Estomper les écarts socioéconomiques et hommes-femmes dans la consommation de fruits et légumes

Les interactions entre les campagnes ‘5 par jour’ et la promotion des recommandations nutritionnelles

Le Plan d’Action, adopté lors de la Conférence Internationale sur la Nutrition de 1992, demandait aux gouvernements d’élaborer des “recommandations nutritionnelles quantitatives et/ou qualitatives” destinées au grand public. Des recommandations diététiques, basées sur les aliments (Food Based Dietary Guidelines – FBDG), ont donc été développées dans de nombreux pays.
Les fruits et légumes sont une composante importante d’une alimentation saine. En consommer quotidiennement en quantité suffisante peut prévenir certaines maladies chroniques. Afin d’accroître cette consommation par la population, plusieurs pays ont mis en oeuvre des programmes de promotion des fruits et légumes, utilisant souvent le slogan “5 par jour”.

Cet article examine la mise en oeuvre des programmes FBGD au Chili, en Allemagne, en Nouvelle Zélande et en Afrique du Sud et leurs interactions avec le programme “5 par jour” dans chacun de ces pays. La majorité des informations ont été recueillies auprès des interlocuteurs clés. Chacun de ces pays a un programme spécifique FBDG concernant les fruits et légumes :

Le rôle du programme “5 par jour” dans la mise en oeuvre des recommandations nutritionnelles

Au Chili, le programme “5 par jour” participe à la diffusion des FBDG. Les activités gouvernementales et celles du programme « 5 par jour » sont coordonnées, et les mêmes messages et documents sont remis au public.

En Allemagne, l’association “5 par jour” diffuse surtout ses propres messages, en y incluant d’autres éléments importants pour une alimentation saine. Les représentants gouvernementaux reconnaissent que “5 par jour” fait bien partie de la promotion des FBDG, puisque le gouvernement est co-sponsor de l’association “5 par Jour” et utilise son message “Prenez-en 5” dans les FBDG.

En Nouvelle Zélande, le gouvernement ne reconnaît aucun rôle spécifique au programme “5 par jour” dans la mise en oeuvre des FBDG. Par contre, toutes les personnes interrogées s’accordent sur la complémentarité du message “5 par jour” dans la promotion des FBDG.

En Afrique du Sud, une meilleure coordination et une coopération avec le secteur public se sont instaurées et on pense que le slogan “5 par jour” pourrait devenir la “voix” des recommandations pour les fruits et légumes.

Les relations entre la mise en oeuvre gouvernementale du programme FBDG et “5 par jour” dans les quatre pays étudiés

Au Chili, l’institution académique INTA (Institut de Nutrition et Technologies Alimentaires) s’occupe de la promotion des FBDG et de celle de “5 par jour”. Ainsi, le programme est bien perçu par la population et donne de la crédibilité à la collaboration gouvernementale. Puisque l’INTA est “neutre”, elle a pu nouer un dialogue transversal et mieux s’impliquer. Comme le message “5 par jour” est inclus dans le dernier programme FBDG, on a pu utiliser ses canaux de communication pour diffuser l’ensemble des FBDG au public, variant ainsi les voies de communication “traditionnelles”.

En Allemagne, les FBDG sont surtout diffusées par le Ministère fédéral de la protection des consommateurs, de l’alimentation et de l’agriculture (BMVEL) et l’ensemble de ses agences, qui sont, soit membre, soit sponsor de l’association “5 par jour”. Comme au Chili, le message “5 par jour” fait partie du programme FBDG. Le message et le logo apparaissent donc dans l’information nutritionnelle gouvernementale, ce qui en donne une image cohérente.

En Nouvelle Zélande, il n’existe pas vraiment de relation avec le gouvernement (sauf pour le projet des fruits à l’école) qui est conscient que le programme “5 par jour” est mené par l’industrie agroalimentaire. Cependant, le message et le chiffre “5” sont inclus dans le programme gouvernemental FBDG. Ainsi il n’y a pas de conflit entre les messages, même s’ils ne sont pas diffusés conjointement dans les campagnes de promotion.

En Afrique du Sud, le gouvernement ne souhaite pas s’impliquer directement avec le trust “5 par jour”, bien que le message sur les fruits et légumes fasse partie des FBDG. Cependant, “5 par jour” n’est pas perçu comme un frein à la mise en oeuvre des FBDG, ni comme une “menace” à une approche de l’alimentation saine. FBDG et « 5 par jour » sont complémentaires et la promotion de tous les FBDG grâce aux canaux utilisés par “5 par jour” est considérée comme bénéfique.
Les FBDG offrent des images positives et négatives de l’alimentation dans son ensemble. Le “5 par jour” donne uniquement des messages positifs. Certains informateurs soulignent qu’il est plus facile de délivrer des messages positifs à la population que des messages négatifs du type “mangez moins”.

Cependant, pour s’intégrer à une alimentation équilibrée, le message “5 par jour” doit être associé au message “à la place de”. Ainsi les “mauvaises nouvelles” font partie de l’information nutritionnelle diffusée à la population et aux politiques. Les décideurs devront non seulement soutenir la promotion des fruits et légumes mais également mettre l’accent sur les messages “manger moins” ou “à la place de”.

Même si certains gouvernements ne soutiennent pas les programmes “5 par jour”, les interlocuteurs s’accordent pour dire qu’il est complémentaire des FBDG et n’est pas contre productif.

En outre, l’éducation nutritionnelle, selon l’approche “du haut vers le bas”, n’est souvent pas épaulée par les actions communautaires et/ou les changements environnementaux. Les FBDG ne sont pas pris en compte par les autres politiques gouvernementales. Les programmes “5 fois par jour”, s’ils s’inscrivent dans un partenariat privé/public, peuvent avoir un impact sur les politiques nutritionnelles et sont bien placés pour soutenir l’éducation et les changements environnementaux. Une telle structure pourrait également conduire à la mise en oeuvre de toutes les FBDG.

Ingrid Keller
Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire, Commission européenne, Belgique

WHO/FAO, Technical Report Series 880, 1998
Instituto Nacional de Tecnologia de Alimentos y Nutricion / Ministerio de Salud Chile, 2005
Deutsche Gesellschaft für Ernährung, 2004
Ministry of Health New Zealand, 2003
Vorster et al., S African J Clin Nutr. 14 (3) (Suppl.) S3-6, 2001

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