« F&L et diabète de type 2 »

Un bon point pour les « Bons Verts » !

Si l’alimentation et le mode de vie jouent un rôle primordial pour la santé, des disparités existent entre individus. Les facteurs psychologiques, éducatifs, socio culturels et économiques, d’une part, et les facteurs génétiques ou épigénétiques (acquis in utero) d’autre part, créent de fortes inégalités entre individus vis à vis de l’alimentation et des choix alimentaires. Les fruits et légumes sont particulièrement victimes de ces facteurs du fait de freins réels et/ou perçus, comme le manque de temps, la méconnaissance des produits, l’absence de savoir-faire culinaire, l’existence de préjugés, d’aversion, ou encore de représentation symbolique négative… Les conséquences de ce constat sont sans appel.

Le fossé des populations défavorisées…

L’obésité est beaucoup plus fréquente dans les milieux défavorisés. Le baromètre santé nutrition, réalisé dans le Nord, montre que sa prévalence est 3 fois plus importante lorsque les revenus mensuels sont inférieurs à 1000 €/mois que lorsqu’ils sont supérieurs à 3050 €.

Or, la consommation de fruits et légumes est beaucoup plus faible en cas de faibles revenus : on y trouve 2 fois plus de petits consommateurs que parmi les revenus élevés. Parmi les freins retrouvés dans cette étude, les personnes invoquent le manque de temps, de connaissance, de goût pour cuisiner, ou encore le coût des aliments…

Quant à l’activité physique de loisir, elle est aussi plus faible chez les populations les moins aisées. Ainsi, un fossé se creuse entre les recommandations du PNNS (« au moins 5 fruits et légumes par jour ») et les pratiques alimentaires des catégories sociales défavorisées.

Des bons verts « fruits et légumes » destinés aux familles en difficulté

En janvier 2009, pour des raisons de santé publique, la municipalité de La Madeleine, commune du nord de la France, jouxtant Lille et sous l’impulsion de son Maire a pris l’initiative de mettre en place un système de « bons verts », en partenariat avec le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) et l’Institut Pasteur de Lille. Les Bons Verts sont des bons alimentaires « fruits et légumes », destinés aux familles en difficulté, identifiés par le CCAS.

Chaque famille reçoit mensuellement des coupons de 4 euros, répartis selon la taille du ménage (en moyenne 6 pour une famille de 5 enfants) et sa situation financière.

Ces bons permettent aux familles d’acheter exclusivement des fruits et légumes frais, dans les magasins agréés de la commune. Cette initiative de la Mairie de La Madeleine, permet aux personnes éligibles de bénéficier des bons verts en plus des chèques alimentaires déjà distribués par la mairie et du traditionnel colis de fin d’année.

Des livres de recettes simples et rapides pour les fruits et légumes frais

Afin d’encourager les bénéficiaires à cuisiner et consommer les fruits et légumes frais, la mairie remet également à chacune des 172 familles un livre intitulé « Que faire de simple aujourd’hui avec des légumes frais ? » dont le contenu nutritionnel a été validé par l’Institut Pasteur de Lille. Ce livre, pratique et illustré, présente une centaine de recettes simples et rapides. En effet, un autre obstacle avancé par les bénéficiaires est d’ordre culinaire et pratique à savoir le manque total d’idées et de compétence pour cuisiner. Cet ouvrage a été suivi d’un deuxième intitulé « Que faire de simple aujourd’hui avec des fruits frais ? ».

Enfin, la commune de La Madeleine se distingue également par l’introduction de 20% d’aliments bio dans les menus des cantines scolaires et l’application de la circulaire de l’écolier de 2001, jusque dans la composition des goûters servis aux enfants dans les garderies périscolaires.

Jean-Michel Lecerf
Service de Nutrition, Institut Pasteur de Lille, FRANCE
Retour