Alimentation et impact environnemental : climat, eau et biodiversité

Italie : proposer au consommateur des recettes plus économes en eau

Le secteur alimentaire est l’un de ceux utilisant le plus d’eau que ce soit pour la production des aliments ou leur transformation. Alors que les tensions sur cette ressource se font de plus en plus sentir, aller vers des régimes alimentaires moins « gourmands » en eau est un objectif important. Dans ce but, une équipe de recherche italienne a développé un outil informatique tenant compte des préférences alimentaires du consommateur pour lui proposer des recettes à empreinte eau réduite. Selon les auteurs, son utilisation permettrait de réduire de près de moitié l’empreinte eau des régimes alimentaires tout en améliorant la santé des consommateurs.

L’eau est une ressource critique pour la santé planétaire, essentielle à l’homme comme aux écosystèmes. Dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau et de pollution pour certaines, le bon usage de l’eau représente l’une des urgences environnementales les plus fortes (Rijsberman, 2006). Le secteur agroalimentaire est l’un de ceux dont les besoins en eau (voir encadré) sont les plus forts (Hoekstra, 2003).

Afin d’accompagner les personnes vers des habitudes alimentaires moins consommatrices d’eau, une récente étude italienne (Gallo, 2022) a proposé et évalué l’efficacité d’un système personnalisé de recommandation alimentaire.

Tenir compte des préférences individuelles pour faire évoluer les consommations

Cet outil utilise deux jeux de données issues de :

  • Planeat.eco, un site internet italien commercialisant des kits contenant les ingrédients nécessaires à la préparation d’une recette et les instructions associées ;
  • Un extrait de données issues du site web américain Food.com.

Deux scores sont utilisés pour classer ces données :

  • Les recettes sont notées de 1 à 5 selon leur empreinte en eau (1 étant l’empreinte la plus faible)
  • Les utilisateurs sont classés de A à E selon l’historique de leurs achats sur le site web

Grâce à l’analyse de l’historique de commande du consommateur, ses préférences alimentaires sont déterminées. L’outil propose ensuite au consommateur des recettes qui pourraient lui plaire mais qui utilisent des ingrédients à empreinte eau moindre que les recettes qu’il a déjà commandées.

Ainsi, l’outil développé se compose de 3 blocs :

  1. un système de classement des recettes selon leur empreinte hydrique,
  2. un système de classement des utilisateurs selon leur historique de commande,
  3. un algorithme de recommandation qui prend en compte les préférences des consommateurs afin de leur recommander les meilleures combinaisons.

Une réduction de l’empreinte eau pouvant aller jusqu’à 50%

La pertinence de l’algorithme utilisé a été évaluée en comparant ses résultats à ceux d’autres outils proposés dans la littérature en termes de ratios d’erreur quadratique moyenne (RMSE). Cette évaluation a confirmé que les recommandations de recettes sont assez proches des habitudes alimentaires de l’utilisateur et que l’algorithme est donc pertinent.

Enfin, les auteurs ont estimé l’effet potentiel de l’outil développé en termes de réduction de l’empreinte hydrique. Les évolutions de consommations associées aux recommandations de l’outil permettraient une réduction de l’empreinte hydrique d’environ 50 % avec la base de données Planeat.eco et de 52 % avec la base de données Food.com (d’environ 23k L à 10,5k L).

Au-delà des modélisations réalisées, les auteurs soulignent qu’il serait à présent intéressant de tester l’outil proposé en conditions réelles afin de s’assurer qu’il est bien accepté par le consommateur et permet effectivement des évolutions progressives d’habitudes alimentaires.

Empreinte eau et alimentation

Tout au long de leur cycle de vie (production, transport, commercialisation, utilisation etc), les produits occasionnent des usages directs et indirects d’eau. Ainsi chaque produit possède une « empreinte eau » qui lui est propre. Afin de mesurer les usages d’eau associés à la production d’un bien de consommation, la notion d’empreinte en eau a été élaborée (Hoekstra, 2009).

Ainsi, les aliments n’ont pas tous la même empreinte eau. Les fruits, les légumes et les céréales ont une empreinte hydrique minimale, alors que les aliments d’origine animale nécessitent une utilisation plus importante des ressources en eau. Selon le Water Footprint Network (WFN), la viande de bœuf a ainsi une empreinte hydrique de 15 415 l/kg, ce qui est 70 fois plus élevé que l’empreinte hydrique des légumes, car leur empreinte ne dépasse pas 250 litres par kg (figure 1).

Figure 1: Empreinte eau (en l/kg) utilisée pour la production de différentes catégories d’aliments

Des travaux de recherche ont ainsi montré qu’un régime alimentaire riche en fruits et légumes et pauvre en viande rouge permet de réduire l’empreinte eau de l’alimentation, tout en améliorant la santé des individus (Blas, 2016, Tompa, 2022).

Basée sur : Gallo et al., Food Recommendations for Reducing Water Footprint, Sustainability 2022, 14, 3833.

Méthodologie
Messages clés
  • Le système proposé intègre le comportement du consommateur et lui suggère des recettes à « impact » eau réduit
  • Cet outil aide le consommateur à réduire l’empreinte en eau de son alimentation tout en la rendant plus saine
  • Les résultats obtenus dans ce travail sont cohérents avec ceux de la littérature
Références
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