« Le dilemme sud africain : malnutrition et obésité. quel rôle pour les fruits et légumes ? »

Nutrition, maladies et prospérité

Les pays en voie de développement sont confrontés à une dure réalité sanitaire. Les déficiences nutritionnelles, principalement sous forme de carences en micronutriments, augmentent la vulnérabilité aux maladies infectieuses et aux maladies non transmissibles (MNT) comme les maladies cardiovasculaires, le diabète et le cancer. De nombreuses régions en voie de développement souffrent actuellement du double fardeau de l’obésité et du diabète mais aussi d’autres MNT, cumulant les carences nutritionnelles et les maladies infectieuses. Ces pathologies altèrent significativement la vie de millions d’individus, se répandent dans toute la population et au final, nuisent à l’économie du pays.

Un nouveau défi : la malnutrition insoupçonnée

Les défis de santé publique auxquels doivent faire face les pays à faibles et moyens revenus, sont à la fois anciens et nouveaux. On parle beaucoup actuellement de carences nutritionnelles dans le cadre de la malnutrition insoupçonnée dont 2 milliards de personnes dans le monde environ souffriraient. Cela est très important, mais nous devons également nous focaliser sur les MNT qui seront responsables de 3 décès sur 4 en 2030 et vont peser lourdement sur des budgets de santé déjà surchargés.

La “malnutrition insoupçonnée” est définie comme une carence en micronutriments (vitamines ou minéraux) dans l’alimentation d’un individu. Il ne s’agit pas de dénutrition au sens classique du terme qui désigne une personne qui a faim ou est affamée, mais plutôt une « nutrition globalement de mauvaise qualité ». En d’autres termes, les 2 milliards de personnes qui souffrent de malnutrition insoupçonnée ingèrent assez de calories pour survivre, mais leur alimentation est carencée en vitamines et minéraux essentiels à une bonne activité mentale et physique.

Les micronutriments (vitamines et minéraux) représentent le lien essentiel entre malnutrition et MNT. Cela concerne en majorité les femmes et les enfants les plus démunis du monde – creusant encore l’écart entre les riches et les pauvres. Bien que les femmes constituent un peu plus de la moitié de la population mondiale, elles représentent 60% des personnes mal nourries. Elles sont également à l’origine de 60 à 80% de la production dans la majorité des pays en voie de développement bien qu’elles aient moins accès à la terre et au crédit que les hommes.

Les conséquences importantes de la transition nutritionnelle

Au cours des trois derniers siècles, l’alimentation et l’état nutritionnel de l’humanité ont été bouleversés. Le concept de « transition nutritionnelle » se définit comme la transformation séquentielle par palier de la composition de l’alimentation et des habitudes alimentaires, lors d’une transition démographique majeure, associée aux transformations sociales, économiques et culturelles survenant au même moment. Elle se focalise sur les modifications de structure et de composition globale de l’alimentation et leurs conséquences physiques comme les changements de la stature et de la composition corporelle, en parallèle de modifications importantes de l’état de santé. A titre d’exemple, on peut citer les modifications alimentaires survenues en Europe et en Amérique qui ont entraîné progressivement des fluctuations de la taille moyenne des hommes et des femmes.

L’obésité dépasse la malnutrition

Il est impératif non seulement de comprendre les changements en train de s’effectuer dans l’alimentation et la santé et leurs conséquences mais également de définir et d’instaurer des programmes et des changements de politiques de santé publique pour améliorer l’état de santé et l’état nutritionnel global des populations des pays en voie de développement.

Les études montrent que la prévalence du surpoids et de l’obésité dépasse depuis 2005 celle de la malnutrition dans la majorité des 37 pays en voie de développement étudiés. Ce phénomène a tendance à s’étendre et la progression de l’obésité s’accélère, non seulement parmi les adultes mais aussi chez les adolescents et même les enfants des classes moyennes émergentes. Il ne s’agit pas uniquement de l’obésité : le diabète, l’hypertension, la dyslipidémie et l’athérosclérose semblent également en augmentation. En réalité, quatre cas de décès par MNT sur cinq surviennent dans les pays à revenus faibles ou moyens. Cela reflète une transition nutritionnelle négative qui a de sérieuses implications sur le développement et les performances physiques et mentales.

Revenir aux légumes traditionnels locaux

Augmenter la consommation de fruits et légumes, surtout les légumes traditionnels locaux actuellement délaissés, est un objectif important pour améliorer à long terme l’état nutritionnel dans les pays en voie de développement. Les enquêtes de consommation montrent que, dans ces pays, les coûts d’achat et l’approvisionnement sont souvent des barrières à la consommation. Les préférences domestiques posent également un défi important vu l’accélération de l’urbanisation et du rythme de vie. Pour réussir à long terme, il est essentiel de multiplier les stratégies et les interventions à tous les niveaux.


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Klaus Kraemer
SIGHT AND LIFE (Vision et Vie)
Jane Badham
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