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Mécanismes protecteurs potentiels des fibres alimentaires sur le risque de diabète de type 2

Les fibres alimentaires sont importantes pour la régulation de la glycémie et plusieurs études prospectives ont démontré leur effet protecteur sur le risque de diabète de type 2 1,2. En revanche, des questions comme la quantité et le type de fibres les plus bénéfiques, ainsi que leurs mécanismes d’action sur le diabète ne sont pas encore éclaircis.

Diverses études montrent une association inverse entre les fibres alimentaires, les marqueurs inflammatoires, la sensibilité à l’insuline et la fonction hépatiques 3, des facteurs incriminés dans le développement du diabète de type 2 4. Ces données suggèrent que les fibres diminueraient le risque de diabète par leurs effets sur la fonction hépatique, en améliorant la sensibilité à l’insuline ou en réduisant l’inflammation. Dans notre étude prospective, nous avons donc examiné la relation entre les fibres alimentaires et le risque de diabète de type 2 chez des hommes âgés. Nous avons également étudié le rôle de l’insuline et des marqueurs inflammatoires et hépatiques 5.

Une vaste population d’hommes âgés non diabétiques

Les 3 428 hommes étudiés, ont été enrôlés au départ dans l’étude BRHS (British Regional Heart Study) à l’âge de 40 à 59 ans 6. Ces sujets ont été réexaminés entre 1998 et 2000 à l’âge de 60-79 ans, sans diagnostic de diabète. La quasi-totalité de la population était composée de Caucasiens (>99%). Les sujets ont complété un questionnaire sur leurs antécédents médicaux, leur hygiène de vie et leur statut socioéconomique. Les informations sur la consommation de fibres ont été extraites d’un questionnaire de consommation alimentaire sur les 7 derniers jours, développé pour l’enquête MONICA, menée par l’OMS, sur les tendances et les facteurs déterminants des maladies cardiovasculaires (Multinational MONItoring of trends and determinants in CArdiovascular disease). Le poids, la taille et le tour de taille ont été mesurés. Des bilans sanguins ont été effectués à jeun. Des marqueurs inflammatoires comme la CRP, l’interleukine 6 (IL-6) et l’activateur de plasminogène tissulaire (t- PA) ont été dosés. Les Gamma GT ont été utilisées comme marqueur de la fonction hépatique. Tout décès, toute morbidité cardiovasculaire ou toute survenue de diabète de type 2 ont été enregistrés. Durant la période de suivi entre 1998-2000 et juillet 2006 (7 ans en moyenne), 162 nouveaux cas de diabète ont été rapportés.

Des taux des marqueurs inflammatoires (CRP, IL-6, t-PA) et de fonction hépatique plus faibles chez les forts consommateurs de fibres

La consommation quotidienne moyenne de fibres était de 25,85 g. Une tendance vers une moindre inflammation et une moindre activité hépatique associée à une consommation accrue de fibres a été retrouvée : les sujets consommant le plus de fibres avaient des taux des marqueurs inflammatoires (CRP, IL-6, t-PA) et de fonction hépatique (GGT) significativement plus faibles que les faibles consommateurs. Après ajustement pour l’âge, l’hygiène de vie et les données démographiques, cette association est demeurée significative. En revanche, aucune association significative n’a été montrée entre les fibres alimentaires et les taux d’insuline.

Après ajustement pour les apports caloriques globaux, l’hygiène de vie et les facteurs démographiques, le quartile consommant le moins de fibres alimentaires issues des céréales ou des légumes/fruits (≤ 20 g/jour) était associé à un risque significativement accru de diabète (Risque Relatif : 1,47 avec un Intervalle de Confiance à 95% de 1,03 – 2,11). Une association négative a été retrouvée entre les fibres alimentaires et les taux des marqueurs inflammatoires (CRP et IL-6), le t-PA et les Gamma GT. Après ajustement sur ces marqueurs, l’augmentation du risque de diabète associée aux moindres apports en fibres a été atténuée (RR, 1,28; IdC 95% 0,89 – 1,86).

Encourager au moins 20 grammes par jour pour diminuer le risque de diabète

Ces données suggèrent donc qu’une alimentation riche en fibres de céréales et d’autres végétaux peut réduire le risque de diabète en diminuant l’inflammation et en atténuant l’accumulation de graisses hépatiques. D’autres études sont nécessaires pour éclaircir les mécanismes liant la consommation de fibres à la fonction hépatique et aux phénomènes inflammatoires. Les données actuellement disponibles suggèrent que des apports élevés en fibres (au moins 20 grammes/jour) doivent être encouragés pour diminuer le risque de diabète.

S Goya Wannamethee
Département de Soins Primaires et de Santé des Populations, Ecole de Médecine UCL Londres, UK
  1. Schulze MB et al. Arch Intern Med 2007;167:956-65.
  2. Barclay AW et al. Diabetes care 2007;30:2811-3.
  3. Wieckert M et al. J Nutr 2008;138:439-442.
  4. Sattar et al. Diabetologia 2008 ;51 :926-40.
  5. Wannamethee SG et al. Diabetes Care 2009 ;32:1823-5.
  6. Shaper et al. BMJ 1981;283:179-186.
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