Deux facteurs clés : accessibilité et disponibilité

“Non seulement il faut en manger, si en plus il faut les payer !”

Faut-il encore scander longtemps que “les fruits et légumes coûtent trop cher” et s’en tenir là ? D’un côté, les économistes nous expliquent que c’est la raison pour laquelle on se nourrit plus mal quand on est pauvre que quand on est riche (et que, par conséquent, on est plus malade). De l’autre, les industriels nous disent qu’avec leurs produits, on peut bien se nourrir à un moindre coût… et qu’ainsi on se porte mieux… Les choses sont elles aussi simples ? C’est vrai que “la qualité nutritionnelle de l’alimentation est directement associée à son coût” et que le prix des aliments est une barrière infranchissable pour ceux dont le budget alimentaire est inférieur à 3,50 e.

Une aide alimentaire, pour ces populations, est évidemment nécessaire. La solution des bons d’achats pour des fruits et légumes frais (c’est-à-dire non stockables) semble être une voie prometteuse puisqu’elle a fait la preuve de son efficacité en Amérique (du Nord). D’autres études nous apprennent que, plus que de belles interventions fondées sur de grandes théories cognitives, la meilleure façon de faire consommer des fruits et des légumes aux enfants… c’est de leur en distribuer gratuitement ! C’est très bien. Mais à ramener sans cesse la question du coût au centre du débat, ne risque-t-on pas d’entretenir l’idée que les légumes et les fruits sont, après tout, un don de la nature généreuse et qu’il n’y a aucune raison de les payer pour y avoir accès…

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
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