Le coût de l’obésité

Obésité maternelle : impact médical et économique**

L’obésité a des conséquences importantes pour la santé maternelle, foetale et néonatale. Elle pose un problème majeur pour les soins obstétricaux et néonataux. Les grossesses chez les femmes obèses sont à haut risque et nécessitent plus de soins. Traiter les femmes obèses durant la grossesse peut avoir un large impact sur les ressources en obstétrique et les soins. Les dépenses qui en découlent sont élevées et il est important de régler ce problème. Les preuves qui permettraient d’émettre des recommandations sont inexistantes. Les recherches visant à réduire l’impact de l’obésité maternelle sur la grossesse peuvent contribuer à la réduction des dépenses et à l’amélioration de la santé de la mère et de son enfant. Mesurer l’efficacité de ces interventions peut être difficile mais ces résultats seront importants pour prendre des décisions et offrir des soins adaptés.

Obésité : un facteur de risque de mortalité maternelle

L’augmentation de prévalence de l’obésité dans le monde touche également les femmes en âge de procréer. Dans les pays développés, l’obésité est le facteur de risque de mortalité maternelle le plus courant 1. Il est également associé à un large spectre de complications obstétricales. A plus long terme, obésité et prise de poids excessive durant la grossesse sont également associées à des risques accrus de maladies cardiovasculaires et métaboliques 2 chez la mère et de risques accrus d’obésité chez sa descendance 3.

L’impact de l’obésité pendant la grossesse sur la santé des mères et de leurs enfants a d’importantes implications économiques. Une augmentation des dépenses pour les organismes de santé qui prennent en charge l’obésité et ses conséquences au cours de la grossesse est prévisible. Si ces interventions ont un coût, elles peuvent aussi réaliser des économies en réduisant les dépenses médicales ultérieures.

Les femmes obèses mobilisent plus de ressources médicales durant la grossesse que celles de poids normal. Cependant, on ne dispose pas encore de données définitives montrant l’efficacité des interventions pour traiter l’obésité au cours de la grossesse. Les décideurs ont besoin de comprendre si l’obésité et ses effets sur la grossesse peuvent être réduits et à quel prix ? De plus, il est nécessaire de quantifier les réductions potentielles des dépenses et les bénéfices pour la santé liés à une moindre prévalence d’obésité. Ces données, lorsqu’elles seront disponibles et bien analysées, devraient indiquer si les interventions pour réduire l’obésité sont rentables étant donné l’existence des demandes concurrentes pour des ressources médicales.

Cibler le surpoids et l’obésité avant la conception ?

En grande majorité, les données économiques actuelles traduisent simplement des dépenses accrues associées aux effets de l’obésité sur la grossesse. De plus amples informations sont nécessaires pour comprendre si les interventions pour réduire ce problème sont efficaces et quel est le prix de leur mise en oeuvre.

Une première manière de prévenir l’obésité durant la grossesse serait de prévenir l’obésité chez les jeunes femmes afin qu’elles débutent leur grossesse à un poids sain.

Une autre approche serait de cibler le surpoids et l’obésité par des conseils et des soins avant la conception 4. Il existe cependant un certain nombre d’obstacles, comme le faible taux de grossesses planifiées et la faible adhésion à des recommandations simples durant la période de la conception (par exemple les suppléments en acide folique) 5.

Les modifications complexes de l’hygiène de vie, visant à une réduction du poids avant la grossesse, sont difficiles à réaliser chez de nombreuses femmes obèses. Cependant, un programme de soins de grande qualité avant la conception pourrait avoir un large impact sur tout un éventail de problèmes de santé (comme la réduction du tabagisme et la consommation d’alcool) au-delà de ceux liés à l’obésité.

D’autres interventions potentielles pourraient inclure : la pesée des femmes durant la grossesse afin de limiter leur prise de poids, plus de soins après un examen clinique minutieux au début de la grossesse et des soins entre les grossesses afin de réduire les risques de complications ultérieures.

Une amélioration de la santé des mères et des enfants

En termes de ressources, les dépenses pour réduire l’impact de l’obésité maternelle seraient probablement bénéfiques, mais elles pourraient être partiellement ou complètement occultées par des économies plus en aval. Les conséquences cliniques de l’obésité chez les mères et les enfants sont réelles et augmentent les coûts des soins. En réduisant l’obésité, on devrait diminuer les dépenses de santé.

Réaliser des économies de santé en réduisant l’obésité permet d’espérer une amélioration de la santé des mères et des enfants, une réduction des risques de mortalité maternelle et néonatale et des améliorations de la qualité de vie, diminuant ainsi la morbidité liée à l’obésité.

Points Pratiques

  • L’obésité maternelle est un facteur de risque majeur de complications maternelles et infantiles.
  • L’obésité maternelle a un large impact sur les ressources en obstétrique et l’offre de soins.
  • La rentabilité des interventions pour réduire l’obésité maternelle doit être établie.
  • A plus long terme, la réduction des dépenses médicales par une réduction de l’obésité maternelle doit être correctement mesurée et quantifiée.

Orientation de la recherche

  • Interventions de santé publique pour éduquer les femmes au sujet des risques associés à l’obésité durant la grossesse.
  • Identifier les connaissances actuelles des professionnels de santé sur la prise en charge avant la conception chez les femmes obèses.
  • Interventions sur les comportements pour réduire l’obésité durant la grossesse.

**Cet article est une version abrégée d’un article déjà publié dans Seminars in Fetal & Neonatal Medicine 15 (2010) 94–99

Ingrid Rowlands
Ecole de Médecine, Université du Queensland, Brisbane Australie
Nick Graves
Institut de la Santé et de l’Innovation Biomédicale (IHBI), Université Technologique du Queensland, Brisbane, Australie
Susan de Jersey
Département de Nutrition and Diététique, Hôpital Royal et Hôpital des Femmes de Brisbane, Brisbane, Australie
H. David McIntyre
Ecole Clinique Mater, Ecole de Médecine, University du Queensland, Brisbane, Australie
Leonie Callaway
Ecole Clinique Royale de Brisbane, Ecole de Médecine, Université du Queensland, Brisbane, Australie
  1. Confidential Enquiry into Maternal and Child Health (CEMACH). Why mothers die. The sixth report into maternal deaths in the United Kingdom. London: RCOG Press; 2004.
  2. Callaway LK et al. Med J Aust 2006;184:56–9.
  3. Lawlor DA et al. Am J Epidemiol 2006.
  4. Johnson K et al. Recommendations to improve preconception health and health care – United States. A report of the CDC/
  5. ATSDR Preconception Care Work Group and the Select Panel on Preconception Care. MMWR Recomm Rep 2006;55:1–23.
  6. Knudsen VK et al. Public Health Nutr 2004;7:843–50.
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