Deux facteurs clés : accessibilité et disponibilité

Édito

Deux facteurs, la disponibilité et l’accessibilité, sont essentiels pour comprendre la consommation réduite de fruits et légumes (F&L) : absence de F&L dans les distributeurs, aucun nouveau circuit de distribution des F&L, faible disponibilité de F&L en milieu scolaire, manque de connaissances culinaires. Les deux questions les plus débattues à l’heure actuelle sont la disponibilité auprès des populations à faibles revenus et l’accessibilité à l’école.

Un rapport récent de l’OMS a conclu que les populations à faibles revenus ne mangent pas ce qu’elles souhaitent, ou ce qu’elles devraient consommer, mais ce qu’elles peuvent se permettre d’acheter(1). En particulier, les personnes dans des situations difficiles sont confrontées à des contraintes d’ordre structurel, social, organisationnel, financier ou autre, lors du choix d’une alimentation saine(2, 3).

Les études suggèrent que les populations les plus défavorisées ont tendance à manger moins bien que les populations plus favorisées ; les preuves sont discutées dans l’article de N. Darmon. En particulier, il semblerait qu’il existe une corrélation forte et directe entre le niveau socio-économique et la consommation de fruits et légumes. Les facteurs clés dans le choix d’une alimentation saine – tel que l’achat de fruits et légumes – seraient donc l’accessibilité, le coût et l’aspect pratique(4). Ceci est confirmé dans les articles de E. Bere et D. Herman, également dans cette édition.

Dans son article concernant la promotion des fruits et légumes dans les écoles norvégiennes, Bere démontre que rendre accessibles les légumes aux enfants de façon gratuite et quotidienne est nettement plus efficace que de fournir les informations aux enfants et à leurs parents.
Dans son article, Herman décrit une étude où l’on offrait aux femmes, à faibles revenus et à haut risque nutritionnel, une aide économique hebdomadaire pour l’achat de fruits et légumes dans les supermarchés et les marchés locaux. Dans la majorité des cas, les recommandations de consommation quotidienne de fruits et légumes ont été bien respectées et leur consommation de micronutriments clés et de fibres alimentaires a augmenté de manière significative.
Actuellement, comme le souligne N. Darmon, il est essentiel que les politiques nutritionnelles nationales se focalisent sur l’accès économique et physique aux fruits et légumes, en particulier auprès des personnes à faibles revenus et des enfants en milieu scolaire.

Références

  1. PAHO. Obesity and Poverty. A New Public Health Challenge. Scientific Publication No. 576. Washington DC: Pan American Health Organization; 2000.
  2. McKee M et al. The Lancet 2005;365:369-371.
  3. Kumanyika S. Prev Chronic Dis 2005;2(4):A02.
  4. Dowler, E. Public Health Nutr 2001;4(2B):701-9.
Laurent Damiens
Directeur d’Aprifel, France
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