Fruits et légumes et fonction cognitive

L’alimentation du nourrisson, un facteur important dans le développement cognitif

Plusieurs études, réalisées dans les pays en voie de développement, suggèrent un lien entre une nutrition de piètre qualité durant l’enfance et un retard de développement cognitif 1, même si divers facteurs confondants pourraient expliquer cette association (l’éducation des parents, l’environnement familial ou le poids à la naissance). Dans les pays industrialisés, les études se sont surtout focalisées sur l’importance du type de lait et de l’allaitement maternel durant l’enfance 2.

Pendant la transition vers les aliments solides, l’impact de la composition alimentaire sur le développement cognitif reste flou. C’est pourquoi, notre étude 3 a choisi d’évaluer les liens entre la composition des aliments chez les nourrissons et le développement cognitif à l’âge de 4 ans.

Un profil “Recommandations pour les nourrissons”

L’enquête SWS (Southampton Women’s Survey) a débuté en 1998 4 avec pour objectif d’identifier les facteurs d’environnement durant et après la grossesse qui influenceraient la croissance, le développement et la santé.
L’alimentation de l’enfant a été évaluée à six et douze mois, à l’aide d’un questionnaire de fréquence de prise alimentaire 6. Des profils alimentaires ont été définis à chaque âge, par Analyse en Composantes Principales. Le premier profil était caractérisé par une forte consommation de « légumes, fruits, produits carnés et poisson, aliments préparés à la maison et allaitement maternel » ainsi que par une faible consommation de « petits pots pour bébés et laits industriels ». Cela correspond aux recommandations nutritionnelles pour les nourrissons 7, c’est pourquoi nous l’avons nommé profil « Recommandations pour les nourrissons ».

Une évaluation neuropsychologique à 4 ans

Lorsque les enfants ont atteint l’âge de 4 ans, 396 mères et leurs enfants ont été invités à participer à une étude des fonctions cognitives :

  • Le QI des enfants a été mesuré en utilisant l’échelle de Wechsler pour les enfants d’âge pré-scolaire (Wechsler Pre-School and Primary Scale of Intelligence).
  • L’attention visuelle, la précision visio-motrice, la répétition de phrases et l’affluence verbale ont été mesurées par le test de NEPSY (bilan neuropsychologique de l’enfant) et la reconnaissance des formes par des tests de perception visuelle.
  • La qualité de l’environnement de l’enfant a été évaluée grâce à la version abrégée du test HOME-SF (Home Observation for Measurement of the Environment Scale) 5.

Profil « Recommandations pour nourrissons » associé à une plus forte intelligence à 4 ans

Chez 241 enfants, les données étaient complètes pour les tests neuropsychologiques, l’alimentation infantile et les caractéristiques familiales.
Il n’y avait pas de différence de profil alimentaire entre les garçons et les filles, à 6 mois comme à 12 mois. Les filles avaient des scores plus élevés pour les tests de QI et de QI verbaux, l’attention visuelle, la précision visio-motrice et la répétition de phrases.
Dans les analyses ajustées seulement pour le sexe, les enfants dont l’alimentation à la période nourrisson avait été caractérisée par une forte consommation de fruits, de légumes et d’aliments préparés à la maison montraient, à l’âge de 4 ans, des tests de QI et de QI verbal plus élevés et une meilleure mémorisation.
Même si après ajustement pour l’éducation maternelle, l’intelligence, la classe sociale, la qualité de l’environnement familial et autres facteurs confondants, ces associations étaient plus faibles, elles perduraient dans le groupe « recommandations pour les nourrissons »
pour les tests de QI et de QI verbal. Ainsi:

  • à 6 mois ou à 12 mois, une augmentation d’un écart type du score alimentair « recommandation pour les nourrissons » correspondait à une augmentation de l’écart type du Test de QI de 0,18 (Intervalle de Confiance (IdC) à 95% 0,04 à 0,31).
  • à 6 mois, une augmentation d’un écart type du score alimentaire « recommandations pour les nourrissons », correspondait à une augmentation de l’écart type du Test de QI verbal de 0,14 (IdC 95% 0,01 à 0,27)

Il n’y avait aucun lien entre les compositions alimentaires chez les nourrissons et les performances à l’âge de 4 ans aux autres tests, même après ajustement pour l’allaitement maternel.

Fruits et légumes, produits carnés, poisson et plats
préparés à la maison : un effet positif sur le
développement cognitif

Ces résultats suggèrent que chez le nourrisson, une alimentation caractérisée par une forte consommation de F&L, produits carnés, poisson et autres aliments préparés à la maison aurait un effet positif sur le développement cognitif ultérieur. Ces résultats persistent même après ajustement pour des facteurs confondants potentiels. En revanche, nous ne pouvons pas exclure la possibilité que d’autres facteurs non-mesurés, mais présents dans l’environnement de l’enfant, puissent expliquer cette association.

Catharine R Gale
MRC Epidemiology Resource Centre, University of Southampton, Southampton General Hospital, UK
  1. Grantham-McGregor S & Baker-Henningham H. Public Health Nutr 2005;8:1191-1201.
  2. Anderson JW et al. Am J Clin Nutr 1999; 70:525-535.
  3. Gale CR et al. J Child Psychol Psychiatry 2009;50 (7):816-823.
  4. Inskip HM et al. Int J Epidemiol 2006;35:42-48.
  5. Caldwell BM & Bradley RH. Little Rock, AR: University of Arkansas; 1984.
  6. Robinson SM et al. Br J Nutr 2007; 98:1029-1037.
  7. Department of Health. Birth to Five. London: COL; 2006.
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