L’environnement obésogène : origine et conséquences

Fruits & légumes frais et bien-être du mangeur

Révélatrice des mutations et des aspirations qui traversent aujourd’hui notre société, la recherche du bien-être est un phénomène en forte croissance. En atteste l’augmentation récente et spectaculaire des ouvrages, articles, reportages, émissions, sites internet et forums consacrés à ce sujet. Cet essor s’accompagne de celui, tout aussi fulgurant, des produits et pratiques censés conduire au bien-être : cours de fitness ou de yoga, massages et spas, crèmes anti-âge, pratique de la méditation… Ou encore régimes alimentaires particuliers parmi lesquels les fameux régimes « sans »… gluten, viande, produits animaux (végétalisme), lactose, produits transformés (la fameuse diète paléo !), cuisson (crudivorsime), etc.

Le bien-être, une notion floue

Pour autant, le concept de bien-être demeure difficile à cerner, même s’il fait l’objet de multiples définitions issues de la philosophie, de la psychologie, de la sociologie, de la médecine, de l’économie ou encore des sciences politiques. Il est souvent associé (confondu ou, au contraire, distingué) aux notions de prospérité, de richesse, de bonheur, de qualité de vie, de satisfaction des besoins ou encore de santé. Dès 1946, la santé a été définie par l’OMS comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Mais le bien-être en tant que tel n’était pas défini… La difficulté de cerner précisément ce concept tient pour partie au fait qu’il n’est pas universel mais subjectif et culturel.

A la question ouverte : « Pour vous, qu’est-ce que le bienêtre ? » (enquête Harris Interactive, 2015), les réponses spontanées des Français indiquent que, pour eux, cette notion relève à la fois du physique et du mental. Ils l’associent à la santé, à un état de calme, de détente et de sérénité, cet état se manifestant également dans le rapport aux autres (vie familiale, sociale et professionnelle). Et ils évaluent leur propre niveau de bien-être quotidien en lui donnant la note moyenne – relativement peu élevée – de 6,1 sur 10.

Pourtant, beaucoup de nos concitoyens ne ménagent pas leurs efforts pour accroître leur bien-être. Les explications de cette quête sans fin sont multiples : anxiété face à un monde bouleversé (mondialisation, terrorisme…) et de plus en plus complexe, inquiétudes face au chômage et… au contenu de son assiette, peur du vieillissement et de la maladie, accélération des rythmes de vie, montée du stress professionnel et des exigences sociales de performance, culte « narcissique » du corps (devenu un objet quasi-sacré) en lien avec le déclin du cadre et des repères sécurisants que fournissait la religion…

Pour les Français, le bien-être passe d’abord par l’alimentation

Au nombre des éléments qui, selon eux, favorisent le bienêtre, les Français placent au tout premier rang l’alimentation saine (citée par 89 % dans l’enquête Harris Interactive), devant la pratique du sport, la relaxation, le repos, les loisirs et vacances…

Ces réponses révèlent un aspect majeur de la culture alimentaire française (plus largement, latine) : pour la plupart de nos concitoyens, l’alimentation ne se réduit pas, comme chez une majorité d’Anglo-saxons, au seul apport de calories et de nutriments à l’organisme (bienêtre physique). L’acte alimentaire est également perçu comme une source potentielle de bien-être mental (manger permet d’incorporer du plaisir sensoriel ainsi que des représentations et émotions positives) et de bien-être social (manger, c’est aussi partager le même repas avec d’autres convives, dans un contexte agréable).

Le bien-être, une « bonne raison » de manger plus de fruits et de légumes frais

Davantage que bien d’autres aliments et produits alimentaires, les fruits et légumes frais contribuent à préserver la santé, la forme (p.ex. le confort digestif, le sommeil de qualité…) et l’apparence physique (minceur) de ceux qui les consomment quotidiennement et en quantité suffisante. Par ailleurs, les adeptes des fruits et des légumes frais les perçoivent souvent comme une source de bienêtre mental… En premier lieu, cette famille d’aliments leur procure du plaisir : aux satisfactions (pluri)sensorielles de la dégustation s’ajoute le plaisir lié à leur achat sur le marché, à la préparation culinaire et, parfois, au fait de les avoir soimême fait pousser. Le bien-être mental qui en résulte est souvent renforcé par la réassurance qu’apportent les fruits et légumes frais par rapport aux produits industriels perçus a priori comme plus inquiétants. Enfin, les aficionados des fruits et légumes frais leur attribuent souvent des valeurs – en partie symboliques et bienfaisantes pour l’esprit – de simplicité, de légèreté et de pureté (parce qu’ils régulent le transit intestinal, ces aliments sont perçus comme purifiant le corps et… l’esprit), de naturalité (fraîcheur), de saisonnalité, d’authenticité ou encore de tradition. Dégustés dans un contexte convivial (bien-être social), les fruits et légumes frais peuvent ainsi constituer un puissant vecteur de bien-être global.

Eric Birlouez
Sociologue de l’agriculture et de l’alimentation, Paris, FRANCE
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