« F&L et diabète de type 2 »

Édito

Les fruits et légumes sont-ils importants pour la prévention du diabète de type 2 ?

Si les données des études prospectives sont en faveur d’une réduction du risque d’évènements cardiovasculaires liée à la consommation de fruits et légumes, en revanche, les résultats évaluant la diminution du risque de diabète de type 2 sont très hétérogènes.

La méta-analyse présentée dans ce numéro révèle que, globalement, une plus forte consommation de fruits et légumes n’aidera pas à contrôler l’épidémie de diabète. Ces résultats semblent décevants… Mais il faut garder à l’esprit qu’il est difficile d’évaluer le véritable impact de l’alimentation sur le risque de survenue de différentes maladies par des études observationnelles. En effet, les erreurs d’évaluation de la consommation alimentaire des participants peuvent fortement en sous-estimer l’impact. C’est ce que suggère une autre étude de ce numéro. L’utilisation de méthodes plus précises pour évaluer la consommation alimentaire dans les études épidémiologiques (comme l’usage de marqueurs biologiques) serait évidemment utile pour clarifier le rôle des fruits et légumes.

De plus, d’autres recherches sont nécessaires pour identifier les mécanismes par lesquels les fruits et légumes pourraient réduire le risque de diabète. A coté des céréales complètes, les fruits et légumes contribuent fortement à la consommation de fibres alimentaires. Or, une autre étude présentée ici suggère qu’une forte consommation de fibres réduirait l’accumulation de graisses hépatiques et l’inflammation chronique, deux mécanismes centraux de l’insulinorésistance.

Néanmoins, la majorité des études évaluant à la fois les risques de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2 fournissent des associations contradictoires. Il faut donc reconnaître que l’impact des fruits et légumes sur le risque de diabète de type 2 est moindre que sur le risque cardiovasculaire. Cependant, des études d’interventions comme l’essai espagnol PREDIMED-Reus (Prevencion con Dieta Mediterranea – Prévention par le Régime Méditerranéen) suggèrent fortement que les habitudes alimentaires privilégiant les fruits et légumes et les lipides végétaux au dépens de la viande rouge sont bénéfiques non seulement pour le coeur mais peuvent également fortement réduire le risque de diabète de type 2.

Matthias B. Schulze
Département d’Épidémiologie moléculaire, Institut allemand de la nutrition humaine Potsdam-Rehbrücke, Nuthetal, ALLEMAGNE - Centre allemand de recherche sur le diabète (DZD), Munich-Neuherberg, ALLEMAGNE
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