Le coût de l’obésité

En Suède, quand maman est triste… les enfants mangent mal….

La progression de l’obésité infantile pourrait être en partie liée aux choix alimentaires faits par les mères pour leurs enfants. Souvent, les traits de personnalité des individus peuvent favoriser des comportements alimentaires qui font le lit de leur propre obésité… En revanche, on connaît mal l’influence de la personnalité sur les choix qui sont faits pour les autres.

Certaines personnes sont particulièrement sensibles à leurs affects négatifs constitués d’un mélange d’anxiété et de dépressivité…. Elles sont plus exposées à des symptômes douloureux ou psychosomatiques, plus sensibles au stress… Si l’on sait encore peu de choses de l’influence de la personnalité maternelle sur la nutrition des enfants, l’étude de la cohorte des mères et des enfants norvégiens (NMCCS) révèle que les mères envahies par leurs affects négatifs ont tendance à mettre un terme à l’allaitement exclusif à 6 mois et à nourrir leur enfant avec une alimentation peu saine à l’âge de 18 mois.

Des facteurs de risques d’obésité infantile

Quand ils se portent sur les boissons sucrées et l’introduction précoce d’aliments solides, les choix alimentaires faits pour les enfants sont des facteurs de risques d’obésité infantile. Ces choix ont été associés à la prise de poids chez l’enfant dans de nombreuses études. La relation avec les boissons sucrées est plus controversée mais fortement suspectée.

Des auteurs suédois ont étudié l’hypothèse qu’un faible seuil de tolérance au stress chez des mères soumises à de forts affects négatifs pourrait favoriser l’introduction trop précoce d’aliments solides et de boisson sucrées chez leurs enfants avant l’âge de 6 mois et contribuer ainsi à l’installation d’une obésité néonatale.

Un échantillon de 38 000 mères

L’étude NMCCS est une étude de suivi longitudinal des déterminants de santé sur une cohorte de plus de 100 000 femmes enceintes, conduite par l’Institut norvégien de santé publique. Les auteurs en ont extrait un échantillon de 38 000 femmes ayant rempli des questionnaires à 17 et 30 semaines de grossesse et 6 mois après l’accouchement. Ils ont évalué l’affectivité négative de ces mères en étudiant l’anxiété et la dépression au moyen de la Hopkins symptom check-list selon les 5 items suivants (HSC-5) :

  • se sentir emplie de peur,
  • ressentir de la nervosité ou de l’inquiétude,
  • avoir peu d’espoir dans le futur,
  • se sentir triste,
  • s’en faire trop à propos de tout.

Six mois après l’accouchement, les mères ont fait l’inventaire de la nourriture solide et liquide fournie à leurs enfants depuis la naissance. Une échelle de fréquence a été attribuée pour les boissons sucrées : jamais / 1 à 3 fois par semaine / 4 à 6 fois par semaine / au moins tous les jours. A partir de ces 4 questions, on a établi un seuil entre « jamais » et « 1 à 3 fois par semaine ».

A partir d’une liste de 17 aliments solides, les mères ont indiqué à quelle fréquence et à partir de quel âge elles introduisaient ces aliments chez leurs enfants. Le seuil a été fixé à 3 mois.

Par ailleurs on a répertorié la corpulence des mères et leur niveau d’éducation.

64% de risque supplémentaire de donner des boissons sucrées à 6 mois

L’âge moyen des mères était de 30 ans et leur IMC en dessous de 25. Plus de la moitié d’entre elles avaient un niveau bac. Environ un tiers des mères donnait à leur enfant une boisson sucrée 1 à 3 fois par semaine dès l’âge de 6 mois et 7% introduisaient les aliments solides dès l’âge de 3 mois. Cependant les mères avec un fort score d’affectivité négative avaient 64% de risque supplémentaire de donner des boissons sucrées à 6 mois et 79% de plus de risque d’introduire des aliments solides dès 3 mois. Un faible niveau d’éducation et un plus jeune âge étaient associés avec une forte affectivité négative…

Utiliser l’alimentation comme réconfort

Les précédentes données de l’étude NMCCS avaient révélé qu’un fort niveau d’affectivité négative chez les mères rendait plus probables des pratiques alimentaires potentiellement obésogénes chez les enfants de plus de 6 mois. Cette étude montre que ces tendances se retrouvent bien avant 6 mois. Les mères les plus sensibles aux affects négatifs seraient moins capables de faire face au stress de leur enfant et plus enclines à utiliser des aliments solides et des boissons sucrées pour les apaiser. Elles interpréteraient leurs signes de détresse comme des manifestations de faim et auraient tendance à utiliser l’alimentation comme réconfort.

D’une manière générale, les mères les plus jeunes, avec un IMC plus élevé et un plus faible niveau d’éducation offrent plus volontiers des choix alimentaires potentiellement obésogénes à leurs enfants… Elles seraient en outre plus sensibles aux affects négatifs.

Cette étude semble montrer que des affects maternels négatifs représentent un facteur de risque d’obésité chez les enfants. Il serait sans doute utile de repérer ces comportements à risque et d’aider les mères à surmonter leur difficultés affectives pour éviter qu’elles mettent en place des pratiques alimentaires précoces potentiellement obésogénes chez les leurs enfants. Cela serait sans doute utile pour contribuer à réduire les risques d’obésité infantile.

SE Hamton et al, Int J of Ob, 2010, 34, 327-331
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