Diabète : alimentation saine et fruits et légumes, des alliés pour la prévention et la prise en charge

Chine : la consommation de fruits et légumes associée à une réduction du risque de diabète de type 2 au sein des communautés rurales

Diabete family cooking together fruits and vegetables - GFVN June 2023- Aprifel

En 2017, 12,8 % de la population adulte chinoise souffrait de diabète de type 2, plaçant ainsi le pays au premier rang mondial en termes de nombre de personnes diabétiques. Si un nombre croissant de travaux ont exploré l’association entre la qualité du régime alimentaire et le risque de diabète de type 2, peu d’études ont été menées chez des populations rurales. Pour y pallier, une étude récente a analysé la relation dose-réponse entre la consommation de fruits et légumes et le risque de diabète de type 2 en Chine rurale. Ce travail montre qu’une consommation élevée de fruits seuls ou de fruits et légumes combinés est liée à un risque réduit de diabète de type 2. Il invite à encourager la consommation des fruits et légumes dans le cadre d’habitudes de vie globalement saines.

Au cours des 30 dernières années, le développement économique a grandement bouleversé le mode de vie – en particulier le régime alimentaire et le niveau d’activité physique/ sédentarité – de la population chinoise (Schwingshackl, 2017). La consommation de viande, de produits laitiers, de céréales raffinées et d‘aliments transformés a notamment progressivement augmenté, au détriment de la consommation de fruits et légumes, soja et noix (Chang, 2018 ; Han, 2020).

En parallèle, de l’évolution de ces modes de vie, la prévalence des maladies chroniques, notamment du diabète de type 2 a très largement augmenté passant de moins de 1% de la population en 1980 à 12,8% en 2017 (Li, 2020).

Parmi les facteurs de risques identifiés de diabète de type 2 figurent l’excès de poids et le manque d’activité physique. Une alimentation saine riche en fruits et légumes fait ainsi partie des leviers de prévention recommandé vis-à-vis de cette pathologie. Cependant, bien qu’elles suggérent un effet protecteur, les études ayant exploré le lien entre consommation de fruits et légumes et risque de diabète de type 2, ne permettent pas d’établir de consensus sur cette association (Li, 2014 ; Zheng, 2020 ; Halvorsen, 2021).

Enfin, les données portant sur les communautés rurales en Chines restent très limitées. Afin de fournir plus de preuves, une étude récente (Niu, 2022) a exploré la relation dose-réponse entre la consommation de fruits et légumes et le risque de diabète de type 2 en Chine rurale (voir méthodologie).

Des tableaux biologiques et cliniques différents entre sujets sains et personnes atteintes de diabète de type 2

Dans un premier temps, des analyses biologiques et cliniques ont été effectuées puis comparées entre les personnes souffrant de diabète de type 2 et les sujets sains.

D’après ce travail, les personnes atteintes de diabète de type 2 étaient comparativement :

  • Plus âgées ;
  • Moins actives physiquement ;
  • Des niveaux d’éducation et de revenus plus faibles.

Elles présentaient également :

  • Des paramètres anthropométriques et métaboliques plus élevés : tour de taille et de hanches, IMC, glycémie, insulinémie, LDH-cholestérol et cholestérol total, triglycéridémie ;
  • De l’hypertension et des dyslipidémies plus fréquentes ;
  • Des apports en glucides et apports énergétiques totaux moindres ;

Enfin, elles étaient moins susceptibles de fumer et de consommer de l’alcool.

Un risque réduit de diabète de type 2 observé chez les forts consommateurs de fruit et de fruits et légumes

Une analyse statistique du risque de diabète a ensuite été effectuée selon le niveau de consommation de fruits et légumes des participants. D’après ce travail, une corrélation entre une consommation accrue de fruits et la diminution du risque de diabète de type 2 a été observée, celle-ci pouvant aller jusqu’à 59,1 %.

De plus, l’analyse dose-réponse montre que les participants issus de la Chine rurale qui consomment plus de 260 g de fruits par jour ont un risque plus faible de développer un diabète de type 2, tandis que ceux qui en consomment moins présentent un risque plus élevé. Ces résultats sont conformes aux conclusions de nombreuses études sur l’association entre une consommation importante de fruits et le risque de diabète de type 2 (Halvorsen, 2021 ; Li, 2014 ; Bazzano, 2008).

Une autre corrélation a également été observée entre la consommation conjointe de fruits et légumes et le risque de diabète de type 2. En effet, dans cette étude, une consommation plus importante de fruits et légumes a été associée à une réduction de 34,2% du risque de diabète de type 2. Après analyse de la relation dose-réponse, le risque de diabète de type 2 a diminué de manière significative lorsque la consommation de fruits et légumes était comprise entre 600 et 1 000 g/jour chez les personnes vivant dans la Chine rurale. Toutefois, aucune association significative n’a été observée pour une consommation supérieure à 1000 g/jour. De même, ces résultats sont conformes à ceux d’autres mis en évidence dans d’autres études (Halvorsen, 2021 ; Zheng, 2020 ; Cooper, 2012).

Contrairement à d’autres recherches menées dans les pays occidentaux (Villegas, 2008 ; Cooper, 2012), ce travail n’a établi aucune association significative entre la consommation de légumes et le diabète de type 2. Ce constat peut s’expliquer par la diversité culturelle et les disparités dans les habitudes alimentaires.

Des effets associés à la présence de nombreux composés bioactifs dans les fruits et légumes

Selon les auteurs, l’association inverse observée entre la consommation de fruits et le risque de diabète de type 2 peut s’expliquer par le faible indice glycémique des fruits les plus couramment consommés dans la Chine rurale – pommes, raisins, bananes – (Jenkins, 2011).

L’effet de la consommation conjointe de fruits et légumes peut quant à lui s’expliquer par le large éventail de nutriments et de composés présents dans les fruits et légumes et contribuant à la prévention du diabète de type 2 :

  • Les antioxydants tels que les vitamines A, C et les caroténoïdes jouent un rôle majeur dans l’élimination des radicaux libres produits au cours du métabolisme. Ces composés contribueraient ainsi à limiter le stress oxydatif sur les cellules β des îlots de Langerhans, et à préserver la stabilité de la glycémie (Bahadoran, 2013).
  • Les fibres via la modification du microbiome intestinal, participeraient à l’amélioration de la sensibilité à l’insuline et limitent l’apparition d’insulinorésistance, réduisant ainsi le risque de diabète de type 2 (Gurung, 2020).
  • Les molécules bioactives anti-inflammatoires et les minéraux tels que le magnésium, limiteraient la résistance à l’insuline, réduisant ainsi le risque de développer un diabète de type 2 (Krishnaswamy, 2018).

Selon les auteurs, les mécanismes biologiques à l’origine de ces observations restent complexes et encore peu élucidés. Des travaux supplémentaires sont nécessaires afin de mieux les identifier.

Basé sur : Niu K, et al. The dose-response relationship of fruit and vegetable intake and risk of type 2 diabetes among rural China: The Henan Rural Cohort study. Prim Care Diabetes. 2023 Apr;17(2):161-167.

Méthodologie
Messages clés
  • Une consommation élevée de fruits seuls ou de fruits et légumes combinés est associée à un risque réduit de diabète de type 2 dans la Chine rurale.
  • Une consommation de fruits supérieure à 260 g/jour et une consommation totale de fruits et légumes comprise entre 600 à 1000 g/jour devraient être encouragées pour promouvoir la santé, en particulier la prévention du diabète de type 2.
Références
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