Impact de l’environnement sur la consommation de fruits & légumes

« Cachez cette télé que je ne saurais voir ! »

Les adolescents passent aujourd’hui beaucoup de temps à regarder la télévision1. Or, on sait qu’un usage intensif du “petit écran” a un impact négatif sur leurs comportements et leur santé : mauvaises résultats scolaires2, mauvaises habitudes alimentaires (faible consommation de fruits et légumes (F&L)3, et apports importants en matières grasses4) et, enfin, un Indice de Masse Corporelle (IMC) plus élevé5.

L’objectif de l’étude présentée ici était d’analyser, chez des adolescents, la relation entre la présence d’une télévision dans leur chambre et diverses caractéristiques personnelles, sociales et comportementales6.

Alimentation des Adolescents : le projet EAT II (Eating Among Teens)

Ce projet (qui fait suite au projet EAT-I) a pour but d’évaluer les facteurs qui influencent l’alimentation et le poids chez des adolescents du Minnesota.

781 adolescents ont été inclus (dont 54,7% de filles), avec une moyenne d’âge de 17,2 (+/- 0,62 ans).

Ces adolescents ont complété plusieurs questionnaires portant sur :

  • la présence d’une télé dans leur chambre ;
  • leur niveau d’activité physique ;
  • leurs comportements sédentaires : le temps passé à regarder la télé, à lire et à faire leurs devoirs, à utiliser un ordinateur ;
  • leurs comportements alimentaires : F&L, boissons sucrées, restauration rapide, nombre de repas en famille et grignotage devant la télé ;
  • diverses données personnelles : âge, catégorie socioprofessionnelle (CSP), IMC, moyenne scolaire, famille unie ou pas, et signes de dépression.

Télé dans la chambre = comportements malsains ?

62% des participants avaient une télé dans leur chambre. La présence de la télé était plus importante chez les garçons, les familles de CSP inférieures et les jeunes afro-américains. En revanche, la prévalence était réduite chez les jeunes asiatiques.

Avoir une télé dans sa chambre était fortement associé au temps passé à la regarder.

Par rapport aux filles sans télé dans leur chambre, celles qui en avaient une :

  • faisaient moins d’activité physique ;
  • passaient plus de temps devant la télé ;
  • rapportaient une plus faible consommation de légumes ;
  • rapportaient une plus forte consommation de boissons sucrées ;
  • prenaient moins de repas en famille.

Par rapport aux garçons sans télévision, ceux qui en avaient une dans leur chambre :

  • passaient plus de temps à regarder la télé ;
  • consommaient moins de fruits ;
  • prenaient moins de repas en famille ;
  • avaient une moyenne scolaire plus basse.

En revanche, la présence d’une télé dans sa chambre n’était pas associée à la prévalence du grignotage devant la télé ou à l’IMC).

Faut il pour autant supprimer la télé dans leur chambre ?

Les auteurs ont observé que les adolescents qui possèdent une télé dans leur chambre présentent de mauvaises habitudes alimentaires (faible consommation de F&L, forte consommation de boissons sucrées, moins de repas pris en famille) et ont un faible niveau d’activité physique (qui est associé à plus de temps passé devant la télé). Cependant, ils n’ont pas retrouvé d’association avec l’IMC (on peut suspecter un biais de mesure car le poids était rapporté et non mesuré).

Si la présence d’une télé dans sa chambre est associée à des comportements malsains chez les adolescents et puisque les comportements à l’adolescence déterminent les comportements à l’âge adulte, il semblerait logique de faire de la prévention en ôtant la télé de la chambre d’un adolescent… Cette mesure pourrait réduire les comportements malsains et leur conséquences sur la santé à l’âge adulte.

Des études supplémentaires sont, bien évidemment, nécessaires pour étudier l’impact à long terme de la réduction du temps de télé.

Daheia J. Barr-Anderson
Université du Minnesota, Ecole de Santé Publique, USA
  1. Roberts D et al. Kaiser Family Foundation 2005.
  2. Hancox RJ et al. Arch Pediatr Adolesc Med. 2005;Robinson TN159(7): 614-618.
  3. Boynton-Jarrett R et al. Pediatrics 2003;112(6):1321-1326.
  4. Robinson TN & Killen JD. J Health Educ 1995;26(2):S91-S98.
  5. Robinson TN. JAMA 1999;282(16):1561-1567.
  6. Barr-Anderson DJ et al. Pediatrics 2008;121(4):718-24.
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