Impact de l’environnement sur la consommation de fruits & légumes

Les facteurs maternels influencent l’alimentation des enfants des milieux défavorisés

La prévalence croissante de l’obésité et du diabète chez les enfants et les adolescents est un problème majeur de santé publique.

Les problèmes nutritionnels actuels englobent la consommation régulière de snacks, de bonbons, de boissons sucrées et d’aliments gras alors que la consommation de fruits et légumes (F&L) est plus faible que les recommandations.

Partant du constat que les milieux défavorisés sont plus exposés à une alimentation malsaine, nous avons étudié les facteurs qui influencent les choix alimentaires des mères de jeunes enfants vivant dans des milieux très pauvres.

Un taux de réponse très élevé

Cette étude a été menée auprès de mères d’enfants de 2 ans, vivant dans des zones très pauvres des villes écossaises de Dundee et Fife. Les mères ont été interrogées chez elles. Cette étude a évalué le rôle des données familiales, des connaissances en santé et des habitudes d’achats, de cuisson et de présentation des aliments, qui conditionnent l’alimentation des enfants. Nous avons également analysé les facteurs prédictifs des comportements maternels en préparant le petit déjeuner, en cuisinant avec des produits frais et en prenant les repas en famille.

Le taux de réponse a été très élevé (81%). En majorité ces familles vivaient dans des logements municipaux (81%), 43% des mères élevaient seules leur enfant et 91% étaient sans emploi. Seuls 22% des enfants ont bénéficié d’un allaitement maternel. 60% des mères fumaient.

Une alimentation de qualité mitigée

La qualité de l’alimentation des enfants était mitigée. Chaque jour, tous les enfants consommaient des produits laitiers et presque tous recevaient une portion d’un aliment riche en protéines. Cependant, la plupart (91%) mangeaient des salaisons deux à trois fois par semaine. Seuls 12% des enfants consommaient chaque jour les 5 portions de F&L recommandées ; 47% ne mangeaient qu’une portion ou plus de légumes chaque jour. Seuls 2 enfants mangeaient du poisson chaque semaine.

On a attribué à chaque enfant un score alimentaire, selon que leur alimentation était équilibrée ou non pour les 4 principaux groupes d’aliments (pain, céréales et pommes de terre – F&L – viande, poisson et autres sources de protéines – lait et produits laitiers) et sur la présence limitée d’aliments riches en sucres et/ou matières grasses. Selon les recommandations actuelles, la majorité (85%) des enfants ont été classés comme ayant une alimentation de pauvre qualité.

Quels facteurs sont associés à une mauvaise alimentation ?

L’analyse univariée a montré que de nombreux facteurs très différents étaient associés de manière significative à une mauvaise alimentation :

  • Peu de connaissances des recommandations nutritionnelles spécifiques
  • Peu de cuisine avec des produits de base
  • Un rythme de vie chargé
  • La réticence à changer d’alimentation
  • L’inquiétude que son enfant ne mange pas suffisamment
  • La croyance qu’il est difficile d’offrir 2 à 3 portions de fruits.
  • Des mères peu décidées à restreindre les bonbons.

En revanche, les facteurs réduisant le risque d’une mauvaise alimentation étaient :

  • La prise d’un petit déjeuner chaque jour
  • La prise régulière de repas en famille
  • La croyance qu’une bonne alimentation aiderait l’enfant à manger plus

Enfin, d’autres facteurs n’étaient pas associés à l’alimentation de l’enfant.

Le degré de disponibilité des aliments, le savoir-faire culinaire, les connaissances des bases d’une alimentation saine et les croyances concernant les bénéfices pour la santé d’une bonne alimentation n’étaient pas liés à l’alimentation de l’enfant.

5 facteurs fortement significatifs

Les modèles de régression ont déterminé 5 facteurs qui exercent des effets indépendants statistiquement significatifs.

Un risque accru de mauvaise alimentation était associé à des mères qui :

  • ne restreignaient pas les bonbons (OR=21,6, p<0,0001)
  • trouvaient difficile de proposer 2-3 portions de fruits (OR=2,9, p=0,005)
  • s’inquiétaient que l’enfant ne mange pas suffisamment (OR=2,.4, p=0,03)

Le risque d’une mauvaise alimentation était réduit par :

  • la croyance qu’une alimentation saine aiderait l’enfant à manger plus (OR=0,3, p=0,04)
  • la préparation d’un petit déjeuner chaque jour (OR=0,2, p=0,02)

Intensions des mères et contrôle perçu sur l’alimentation

Cette étude a des implications importantes pour la pratique et la politiques nutritionnelles concernant les enfants vivant dans des zones défavorisées.

Les intentions des mères lorsqu’elles préparent et servent les repas et le contrôle percu sur l’alimentation de l’enfant sont les plus puissants prédicteurs de la qualité de l’alimentation. Pour améliorer l’alimentation des enfants, il faut faire l’effort de promouvoir des objectifs plus positifs lorsque l’on prépare et sert des repas (prendre un petit déjeuner chaque jour, cuisiner avec des produits frais, prendre des repas ensemble).

Les bénéfices de ces comportements pour la mère (plaisir) et pour l’enfant (alimentation améliorée, contrôle du poids) doivent être soulignés. Les mères devraient être encouragées à prévoir des repas spécifiques à prendre en famille. L’impact de la consommation régulière de collations riches en graisses/sucres et de la restauration rapide sur la corpulence devrait également être souligné.

Une information générale sur les aliments et leurs bénéfices pour la santé ne suffit pas si l’on veut améliorer l’alimentation de ces enfants.

Iain K. Crombie
Département de Santé Publique, Université de Dundee, UK

Crombie IK et al. Public Health Nutr. 2008 Sep 30:1-7. [Epub ahead of print]

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