“quand un alicament se met le doigt dans l’oeil…”

Édito

En s’associant à la promotion d’une margarine visant à réduire le taux de cholestérol, la Maaf a fait un faux pas. En soi, qu’un géant de l’agro-alimentaire passe un accord avec une mutuelle de santé pour booster les ventes d’une margarine n’a rien de scandaleux. Tous les moyens sont bons pour “faire son beurre” et si l’objectif de cette opération – et c’est bien celui-là – était de faire parler de Pro-activ, c’est réussi !

Le vrai problème n’est pas là, mais dans la confusion des genres. En cautionnant – par le biais d’un équivalent de “remboursement” – un aliment enrichi en phytostérols, on lui accorde, dans l’esprit du consommateur, un statut symbolique de médicament. Surtout quand le fabricant met en avant des effets “scientifiquement et médicalement prouvés par de nombreuses études ayant fait l’objet de publications dans les meilleures revues scientifiques”. Très bien. Sauf qu’en l’occurrence il s’agit d’un aliment, pas d’un médicament… La voilà, la confusion des genres. La margarine Pro-activ revendique un statut de médicament ? Soit !

Alors, qu’elle l’assume et soit vendue, non plus dans les épiceries, mais dans les pharmacies, sur prescription médicale, en respectant des indications précises reposant sur les résultats d’études cliniques contrôlées… Les choses, alors, seront claires.

Depuis des années, les “alicaments” surfent avec une arrogante insouciance sur la vague des allégations santé. Aujourd’hui, il est clair qu’une limite a été franchie. Souhaitons que cette dérive pousse les pouvoirs publics à mettre un peu d’ordre dans les linéaires de supermarché et définisse clairement ce qui est, et ce qui n’est pas, un aliment. En en tirant les conséquences pour la commercialisation.

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
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