracte avec les différents groupes d’aliments a été examinée, mais seule une étude s’est intéressée aux F&L. Cette étude américaine a pour but d’évaluer l’association entre la consommation totale de F&L et le risque de cataracte, en analysant des données de l’étude prospective de cohorte de femmes professionnelles de la santé ‘Women’s Health Study’ (WHS). Parmi ces femmes, 35 724 participantes ne présentant pas de cataracte ont été incluses dans la présente étude et ont rempli un questionnaire de fréquence de consommation semi-quantitatif comprenant 29 légumes et 15 fruits. La consommation quotidienne moyenne de F&L est de 6,0 ± 3,3 portions, soit 2,1 ± 1,4 portions de fruits et 3,9 ± 2,4 portions de légumes. Les quintiles de consommation varient de 2,6 portions/j pour le 1er quintile à 10 portions/j pour le quintile le plus élevé. Au cours des 10 années de suivi, 2057 cas de cataracte et 1315 cas d’extraction de cataracte ont été relevés. Et il apparaît que les femmes des quintiles 2 à 5 de consommation de F&L ont un risque réduit d’environ 10 % de développer une cataracte, comparativement à celles du 1er quintile. Cette relation entre le risque de cataracte et la consommation de F&L n’est pas significativement modifiée par le tabac, source importante de stress oxydatif et facteur de risque établi de la cataracte. En conclusion, une consommation quotidienne élevée en F&L est associée à une réduction du risque de cataracte.
FRUIT AND VEGETABLE INTAKE AND THE RISK OF CATARACT IN WOMEN
CHRISTEN ET AL. AM J CLIN NUTR. 2005 ;81 :1417-1422

Lutéine et zéaxanthine

La lutéine et la zéaxanthine, les deux pigments maculaires majeurs de la rétine, sont des caroténoïdes de la famille des xanthophylles. Ce sont des antioxydants puissants qui inhibent la péroxydation des lipides et jouent également le rôle de filtre vis-à-vis de la lumière. La lutéine se trouve en grandes quantités dans les légumes verts, les légumes à feuilles, le maïs, le jaune d’oeuf. La zéaxanthine est le principal caroténoïde du maïs, des oranges et mandarines, elle est présente également en grandes quantités dans le chou, les épinards, les brocolis, etc. De nombreuses études ont montré le rôle protecteur de ces micornutriments vis-à-vis de différentes pathologies oculaires : dégénérescence maculaire, cataracte et Retinisis pigmentosa qui est une maladie dégénérative, rare, héréditaire, caractérisée par une mauvaise vision nocturne et une perte de la vision périphérique. Des études à court terme ont montré une compétition entre les caroténoïdes quant à leur absorption. Toutefois, cette compétition n’a pas été mise en évidence par des études plus longues. Certains médicaments, notamment les médicaments hypocholestérolémiants et un médicament contre l’obésité (Xenocal), pourraient réduire l’absorption des caroténoïdes liposolubles, de même que certains suppléments nutritionnels. Aucun effet secondaire ni toxicité n’ont été rapportés par la littérature scientifique, même pour des doses alimentaires supérieures à 40mg/j de lutéine et zéaxanthine pendant deux mois. Ainsi, les habitants des îles Fidji consomment 25 mg/j jour de lutéine tout le long de leur vie, sans aucun effet toxique. En conclusion, une consommation alimentaire suffisante de lutéine et zéaxanthine est importante pour se protéger des pathologies oculaires : 6-20 mg par jour de lutéine semblent nécessaires pour diminuer le risque de dégénérescence maculaire, par exemple. Les caroténoïdes sont mieux absorbés en présences de lipides, 3-5 g dans un repas semblent suffisants pour assurer leur absorption.
LUTEIN AND ZEAXANTHIN
ALTERNATIVE MEDICINE REVIEW. 2005;10(2):128-135.

L’alimentation et la concentration plasmatique de caroténoïdes affectent la densité optique des pigments maculaires chez des adultes âgés de plus de 44 ans

La lutéine (L) et la zéaxanthine (Z) sont des caroténoïdes isomères qui sont des composants principaux du pigment maculaire (PM). D’origine alimentaire, elles se déposent dans la rétine, où elles filtrent la lumière dans la région du spectre visible potentiellement dangereuse, elles interviennent dans les réactions antioxydantes et contribuent à préserver la sensibilité visuelle et protéger l’oeil contre les maladies telles que la dégénérescence maculaire. Dans cette étude, les habitudes alimentaires et les concentrations plasmatiques en caroténoïdes ont été examinées chez 98 adultes âgés de 45-73 ans et mises en relation avec la densité optique du pigment maculaire (DOPM). Il apparaît que la consommation de (L+Z) et leur concentration plasmatique est positivement associée à la DOPM. Les plus gros consommateurs de F&L ont des DOPM supérieures à celles des plus faibles consommateurs. L’examen des quartiles d’âge montre que les plus jeunes (45-49 ans) et les plus âgés (62-74 ans) ont des DOPM supérieures à celles du quartile 56-61 ans. D’autre part, il existe une association inverse entre l’IMC et la concentration plasmatique en caroténoïdes et la DOPM : les participants ayant un IMC inférieur ou égal à 27 ont une consommation de béta-carotène et L+Z, une concentration plasmatiques de béta-carotène, ainsi que des DOPM supérieures à ceux qui ont un IMC supérieur ou égal à 27. Ces résultats suggèrent qu’une alimentation riche en caroténoïdes et que les caroténoïdes plasmatiques jouent un rôle positif dans l’état du PM. En conclusion, si l’effet protecteur du PM sur la rétine est confirmé, les résultats de cette étude sont particulièrement intéressants pour la mise en place de stratégies de prévention efficaces, via une consommation accrue de F&L.
DIET AND SERUM CAROTENOID CONCENTRATIONS AFFECT MACULAR PIGMENT OPTICAL
DENSITY IN ADULTS 45 YEARS AND OLDER.
BURKE JD ET AL. J NUTR. 2005;135(5):1208-14.

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